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Marcialonga 2021 : Veni, Vidi, Vinci !
 

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Ecrit le 5 février 2021 par Boris Petrof

   
 

Je n’avais pas prévu de refaire la Marcialonga cette année...
plutôt d’accord avec Hervé Courtine : un peu trop commercial, voire industriel et anti-écolo. Et puis j’en avais déjà 10 au compteur.

Puis début mars (2020) les copains de la Vasa , Gérard Hiriart en tête, me signalent que c’est le 50ème anniversaire.

Ca ne se loupe pas.

Alors je m’inscris et découvre avec bonheur que nous serons une dizaine de potes à nous y retrouver, tous logés hôtel Monza : Gérard, Pierre, Olivier, Brunilde, Fred, Patrick, Maria, Claire et Isabelle et moi… La fête…

Et comme je n’aime pas faire les choses à moitié, je m’inscris à la Lavazzeloppet du jeudi et à la Marcia Story du samedi : quand on aime, on ne compte pas…

Et puis nous tombe dessus 10 jours plus tard une drôle de maladie venue du bout du monde.

Nous sommes « confinés » pour 2 semaines : je ne sais pas exactement ce que cela signifie et consulte mon dico :

« Le confinement, c’est quand on enferme quelqu’un pour le protéger, ou protéger les autres. »

Bref, c’est la tôle. Mais pourquoi m’enfermer quand je n’y suis pour rien ?!? Et me protéger de qui ?!? Et à quels autres pourrais-je en vouloir au point de m’enfermer !!!

Bon, je m’en moque un peu : 15 jours cela passe vite et ma saison de ski (11 épreuves malgré le manque de neige fatal à la TJ comme à la Finlandia) est terminée.

Et puis ce confinement est prolongé : un mois, deux mois…

Les trails et courses à pied ou en VTT du printemps 2020 s’annulent les unes après les autres !

On a eu chaud pour le ski : je me demande tout de même pourquoi la Birkebeiner ou l’Engadine ont été annulées, alors qu’il y avait de la neige. Ce n’est tout de même pas en courant en extérieur qu’on peut attraper (ou donner) ce covid-machin. Bizarres ces suisses et norvégiens. Bon je n’avais pas prévu d’en être, alors…

Bref il est temps de préparer la saison 2021 : d’ici là, c’est sûr, ce truc sera oublié.

A mon programme prévisionnel : la Sgambeda, les Belles Combes,  Dolo, Marcia, TJ, Finlandia, Vasa (ma 33ème année consécutive), Transvercors et 2 courses russes. Si je garde la forme et que la neige résiste au réchauffement climatique.

Et puis ce covid change de genre et passe au féminin, tue ciné, théâtres, restaus et cafés (et parait-il quelques vieux en fin de vie) et installe un climat de peur absolue et irréfléchie à laquelle nul ne semble échapper.

Pendant les 2 mois de confinement, j’ai sorti mes skis roues et pour la première fois de ma vie j’ai couru (tout seul et à Paris) des centaines de km en skis d’été…

Alors je compte bien m’éclater en classique l’hiver prochain : Belles Combes, Marcialonga, Transjurassienne, Dolomitenlauf, Vasaloppet … : tous m’assurent qu’ils feront le maximum pour organiser leur épreuve dans le plus strict respect des règles sanitaires covidiennes.

Et qu’ils rembourseront  (en tout ou partie) les frais d’inscription s’ils devaient malheureusement renoncer.

Moi, ça me plait et, pour dire à tous ces organisateurs mon soutien devant leur persévérance malgré la peur ambiante qui ne fait que croître cet été, je multiplie les inscriptions. Même que je fus le premier inscrit aux Belles Combes !

Les mois passent et j’attrape le (la ?) covid : deux semaines à peine plus fatigué qu’à l’ordinaire, sans autre traitement qu’un peu de paracétamol.

Puis la Sgambeda est annulée ! Merde…. Les C…

 Mais pas de soucis pour les autres courses : le 7 octobre, la Marcialonga , pour ne citer qu’elle, affirme :
« No doubts for Marcialonga 2021 :
The mountain peaks in the valley of Fiemme and Fassa are already painted in white and the mind flies to the next winter season and to Marcialonga 2021...
Yes, we want to reassure you: the 48th Marcialonga di Fiemme e Fassa on 31 January 2021 will take place. »

Pareil pour la Dolo. La Transju itou....Seulement les Belles Combes qui décalent d’un mois sa course…

La Vasa s’organise très tôt et répartit les skieurs inscrits sur une dizaine de jours différents et en vagues décalées dans le temps. Pour ma part, je reste programmé le lundi 1er mars, mais un peu plus tôt (7h20).

Le temps passe et le covid ou plus précisément nos gouvernements occidentaux ratatinent de plus en plus le populo qui n’a plus le droit de rien faire et surtout de penser par lui-même !!!

(Pour info les russes ne confinent pas, et TOUTES les courses se déroulent comme d’hab’. Ils ont pourtant moins de cas et de morts que nous !!!).

Cela m’énerve mais qu’y puis-je ? Je porte le masque en public et évite de me faire gauler pendant le second confinement que j’ai en partie passé à Chapelle des Bois par une neige de décembre fa-bu-leuse !

La Marcia propose sous certaines conditions de reporter à 2022 l’inscription des personnes qui doutent pouvoir participer à leur épreuve.

Ça ne me concerne pas et tant pis si je perds quelques dizaines d’€ : ce n’est vraiment pas l’essentiel.

Et elle prévient de règles particulières cette année : il faudra porter le masque sur la ligne de départ (super : les Masters m’en ont fourni un superbe) , on ne traversera pas Predazzo (tant mieux : c’est toujours une neige rapportée minable), le public ne sera pas présent (euh… je vois mal comment empêcher les ritals d’encourager leurs amis et familles ?!?) et pas de repas partagé à l’arrivée mais un panier individuel. Bon : on fera avec…

 

Puis petit à petit les amis se récusent :

« Les chances de s’amuser à Moena étant très faibles, et d’y arriver encore plus proche de zéro, je me range, j’abandonne l’idée de voyager » m’écrit l’un le 31 décembre.

« Vues les interdictions de circuler en Italie, l’impossibilité de passer d’une région à l’autre, bien obligé d’annuler la Marcia » m’explique un autre.

« Et puis c’est maintenant qu’il faut se décider pour annuler sans frais l’hôtel» précise un troisième

« Faire les courses sans ambiance, ne pas pouvoir boire un coup au café, risquer d’attraper le covid…. Euh désolé : pas pour moi » résume parfaitement un autre.

Bref, chacun se retire et l’annonce de la Marcia demandant aux inscrits de se décider au plus tôt pour son report d’inscription sur l’année prochaine est le coup de glas.

Ne restent plus que deux inscrits : Isabelle et moi…

Etrange retournement de l’Histoire.

Mais moi j’ai 72 ans bientôt et je ne remets JAMAIS à l’année suivante ce qui reste encore peut-être jouable de faire cette année. 

En guise d’entraînement nous participons à la Foulée Blanche virtuelle : enfin réelle mais en off. Magnifique, n’est-ce pas Claire, Gilles, Romain et quelques autres. Belle initiative des gens d’Autrans. Et belle neige. Car c’est bien le pire : l’année où presque toutes les courses sont annulées est une année blanche, à skier merveilleusement en poussette sous des arbres qui fléchissent sous le poids de la neige (et hélas qui craquent aussi quelque fois !).

Lors d’une de ces Foulées blanches, j’explique à Gilles Perrin mes raisons de ne pas renoncer « jusqu’à la dernière limite » à cette Marcia 2020. Il m’écoute, m’entend sans rien commenter de plus. 

La date fatidique du 31janvier approchant (et la Lavazzeloppet s’annule) la Marcia nous donne de plus en plus fréquemment des infos ultimes :

-          « Course maintenue… Ce sera une Marcia particulière mais pas différente …Quand on veut, on peut… »

-          « Nous avons négocié avec le Ministère (et les Régions italiennes) pour les concurrents inscrits à la Marcialonga puissent traverser le pays : la Marcialonga est reconnue par le CONI comme une manifestation d’intérêt national »

-          « Trouvez ci joint une auto-déclaration à remplir et remettre, le cas échéant, aux autorités de police ainsi qu’un Communiqué à compléter et passer aux autorités sanitaires du Trentino… ».

 Bref, on y croit de plus en plus et on remplit documents sur documents : en outre, pour plus de sécurité, nous nous passons, Isabelle et moi, le mercredi soir précédent notre venue en Italie un test (qui heureusement est négatif) ainsi qu’une prise de sang qui prouve que nous avons des anticorps (grâce à notre Covid de novembre dernier).

Bref nous avons plus lourd de papiers divers que de fart ! Un peu comme ces pauvres « sans-papiers » qui ne peuvent circuler sans une valise de papiers …

Entre temps, coup de fil de Gilles… qui se joindrait volontiers à nous. Malheureusement une réunion programmée le jeudi l’empêche de partir avec nous le jeudi . En train : 12 heures et 3 changements. Impossible…

Et puis le mercredi après-midi, il m’annonce le report de cette réunion. Il s’est fait tester : négatif (en outre il est vacciné).

Patatras : nouvel appel le mercredi soir : les inscriptions sont closes.

« Fais comme tu le sens : on sera à Sallanches jeudi à 10h30 et sans doute pourra-t-on te trouver un dossard en négociant avec Corradini… »

Et, un peu à ma surprise, à 8h00 le jeudi Gilles me rappelle et me confirme : « Je viens ! ».

 

Après ? Tout se passe à merveille :

-          L’hôtel Monza (Marco) me confirme qu’il reste une chambre de libre à côté de la nôtre au prix très compétitif de 90 € la demi-pension

-          Au tunnel du Mont-Blanc, côté France comme côté Italie, pas le moindre policier qui nous interpelle

-          Sur l’autoroute, de région en région, nul contrôle …

-          Il est encore assez tôt quand nous arrivons à Cavalese pour passer à la remise des dossards : grâce à la gentillesse de Frédéric Miens, qui n’avait pas annulé en temps voulu son inscription, Gilles se dégotte un dossard …

Il ne nous reste plus qu’à fêter cette première étape en dégustant un savoureux Spritz (Campari) à l’hôtel Monza et découvrir la fameuse « crème brûlée » du Monza chère à Olivier…

 
La vue de l'hotel Monza sur Moena au petit matin

et la nuit...

Le vendredi, très belle météo nous permettant de reprendre contact avec la neige (en poussette bleu-violet).

Le soir… nous découvrons les nouvelles restrictions françaises pour combattre la pandémie : impossible de rentrer en France sans test négatif de 72 h maxi !

Gilles qui a des RDV de prévus le mardi passe un nuit "compliquée"...Pour ma part, je me dis qu’avec tous les papiers qu’on trimballe, il sera toujours possible de négocier.

Le samedi je cours ma Marcia Story : une belle épreuve non chronométrée de 12 km à faire avec skis/chaussures/fixations et tenues datant d’avant 1975.

Pour ma part j’avais des Vandel F72,  prêtés par Jean-Pierre Henriet,  et des magnifiques « Patrick en cuir bleu et rouge (hélas de 2 ou 3 pointures au-dessus de la mienne) et des bâtons bambou (norvégiens, s’il vous plait)…d’1m30 seulement.

Un superbe pull tricoté main par ma maman, datant des années 70, une casquette écossaise et de longues chaussettes (à défaut de knickers) achevèrent de me déguiser.

Une épreuve magique où tous les costumes se côtoient, avec des skis bois bien effilés et visiblement pas si dépassés que cela. Seuls soucis : les normes 75 qui débordent de la trace, d’un côté comme de l’autre, et des bâtons trop petits pour double-pousser. Détails…

   

Vitaly : Un vrai russe en tenue d'époque avec maillot CCCP et écusson soviétique  sur le bonnet !
Il a fait 3000 km en voiture depuis St Petersburg ,et avait un style super fluide malgré ses vieux skis en bois


Notez bien les batons en bambou de Boris et ses Vandel F72 fluos

Au fait, je ne vous ai pas dit : en Italie les cafés et restau sont ouverts : jusqu’à 18h00 et les hôtels ont le droit de nourrir leurs clients. Cela change tout.

 

Le dimanche matin, c’est le Grand Jour.

Nous nous réveillons… avec 10 cm d’une neige gentiment tombée dans la nuit et redonnant au paysage de merveilleux éclats d’hiver.

Hélas il fait 0° à 6h30 du matin et cette poudreuse est bien vite une neige à zéro, humide et infartable.

Pour ma part, je doute : je me sens fatigué, un peu mal à la tête, pas sûr de tenir les 70 km. Depuis le début de la saison j’ai certes beaucoup skié mais jamais plus de 30 km d’une traite… Et je prends de l’âge.

Isabelle décide de prendre ses skis peluche, craignant de trop souffrir avec ses Madshus à farter.

C’est à skis que nous rejoignons la ligne de départ. Un vrai bonheur.

Il faut montrer patte blanche … et température inférieure à 38°c  pour accéder au stade de départ.

Toutes et tous sont masqués… mais bien collés les uns aux autres pour ce test température !

 Comme d’hab’ à la Marcia, nous partons par vagues toutes les 5 minutes. Je suis en 5ème ligne et Gilles, Isabelle en 6ème.

Dès les premiers 100 mètres nous avons confirmation que le fart ne tient pas. Tous reculent, montent en canard : bouzillent les traces….

Gilles, plus futé, refartera en poussette 0 /+1 : il tient mais ne bénéficie pas de plus de traces que nous.

Dans les premiers 18 km de montée, je ne ferai pas un seul pas alternatif : beaucoup de double-poussée et quelques kil en canard ! J’aurais pu ne pas farter du tout… Mais je double et cela me remonte le moral.

Canazei : déjà 1h45 que j’ai décollé. Normalement c’est tout bon sur des dizaines de km : suffit de se laisser glisser et pousser un peu sur les cannes.

Hélas, la trace n’a pas été refaite après Canazei. Cela descend certes, mais sur un champ de mine. impossible de glisser : il faut toujours s’assurer à droite, à gauche . Il ne reste qu’UNE trace, abimée, mais skiable. Doubler devient une partie de gymkhana. Plus de temps passé… à ne pas tomber qu’à filer !

Je pense à Isabelle qui ne va pas aimer du tout, la pauvre…

Les ravitos sont parfaits... et tous en dehors des villages : je prends le temps de boire et manger (baretta, gelo…).

Hors ravito, la foule des grands jours de Marcia est là : au bord de la piste, un peu à l’écart, et nous encourage avec chaleur.


 

2 styles différents pour un passage au même endroit.....le "russe" ira plus vite !

Sur Moena, le parcours est différent du circuit traditionnel : ni la dure côte ni la périlleuse descente avant la ville, pas de parcours le long de la rivière : on reprend, à contre sens, le chemin de l’aller. Ouf…

 

Et magie : à partir de Moena nous retrouvons une trace correcte, lustrée, rapide.

Mais je dis bien UNE trace : pour doubler il faut se défoncer les tripes sur le chemin enneigé qui côtoie la trace.

Predazzo : on reste au bord de la Fiemme. Encore ça de pris.

Le stade de Lago du Tesera : dur dur de monter au plus haut … en canard.

Et c’est reparti en beaux plats descendants jusqu’à Molina. Je tiens le choc. Depuis le départ je ne cesse de doubler. Je suis maintenant dans un univers de skieurs à dossard à 3 chiffres (partis en 3ème ligne ?) moi qui est un dossard à 4 chiffres (1221). C’est bon. Je sens que j’irai jusqu’au bout.

Certes il ne faut pas vendre la peau de l’ours… et les 3derniers kil sont hard, mais je sens que Papy fait de la Résistance !

Molina : pause chez Toko qui, en 1minute à peine, redonne à mes semelles des allures de skieurs de fond classique : ça accroche.

La montée sur Cavalese : avec un fart presque bon, je n’ai quasiment pas fait de canard ! Faute de traces, dans la mélasse, j’ai surtout aligné des petits pas rapides et quelques poussées simultanées.

Et déjà c’est l’arrivée ! Il est 13h48 : je suis parti depuis 5h31… HEUREUX et un peu fier.

Je récupère ma médaille, mon sac, mon panier repas et file prendre le bus pour Moena : surprise Christian Viry est là, assis juste devant moi ! On parle du pays, de son père (il va bien), de son voyage aller (via Autriche et Allemagne : comme nous zéro contrôle).

Et il ne me reste plus qu’à retourner (à skis) à l’hôtel...où, sans grande surprise, je retrouve Isabelle que le chaos de la piste entre Canazei et Moena a contraint à l’abandon. Dommage.

Peu après nous rejoint le Gilles, bien heureux de sa journée après toutes ces péripéties

Et nous finissons la journée …avec un Spritz (Campari).

 

Le lundi, retour matinal sur le Pays : Gilles se demande encore s’il pourra rentrer (c’est qu’il travaille le lendemain). Je tâche de le rassurer, avec d’autant plus de conviction… que je partage son inquiétude au fond de moi-même !

Les kilomètres passent et après 600 km d’autoroute pépère nous retrouvons le tunnel du Mont Blanc…Tatata…

Strictement personne côté Italie… et pas de poste frontière côté France !

Gilles n’en revient pas ? Du reste, je crois qu’il n’en est toujours pas revenu. Tant d’inquiétude pour rien !?!

Il retrouve son auto et son calme à Sallanches , je sais qu’il est comblé, heureux d’y avoir cru,d'avoir tenté le coup...et de l’avoir fait !

Pour notre part il ne nous reste plus que... 600 km pour Paris où nous n’arriverons pas avant le couvre-feu. Bon qui vivra verra….

 Vous l’avez compris : très très heureux d’y avoir cru jusqu’au bout et pas peu fier de mon classement : 500ème et 4ème des 70 ans et plus.

Bon, maintenant faut songer à la Suède et à la Vasa….
                                                                                                                
           Boris Petroff

 

 
les excellentes crèmes brulées de l'hotel Monza....ça c'est pour Olivier Traulé !

 


Merci à toi Boris d'y avoir cru, sans toi je n'y serai pas allé !

 

et pour finir, nous avons vu où la Covid a commencé en Italie....dans la villa Corona bien sûr !!

   

 

 

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