Kazan… « 3éme ville de Russie »
Kazan,
capitale des Tatares, pardon de la
République de Tatarstan, est située à
800 km à l’est de Moscou sur la route de
la soie et du transsibérien.
Kazan
qui revendique, pour des raisons
essentiellement commerciales
l’appellation (déposée, s’il vous plait)
de 3ème ville de Russie
(après Moscou et St Petersburg) fut la
10ème étape de notre périple
de la Russialoppet commencé il y a … une
quinzaine d’années.
Nous
étions une douzaine de français à
débarquer en ce mois de mars à Kazan
pour courir « Le Marathon de Kazan »,
épreuve originale de 50 km en style
libre à travers les collines qui
dominent la Volga.
La Volga
que nous avions déjà bordée le week end
précédent à Rybinsk pour courir la
Dëmino, l’épreuve russe de la
Worldloppet
(géniale, par ailleurs).
Kazan :
quel accueil ! Du russe à la mode
tatare… à la puissance cent !
Première surprise…le
samedi veille de course, tandis que nous
venions prendre nos dossards, nous
apprenons que, pour fêter le 8 mars
journée sacro-sainte en Russie de
défense des droits des femmes, était
organisé un sprint réservé aux femmes
avec obligation d’y participer en robe
(ou jupe).
Très gentiment les
organisateurs offrent à nos trois
féminines des jupes en tulle (rose et
bleu) du plus bel effet. Une boucle de
800 mètres devant un public chaleureux.
Les trois premières
sont récompensées, les plus jeunes (dans
les 4 ou 5 ans) se voient offrir des
fleurs et les trois plus élégantes (sur
acclamation du public) sont également
mises à l’honneur.
les 3 françaises avec leur tulle forunit
par l'organisateur (Isabelle Petroff,
Ginette Henriet et Madame Peschot)
Seconde surprise
… le parcours que nous découvrons ce
samedi. 5 boucles de 10 km. Ou plus
exactement 5 fois un 8 qui repasse tous
les 5 km sur la ligne d’arrivée. Vous me
suivez ?
Le
premier 5 km est assez tranquille,
serpentant dans une superbe forêt de
pins et bouleaux. Malgré le thermomètre
à moins 16° la glisse est correcte dans
les traces de classique et je me prends
à rêver de belles poussées simultanées
le lendemain. La seconde partie de la
boucle (5 km également) est d’un tout
autre acabit : on escalade (et
redescend) 8 fois une petite colline de
rien… qui devient une vraie difficulté
au fil des tours. Une piste
remarquablement bien tracée avec des
descentes qui se terminent toutes par un
léger plat avant le demi-tour et des
côtes aussi courtes que sévères. Au
final un parcours très technique et très
varié. Et avec une belle neige « fraiche »
dans tous les sens du terme.
Troisième surprise
…ils sont sacrément costauds ces
russkoffs ! Le dimanche (après un départ
à 11h00, horaire béni qui laisse tout le
temps d’arriver sans se lever à point
d’heure) nous voici sur la ligne de
départ. En seconde ligne s’il vous
plait. Nous sommes un peu plus de 400
sur le 50 km (et près de 250 sur le 30
km). Durant la première boucle (de 5+5
km) je me fais doubler, que dis-je
déposer par des centaines et des
centaines de skieurs, au style
impeccable et d’une force, d’une
agilité ! C’est beau pour la vue… dur
pour le moral. Jusqu’aux premiers qui
pousseront le luxe jusqu’à me doubler 2
fois ! Et pourtant je ne me suis pas mal
débrouillé sur cette étape de la
Russialoppet : à 20 mn de Jean-Pierre
Henriet et 10 de Régis Peschot. Normal
quoi… 3h45 sur une neige peu glissante
car très froide. Au demeurant exactement
le temps mis la semaine précédente sur
les 50 km de Rybinsk par une neige tout
aussi froide et donc rétive. Surtout
pour moi qui ignore Cera, HF et autres
paraffines de luxe
.
Dernière surprise …
notre accueil. Nous sommes très
probablement les premiers occidentaux à
skier sur ce parcours (la course
pourtant existe depuis les années 60) et
serons fêtés en conséquence. Le
Président de la Fédération Tatare de ski
nordique et quelques autres sympathiques
huiles (les Tatares sont musulmans,
râblés et un peu asiatiques, à l’image
de Gengis Khan si vous voyez ce que je
veux dire) nous reçoivent avec tous les
honneurs. Cadeaux sympathiques (couvre
chef tatare, vodka, tchac-tchac qui est
la spécialité culinaire de Kazan,
saucisson, cartes postales etc.) pour
chacun d’entre nous. Interview pour la
radio locale (euh grâce à mon russe
certes hésitant mais qui suffit bien
pour l’occasion), photos… Nous
promettons de revenir et surtout de
faire la promotion de leur belle épreuve
au retour en France.
Pour
Isabelle et moi, c’était la dixième
épreuve de notre Russialoppet : nous
voici Master de ce circuit. Après une
course à St Petersburg(Toksovo), une à
Moscou (MVTU), une à Voronej, une en
Sibérie occidentale : Ougra à
Khanty-Mansiisk, une sur le lac Baïkal,
une à Dubna (Nikolov Perevoz étrange 50
km entièrement tracé sur deux rivières
gelées), une à Krasnogorsk, une à
Mourmansk (la « fête du nord », la
Dëmino à Rybinsk et celle-ci à Kazan.
Le
circuit de la Russialoppet comprend (à
ce jour) 28 épreuves réparties sur 7
régions. Il faut en terminer 10 dans au
moins 5 régions différentes pour gagner
les galons de master. Un peu à l’image
de la Worldloppet. Si vous êtes
intéressés par ce circuit, n’hésitez pas
à me contacter. Nous ne sommes cependant
pas les premiers français Master de la
Russialoppet : Jean-Christophe Joablancq
a profité de son exil professionnel à
Moscou pour nous précéder !
Quant à Kazan
… à défaut d’être réellement la « 3ème
ville de Russie » (c’est probablement
Nijni-Novgorod), elle vaut bien quelques
jours de tourisme.
Ville
étrange : un Kremlin magnifique avec des
palais, une mosquée et une cathédrale
orthodoxes qui méritent assurément le
déplacement.
Des
mosquées nous en trouverons dans tous
les quartiers (je le répète c’est une
république musulmane mais au
communautarisme discret. Pas de femmes
voilées, toutes avec foulard… même les
orthodoxes (1/3 de la population)… vues
les températures du moment !
Une
ville millénaire (fondée en 1006)
russifiée sous Ivan IV (dit le
Terrible), plutôt riche grâce à ses
ressources pétrolières et ses industries
aéronautiques. Refaite à neuf pour le
millénaire. Tout est clinquant : un peu
trop à mon gout. Une belle rue piétonne,
charmant piège à touristes. Quelques
musées et de forts sympathiques
restaurants… que la faible valeur du
rouble rend parfaitement accessible à
toutes les bourses françaises.
Pour
l’anecdote, chez Leroy-Merlin de Kazan,
je me suis offert de belles bottines en
feutre … pour 8 € TTC !
Des
monastères magnifiques (notamment dans
une île proche, sur la Volga
majestueuse).
Nous
avions choisi d’arriver à Kazan en train
de nuit (depuis Moscou) : une belle
façon de pénétrer tranquillement un
autre univers et en sommes repartis en
avion (1 heure de vol pour Moscou).
Je
dirai, en guise de conclusion, que
décidément, pour moi, le ski de fond est
prétexte à découverte, à voyage, à
échanges : ce séjour à Kazan l’a
parfaitement illustré.
Boris
Petroff
|