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Vasaloppet 2020 :
A 12 heures du paradis..et 2° de l'enfer

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Ecrit le 5 mars 2020 par Bori Petroff

 
 

A 12 heures du paradis et 2° de l’enfer…
 

Lundi 24 février

Je file sur Mora. Seul : j’ai laissé Isabelle  -et les copains- à l’AJ de Rättvick.

Je file sur Mora. J’ai rdv. Sur la ligne d’arrivée de l’Oppetspar du lundi. Tout au bout du long serpent de neige tout mince qui s’étire de Sälen à Mora. Semble-t-il.

Mora : tout est vert. Tout juste englacé par endroits. Pas de neige sur les prés, dans les bois, sur les toits. Mais une vraie piste, robuste, parfaitement enneigée et qui enchante les skieurs qui n’ont jamais douté.

J’ai rendez-vous.

 

Un sacré rdv : avec mon frère de Vasa, JeanPhi, JPB, le Beaucher qui revient pour sa 27ème année, après 3 années terribles d’interruption, de doute.

Il s’y est remis. Et est venu, pour l’occasion et l’avenir de notre terre, en train de Grenoble à Mora. Je lui ai dit que je serai là pour l’accueillir : sa 27ème victoire, la plus méritante. Je lui ai promis ma venue pour qu’il n’ait pas, à la dernière minute, comme l’envie de renoncer.

Mora : je découvre une piste fabuleuse, face à l’église, parfaitement tracée, juste gelée : plus belle que jamais.

Il sera là à 17h45 : « in fourty minuts » m’affirme un préposé au temps.

A la demie, je me pointe sur la piste. A 17h43 je le vois qui passe devant Zorn. En alternatif, tranquille mais décidé. Je le vois. Il me voit : un instant magique, tendre et émouvant.

Il a réussi. …Et je suis à l’heure !

« Davaï Jean-Philippe, Davaï ! »

On s’embrasse : il sait que je sais ce qu’il vient d’accomplir, ce qu’il ressent, ce qu’il est.

Je suis heureux : il irradie.

Et je le laisse tranquillement achever les quelques mètres qu’il lui reste à skier … pour devoir revenir encore, et encore et encore jusqu’au Graal…

 

Mardi 25 février

Les skis sont prêts : ceux d’Isa bichonnés, glydérisés, choyés. Les miens, moi qui vais l’accompagner sur cette demie Vasa, sont tout juste fartés à la va-vite : l’essentiel est ailleurs. Partager avec la femme de ma vie, mon amour permanent un long bout de Vasa, cet amour éternel.

Patatras !

Isa est malade, perdue en l’envie de dégueuller et celle de se répandre aux chiottes ! Quelque chose qu’elle n’a pas digérée et qui l’a empêchée de dormir. Je tente mollement de la rassurer, de la décider mais le mal est trop profond. Et l’enjeu bien dérisoire.

Elle nous attendra à l’AJ de Rättvik : je file, sans elle, sur Mora et rejoins en car le départ de cette Vasa 45 donné à Evertsberg (et non Oxberg) faute de neige : c’est toujours 8 km de moins à enneiger artificiellement.

Olivier Traullé, avec ses skis de double poussée passés à la Cera, Claire Moisy, Annie Ponsonnet, Dominique Thierry, Gérard Hiriard, Patrick Jamroz sont également de la partie. Et moi sur mes Fischer d’accompagnateur…

Neige glacée, traces parfaites : qu’importent farts et glyder : tout passe. Heureusement : moi qui devais promener, je me prends à foncer, à jouir de l’ivresse des km qui s‘échappent et filent comme jamais.

La descente d’Evertsberg, un régal réconfortant qui d’habitude redonne sur plus de 4 km, l’envie de repartir à l’assaut des difficultés à venir, devient un terrible gymkhana entre les skieurs malhabiles. D’habitude la sélection est faite lorsqu’on arrive là, au 47ème km de la course et le niveau est homogène.

Ce matin les novices angoissés côtoient dans cette descente les skieurs plus émérites. Et les chutes se succèdent ! Tant bien que mal, levant un ski ici, basculant d’une trace à l’autre là, je reste debout. Vif et en alerte.

Les 5 premiers km sont avalés en 13 mn ! Du jamais vu. 23km/h : incroyable.

Mais vrai : la piste est tellement rapide. Les petites côtes passent simplement sur la lancée et en double poussée. Je m’accroche aux skieurs … qui s’en donnent à corps joie. 45’ pour Oxberg (18.7 km/h de moyenne), puis 33mn pour Höckberg, autant pour Eldris, 30’ pour Mora. 2 heures 23 mn et 22 secondes au total, pour les 43 derniers km de la Vasa ! Cela équivaudrait à un chrono de 5h/5h15 sur la Vasa toute entière. Impensable !

Olivier finit en 2h04, Claire 2h48, Gérard 3h03, Dominique 3h16 et Patrick 3h21.

Pour ma part, je suis second de ma catégorie d’âge (sur 135)… Et c’est usé, mais sacrément fiérot, que je retrouve une Isa reposée mais encore chancelante : je lui dédie cette sortie aussi magique qu’imprévue.

 

Mercredi 26 février

Après avoir laissé Isa à la gare de Rättvik (à 6h30…) , je rejoins les amis pour une virée à Grönklit : c’est à une vingtaine de km à peine de Mora mais en hauteur : à plus de 500 m de dénivelé. La neige y est présente, belle et abondante. Toutes les pistes sont tracées. Pourtant je ne prends pas plaisir à skier : le dos en compote, mal remis de mes excès de vitesse de la veille. Et ma molaire, cassée en course au Canada, se rappelle à moi.

De plus en plus.

J’ai mal. Et ne pense plus qu’à cela. Le soir. Puis la nuit :  malgré 2 aspirines et 1 Dafalgan, je n’arrive absolument pas à dormir. Je repose, certes, mais surtout … je cogite. Faire l’impasse sur la staffet, possible mais la Vasa, la VASA ?!??

 

 

Jeudi 27 février

J’ai mal. Vanné. La tête retournée. Incapable de bouger.

Incapable du moindre effort : mal parti pour le relais du lendemain et que dire de la Vasa ! Catastrophe.

Moi qui me voyais déjà battre mes records historiques pour la Vasa de dimanche : passer sous les 6 heures (comme Daniel Clerc lors de l’oppetspar de lundi), je doute de pouvoir la terminer ! Mais sûr : au départ je serai. A n’importe quel prix.

Moral en berne.

Camilla, la secrétaire de l’AJ, se débrouille pour me trouver un rendez-vous d’urgence chez son dentiste à Rättvik. A 15h30. Je me repose (encore) en attendant. Et reprends un Dafalgan qui commence à faire effet.

Une demi-heure d’intervention chez le dentiste : radio, 3 racines détectées comme enflammées, traitement, roulette, plombage provisoire mais pas d’antibiotique ou traitement autre.

C’est convaincu d’être guéri mais tout aussi fatigué … que je regagne mon lit. Demain sera un autre jour ! Mais un jour qui vient vite : le départ de notre relais (la Staffet comme ils disent en Suède) est à 7 heures. A Sälen : il faudra se lever à 3h00…

 

Vendredi 28 février

3h15. Debout ! Petit déj. J’ai (plutôt bien) bien dormi. Ouf. Et ne ressens presque plus ma saleté de dent colmatée. Merci Jan.

Pour notre équipe « 5ème Compagnie », c’est Olivier qui prend le premier relais. On l’accompagne sur la ligne de départ avec Gérard. Puis ce sera mon tour (à Mangsbodarna), puis Gérard, Patrick et en final le jeune Pierre (jeune : … il est né l’année de ma première Vasa, en 1988 !!!).

Moins neuf degrés prévus, mais -15° au thermomètre… La neige est quasiment la même que mardi, peut-être un peu plus froide, un peu plus poudreuse ?

Temps canon d’Olivier : 1 h 17 pour les 23 premiers km malgré les 250 m de dénivelé du départ. Je garde le rythme en 1h 22 pour les 24 suivants avec un dénivelé quasi identique (285 m au total). Gérard assure bien : 54’ pour joindre Evertsberg à Oxberg. Patrick se défonce « pour l’équipe » et boucle son parcours en 36’ (15 km/h de moyenne). Ne reste plus qu’à Pierre de confirmer et même souligner notre exploit : 1h00 pour les 19 derniers km. Au total, en 5h11’ nous sommes 118ème sur 1650 équipes !!!! Incroyable. Mais vrai…

Merci à mon dentiste de la veille. D’ailleurs Claire et Olivier me demandent, sourire au coin des lèvres, de quelle mixture (russe sans doute) le dentiste m’a insensibilisé la veille … ?

 

 

Samedi 29 février

Rien. Repos. Juste un coucou à Ingalill et Hans mes hôtes de toujours. Et la préparation de mes skis : HF 8 et … poussettes verte et bleue. Car il va neiger cette nuit ! Etrange météo qui joue (au plus mauvais moment) au yoyo.

 

Dimanche 1er mars.

Nous y voilà. Pour ma 32ème année consécutive. Avec le dossard (orange) 30027.

Lever à .. 2h15 ! Dans l’auto à 3h10 et dans le bus à 4h00.

Plus une tache de verte : tout est blanc : les routes, les arbres, les prés… Paysage magnifique… on se croirait même en hiver !

6h15 à Sälen.

6H30 dans le grand hall de Stadium. Tout le monde est là. On se tient chaud.

Je retrouve ma 5ème ligne, maintenant acquise à vie quels que soient mes chronos. Dommage, j’ai loupé de 2 mn la 4ème ligne à la demie Vasa. Comme Olivier qui est passé à deux doigts de la seconde ligne.

Il neige : une neige douce et fine mais persistante.

-3 °.

J’ai la sensation d’une bonne glisse et d’une retenue… perfectible. Comme toujours, sur les 3 premiers kil, je recherche sur l’extérieur le délicat passage qui permet de grapiller, par dizaines, des places. Il sera toujours temps de souffler après.

Surprise, mauvaise surprise, lorsque la pente s’adoucit… il n’y a plus que 3 traces. Le reste est sous la neige. Bouchons. Au moins jusqu’à Mangsbordanna, impossible de skier vraiment à son rythme. Tant mieux, c’est autant d’énergie de conservé.

Un peloton compact, à 3 et parfois mêmes seulement deux de front. Jusqu’à l’infini ! Du jamais vu en 32 ans de Vasa !

Le fart ne retient rien du tout et, conséquence automatique, les traces s’estompent et disparaissent totalement dès le 25ème km !

Mangsbodarna : la neige semble plus froide et surtout reste en poudre non glacée dans les premières descentes : résultat… je perds tout en glisse et vois, consterné, les skieurs en dossard 4 et 5 00 que j’avais rattrapés dans la côte me passer les doigts dans le nez !

Horreur ! je perds 400 places en 5 km.

Moral en berne.

J’en profite pour m’arrêter totalement et prendre quelques photos : ce sera toujours cela de pris.

Risberg. Je gratte mes skis et la glisse semble revenir. Sans doute parce que la neige, à nouveau, est glacée. Le moral aussi semble revenir.

Petits pains, bouillonn’, « folskrik » : je repars et tâche de récupérer mes skieurs en 4000.

Je m’accroche.

Plus aucune trace mais une sorte de chenal de poudreuse bousculée, parsemé de bourrelets de glace…

Aucune retenue mais surtout aucune tenue : le poids du corps bascule de droite à gauche de façon imprévue. Et parfois devant cela chute, sans réelle raison. Heureusement je suis dans un groupe de niveau correct et tout se passe bien.

Les petites remontées sur Oxberg sont éprouvantes et j’essaie de les passer au maximum en double poussée, ne me résignant au canard qu’au dernier moment. Pas vraiment de plaisir.

Et c’est un sentiment visiblement partagé : aucun sourire, nul échange entre nous : ce n’est pas l’euphorie des années faciles. On s’applique et peut-être même qu’on se maudit d’être là ?

Et très peu de spectateurs (en dehors des ravitaillements).

Oxberg : 1 kilomètre de paradis après le passage (en sens inverse) d’une mini chenillette qui nous offre des traces de rêve : on gagne, tout de suite et sans le moindre effort, 5 à 10 km/h sur des traces bien formées et glacées…

Hélas cela ne dure pas : d’Oxberg à Höckberg c’est un charnier innommable et chaque petite côte est un calvaire. Heureusement j’ai gardé des bras et de la technique et je regagne encore une bonne centaine de places sur ces 9 km.

Höckberg, Eldris, Mora : je retrouve des semblants de traces, certes hachées et zigzagantes mais somme toute assez rapides et presque reposantes. Et c’est à 13 puis 14 km/h que je finis cette Vasa.

7h31 : temps moyen mais place plus qu’honorable : 3262ème. A 10 places près… c’est mon classement à Smagan (3272) !

 

120 places de mieux que l’an passé et mon meilleur résultat historique. Yahouuuuuuuuuuuu !!

Ce qui fait dire à jean Pierre Henriet (qui ne me prend guère que 17 mn) que « plus c’est dur et mieux cela te va ».

Pierre Provin (le gamin de 1988 et qui skie très bien) ne rattrape pas son handicap d’une ligne (il est parti en 6ème ligne) et finit plus d’une demi-heure après moi, en 8h04.

Bon, en 6h17, Olivier nous met tous d’accord.

Claire, déçue par son fartage ( très bonne retenue mais pas de glisse) peste contre ses 9h13.

Annie, comme toujours courageuse et au mental d’enfer, termine en 11h24.

Sébastien Pontonnier, malheureusement en skis peluche (pourtant chèrement préparés) termine sa première Vasa (et longue course de skis) en 11h06.

Patrick Jamroz, radieux (« j’ai passé une journée merveilleuse, que du bonheur ») passe la ligne d’arrivée avec une frontale passée en chemin par l’organisation, en 12h15.

 

Il y avait aussi des chapellands rapides comme Marion Blondeau (6h41), Baptiste Blondeau (5h06), Christophe Cordier (6h16) ou Florian Greusard (5h55) et même un ancien champion de France, Dominique Locatelli (6h25) que j’avais interviewé pour Ski de Fond magazine en 1982…

Gérard, bousculé dès le 12ème km par un skieur malhabile tombe et se blesse : il devra abandonner à Mangsbodarna ! Triste saison pour lui…

 

Oui, à 12 heures près, c’était le paradis : une course rapide, sous un beau soleil et une neige gelée avec des traces parfaites … et l’espoir de passer nettement sous les 6 heures. Pour référence, mes 2h23 pour relier Evertsberg à Mora mardi (contre 3h29 le dimanche).

Mais à 2 degrés près, c’était l’enfer d’une neige à zéro passant bien vite à la pluie qui nous eut trempés jusqu’aux os…

 

 

Finalement ce ne fut pas si dur que cela… Et même si parfois j’ai pesté et juré qu’on ne m’y reprendrait plus, bien sûr je rêve déjà de ma 33ème année de Vasa.

Et de l’anniversaire des 100 ans, en mars 2022, avec Jean Philippe mais aussi Jean Gadiolet.

Puis ce sera la 100ème en 2024…

Et la 40ème année (pour moi) en 2028 : on peut toujours y croire….

 

(Et en conclusion de cette édition un très grand bravo aux organisateurs de la Vasa et aux innombrables bénévoles qui ont réussi l’exploit fabuleux de construire sur 90 km de long, 6 à 8 mètres de large et sur 40 cm de profondeur une trace impeccable).

 

 

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