Boris Petroff est le 1er vétéran français de la Vasaloppet (30 Vasa
minimum) et a couru pour la 1ere fois cette année avec le dossard jaune
de vétéran, il nous raconte sa 31ème qui fut aussi une des plus dures vu
les conditions ( neige à zéro, chutes de neige qui rend le doublage hors
trace trop énergivore ...)
Une
Vasa riche en …Hurbanité !
Première Vasaloppet courue en vétéran !
Belle surprise : l’inscription m’est
offerte ? Enfin seulement cette 31ème année. Les années
suivantes faudra soit payer, soit partir en Oppet du lundi, à vie
gratuite…
A vie ?
Mais combien de Vasa serai-je encore capable
de courir ? Je ne me fixe qu’un objectif : y aller tant que je reste
capable de skier. Et nécessairement sur 90 bornes.
Et tout de même un second objectif
(intermédiaire ?) : être présent en 2022 pour le 100ème
anniversaire !
Et aussi pour la 30ème de Jean
Philippe, qui hélas a renoncé cette année à son Oppet du lundi.
Doublement hélas, car elle fut courue par de merveilleuses conditions de
température et de neige. N’est-ce pas l’ami Jean Quillot qui boucle sa
première Vasa en 7h20 (à 75ans passés…) ou Joël Janin en 7h13. Et que
dire du chrono de Max Cuinet : 5h12. Ce qui ne l’empêcha pas de repartir
le jeudi avec Daniel Clerc (trop malade lundi pour partir) pour une
Vasa en duo sans dossards.
Première Vasa courue en vétéran, donc, avec
un dossard orange (mal assorti parait-il à ma combinaison historique et
ancestrale) et un N° en 30000. Et une cinquième ligne bien confortable…
Mais avant d’évoquer cette 31ème
année de Vasa, petit retour en arrière.
Le 16 mai 2018, Xavier Hurbin me contacte :
Hello Boris, .Christophe vient d’avoir 50
ans et à cette occasion il a très envie de faire la Vasa en famille
(dom, moi et pap + éventuellement 1 ou 2 amis). Penses-tu possible de
trouver des places pour cette année ?
Si c’est trop tard, comment faire pour ne
pas se louper l’an prochain ? Merci de tes conseils. Amitiés, Xavier
Bien sûr que c’est trop tard ! Les 15 000
dossards ont été attribués dès le dimanche 18 mars à 9h07 ! Heureusement
il y a Johanna Larsson, directrice de l’épreuve… qui aussitôt me
débloque 4 dossards.
Et voici la famille Hurbin prête pour fêter
les 50 ans de Christophe, les 50 ans de son copain Alex (Gilbert), mes
70 ans mais surtout les 80 ans de Christian, skis aux pieds entre Sälen
et Mora !!!
Pour être plus précis, une Vasa en relais le
vendredi (la fameuse Staffetvasan) avec (dans l’ordre) Christophe (de
Sälen à Mangsbordanna), moi (jusqu’à Evertsberg), Dominique (jusqu’à
Oxberg), Xavier (jusqu’à Hökberg) et Christian sur les 19 derniers
kilomètres.
Et LA Vasa pour tous le surlendemain (sauf
Christian).
C’est ma deuxième Staffet’. Et toujours la
même magie de partager à 5 potes cette belle épreuve. Nous avons une
neige rapide, des traces parfaites et un beau soleil ! Que rêver de
mieux ?!,
Nous profitons de l’organisation hors pair
de la Vasa pour ce relais : Christophe prend un bus (… à 6h30) qui le
dépose à Sälen (et retrouvera son sac vestiaire à Mangsbordanna). Je le
suis 1 heure trente plus tard dans un bus qui me mène à Mangsbordanna.
Sac vestiaire à Evertsberg.
Les trois autres prennent (plus tard) l’auto
jusqu’au parking de Oxberg. Une navette conduit Dom’ à Evertsberg, une
autre Xav’ à Oxberg et une 3ème Christian à Hökberg…
Et d’autres navettes nous ramènent tous
(sauf Christian évidemment) au parking d’Oxberg où il ne nous reste plus
qu’à retrouver Christian à Mora.
Tout le monde s’est donné à fond ! 2 h pour
Tof et ses 24 km, 1h30 pour moi (les 23.5 km animés entre Mangsbordanna
et Evertsberg), 50 mn pour les 15 kil de Dom, une demie heure pour les 9
de Xav et 1h50 pour les 19 de Christian ! Chrono final : 6h48’15’’.
Il fallait vivre la joie immense de
Christian passant à nouveau cette mythique ligne d’arrivée de la Vasa,
après bien des années de tracas de santé.
« C’est merveilleux ! Repasser cette ligne :
Et puis le bonheur d’être en course, de se donner à fond, de vivre à
nouveau une compétition. Et quelle compétition ! »
Bravo Christian : une sacrée courageuse
façon de fêter (en famille qui plus est) tes tout proches 80 ans !!!
Et merci à Alex qui, sans dossard, t’a
accompagné ces 19 km durant…
Le samedi passe vite : quelques courses,
quelques souvenirs à acheter, ma première réunion au VeteranKlub de la
Vasa : tout en suédois., les skis à préparer…
Et pour Christian et moi la bise à Inga Lill,
maintenant en Ephad , mais heureuse et en pleine forme.
Qui parle toujours un anglais fluide et pratique le Face
book comme une jeunette, écrivant sur son site, le soir même : «
En 1988 j’ai loué une chambre à Boris de France qui venait courir la
Vasa. Puis il est venu chez nous tous les ans avec sa femme et des amis.
Jusqu’à ce que mon caillot s’arrête. Il continue de me venir me voir
chaque année, pour chaque Vasa . Boris est le premier français à devenir
Vétéran. Aujourd’hui il a amené Christian avec lui. Des gens incroyables
… »
Quel bonheur de te retrouver en forme, toi
aussi, Inga Lill avec tes 80 ans passés et bien des soucis de santé. Tu
fais partie de ma « Vie de Vasa » Inga Lill…

petite déception le dossard jaune ...est plutôt orange !
Mais il est temps de parler de LA VASA
2019 !
Je reviens de Russie où j’ai couru deux
belles courses de 50 km avec des chronos, pour moi rassurants : 3h46 en
classique à Moscou et 3h34 en skate à Petrozavodsk.
Mais j’ai mal dormi (train couchettes de
Petrozavodsk à Petersburg, passage éclair par Varsovie entre Petersburg
et Stockholm) et me sens las. Très las…
Et la météo annoncé est pourrie : jusqu’au
vendredi soir, il nous est indiqué de la pluie toute la journée. Coupée
de neige à zéro. Bref l’horreur.
Heureusement une légère évolution de
quelques degrés plus froids nous redonne un peu le moral : il devrait
neiger par moins 2° à partir de 2 heures du mat’ et toute la journée du
dimanche. Mieux vaut la neige que la pluie.
Pas de tube mais de la poussette (VR 45 en 5
à 6 couches) .
Nous sommes correctement hébergés mais à 3
ou 4 km du centre ville. Couchés de bonne heure.
Réveillé à 23h30, je dors peu jusqu’au
réveil à 3h00.
Et re-commence la routine : mes pâtes, la
vérification que je n’oublie rien (puce, dossard, chaussures, gants et
bonnet…) et l’impatince d’être 5 heures plus tard.
A 4h nous sommes dans le bus.
A 6h20 sur la ligne de départ.
A 8h00 c’est parti.
Je me défonce (tout est relatif) sur les
premiers kil, me faufilant à droite, à gauche, partout où cela me semble
plus rapide (moins lent) pour arriver à Smägan pas trop mal placé.
1h01 : cela me va.
Mais bien vite le vent de face, fort
(jusqu’à 30 km/h), la neige qui ne cesse de tomber, les traces qui
disparaissent rapidement, la neige humide qui s’avère très peu glissante
rendent la progression difficile. Encore une heure pour atteindre
Mangsbordanna. Et difficile de doubler : il n’y a qu’une trace sur deux
de praticable et nous sommes en peloton serré (seul avantage une
relative protection contre le vent).
Cela ne sera pas de la tarte et je crains ne
pas réaliser mon objectif de7 heures…
Un champ de poudreuse qui brasse sur près de
10 cm à chaque côte, des traces en zig zag pour chaque descente, et une
énergie trop forte à dépenser pour doubler hors traces…
Bon, pour le moment les bras (et le moral)
tiennent. Et je reste entouré de dossards en 5000. Bon signe.
A Risberg les premiers 4000 sont rattrapés !
Belle surprise. Je m’accroche. De temps à autres, les spectateurs
encouragent le « Vétran’ » que je suis…
Les étapes défilent les unes après les
autres : je sais que je ferai un mauvais chrono (un peu moins de 8
heures !!!) mais probablement un assez bon classement. Comme toujours je
me focalise sur les kilomètres restant jusqu’au ravitaillement suivant.
12 …10 … 7 …4 … 2 (c’est rien)…et 0. Un petit pain, un bouillon et une
boisson énergétique et c’est reparti.
A Hökberg je vois même quelques 3000. Cela
me donne le coup de fouet nécessaire pour continuer à attaquer.
7h41’48’’. C’est déjà fini ? Tiens, les
p’tits jeunots m’ont pas rattrapés. Ils étaient en 8ème
ligne, toujours grâce à Johanna.
Christian est là qui m’annonce
« les gamins toujours en piste, à une bonne heure derrière… »
Il neige encore et toujours mais je m’en
moque !
Ranger les skis, monter dans le bus,
récupérer le sac..
Oh mais c’est qu’il y en a encore beaucoup
beaucoup dans le champ, des sacs ! Génial…
Pas de douche mais des chaussures chaudes
une grosse veste et un repas plutôt sympa avec bière.
Je récupère mon téléphone et par Gérard Hiriart apprend
mon classement : « Ah ces vétérans russes, ils
ont la couenne dure ! Remonter durant tout le parcours de 3832 à
3375 :faut le faire … »
3375ème ?!? C’est MON MEILLEUR
RESULTAT DEPUIS TOUJOURS ; A bientôt 70 ans… Quelle récompense !
Et tous les amis qui me félicitent. Et Isa
bien sûr.
De retour à Paris je verrai que je suis 9ème
de ma classe d’âge sur 178 et 33ème Vétéran sur 225.
C’est bête, mais je me sens heureux !!!
Il y a beaucoup d’abandons et de skieurs
arrêtés hors délais : dans les 3000 ! Ce fut une édition bien
difficile…
Xavier termine en 9h13, Dominique en 9h53,
Alex en 10h09 et Christophe en 10h31.
Il y avait aussi Alphonse Teixedo (10h39),
Pierre Poux (9h56), Jérôme Poux (9h14), Jean-Luc Grand-Mottet (7h36 : à
peine 5 mn devant moi, lui que j’ai connu courant les 100 bornes à pieds
en 7h et quelques…), Christophe Poux (le neveu) en 7h01 (il loupe de 4
mn la médaille ! Car les premiers aussi ont souffert : 4h39’) …
Et, cerise sur gâteau, le lendemain, au
retour dans l’avion d’Air France, le personnel navigant ayant appris mon
arrivée à la Vasa, m’offre champagne, diplôme et cadeau ! Du jamais vu
en 31 ans de Vasa. Cela me va droit au cœur…
Boris Petroff
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