
J’ai bien hésité pour titrer le compte-rendu de cette édition tout à
fait exceptionnelle de la Vasaloppet.
« 2021 : un invité
surprise ? »
en référence à ce Covid 19 qui a perturbé toute la saison
et bien sûr marqué la Vasa 21.
« La plus belle et la
plus méritée »
tant il est vrai que ce furent des conditions météo et de
neige fabuleuses mais un bazar permanent pour y aller et en revenir.
« 5h43’57’’ »
parce que
c’est mon chrono et qu’il est incroyable, invraisemblable, inespéré.
Mais réel.

Et puis j’ai
repris l’idée de mon compagnon de Vasa, Jean-Philippe Beaucher (sans qui
sans doute je n’aurai pas fait le voyage cette année) et qui a traduit
l’expression suédoise « Vasaåket » par « Vasa-quand-même », exprimant
bien l’idée du mot åket : le parcours, et donc l’esprit de la Vasa. Elle
est différente, mais l’essentiel est conservé aussi est-ce quand même
une Vasa ! Et comme ce n’était pas de la tarte d’y aller, j’ai
finalement opté pour « Vasa : Vasy-quand-même ».
Pour
Jean-Philippe (JPB pour les intimes) c’était la 28ème année
de Vasa. Devenir vétéran de la Vasa est son rêve le plus fort et il sent
bien qu’il est maintenant à deux pas, deux petits pas, de le réaliser.
Alors, envers et contre tout, il a décidé de ne pas renoncer cette
année. Malgré toutes les embûches liées à cette année 2021 et jusqu’au
décès de son père (très âgé) 8 jours avant la date de sa Vasa, il a
maintenu le cap et sa décision.
Pour moi,
même si l’enjeu est plus modeste, je ne sais pas vivre sans courir au
moins une Vasa chaque année ! Cela ne m’est pas arrivé depuis 1988…
Alors nous
avons appris avec grand bonheur la décision des organisateurs de la
Vasaloppet de la maintenir coûte que coûte, fut-ce, évidemment, avec des
modifications et des précautions liées au Covid.
La
principale des modifications fut d’étaler l’épreuve… sur 25 jours ! Une
Vasa organisée sur les traces originales chaque jour du 12 février au 7
mars afin de répartir sur 25 jours les quelques 25 à 30 000 inscrits à
la Vasa (et aux Oppetspar) 2021. En fait, un certain nombre de
concurrents (inscrits en début mars 2020, avant l’apparition du Covid)
ont renoncé. En particulier les étrangers pour qui le voyage
aller-retour s’avérait complexe, sinon impossible.
JPB et moi
étions inscrits sur l’Oppet du lundi 1er mars. Les
organisateurs de la Vasa nous ont proposé de garder cette date pour
notre Vasaåket. Cela nous convenait parfaitement. Avec un départ avancé
de près d’une heure : pour limiter tous risques de transmission du
virus, chaque jour le départ était réparti sur une heure, de 7 à 8…
Ma
correspondante Johanna Larsson me confirme que cette édition sera
comptabilisée pour le nombre d’années de Vasa et que les ravitaillements
sont maintenus comme d’habitude. Pour le test PCR, exigé pour le retour,
elle me guide sur l’aéroport d’Arlanda.
Mais
imaginez ce que cela a représenté pour la Vasa : trouver des bénévoles
pour les ravitaillements 25 jours de suite, des bus chaque jour, des
traces faites et refaites chaque jour, etc.
JPB, en
retraite depuis cette année, a repris sérieusement l’entrainement et moi
je n’ai pas arrêté. Plus de 1000 km à mon compteur cette saison au 20
février.
Devant
l’impossibilité d’aller en train à Stockholm et Mora (Danemark
totalement fermé aux étrangers), JPB s’est résilié à prendre l’avion.
Avec moi.
C’est lui
qui s’est occupé de nous trouver un hébergement. Choix final qui s’est
avéré parfait : à deux pas du centre-ville de Mora, en face de la gare,
un Bed and Breakfast confortable, avec des cuisines à libre disposition
et bien équipées pour se préparer les repas (midi ou soir). Je vous le
recommande : il s’agit du Kristinebergs.
Nous
regardons les prévisions météo : comme en France, un fort vent d’Ouest
réchauffe l’atmosphère. Température prévue pour notre semaine de Vasa :
entre 5 et 10 ° ! Va-t-il rester de la neige ? Dans quel état
sera-t-elle ? Heureusement pas de pluie prévue et les nuits semblent
rester fraiches (et surtout négatives).
Restait
plus qu’à arriver en Suède et éventuellement en repartir, la course
finie…
Et c’est là
qu’ont commencé, sinon les galères, du moins les angoisses.
D’abord Air
France a annulé deux vols sur trois ! Programmés le vendredi 26 février
au matin, c’est finalement sur le dernier vol du soir que nous avons été
reprogrammés. Arrivée à Arlanda prévue à 18h10. Petit souci : nous ne
serons pas à temps à notre hébergement à Mora pour récupérer les clefs.
Echanges mail avec le B&B : les clefs nous attendront dans une boite
avec un code perso… Ouf.
Puis nous
apprenons que l’entrée en Suède n’est possible pour un étranger que pour
« une cause impérieuse » et muni d’un test Covid négatif de moins
de 48 h, rédigé en suédois, danois ou anglais. Et c’est tout. Pas en
français.
La cause
impérieuse ne nous faisait pas souci. Le test ? Nous l’avons programmé à
Ivry le jeudi matin. Test antigénique autorisé par les suédois. Donc
résultats quasi immédiats. A 11h00 nous nous savions tous les deux
« négatifs ». Ouf… Mais impossible de le faire rédiger en anglais. JPB
envisage de trouver une traduction assermentée. Je le rassure en lui
affirmant (peut-être un peu vite) que Covid, antigénique, négatif et la
date se disent de la même façon en français et en anglais…
Pour se
faire enregistrer à Roissy, pas de soucis. Puis prise de notre
température : ok pour nous deux. Mais à l’embarquement le test est
exigé. Nous l’avons : tout est parfait et nous prenons place dans
l’avion.
La première étape est
passée.
Je rassure Isabelle, qui n’avait pas prévu de nous accompagner cette
année.
Dans
l’avion, nous perdons encore près d’une heure : le temps de trouver et
débarquer les bagages des passagers enregistrés mais dont le test
n’était pas ou plus valable…
Arrivée à
19h00 à Arlanda après un voyage masqué. Nous sortons de l’avion deux par
deux ! Rang après rang.
Passage à la
police. Vérification des passeports et du certificat… Moment de vérité,
vite résolu : le français ne pose aucun soucis à nos amis suédois.
La
seconde étape est passée.
Et nous
voilà à attendre les bagages. Les nôtres n’arrivent pas : et s’ils
avaient été débarqués par erreur ?!?
Je pars
chercher les skis aux « bagages hors format » quand JPB guette son sac à
dos. Surprise : tous les passagers « résidant à Stockholm » sont invités
à subir une sorte de test santé supplémentaire. Cela ne nous concerne
pas. Mais JPB en profite, son sac enfin arrivé, pour demander aux
autorités sanitaires présentes des infos sur les possibilités de se
faire tester à Arlanda. Il perd 5 bonnes minutes sans réponse précise.
Mais des minutes sacrément précieuses … puisqu’elles ont permis à un
passager italien qui avait exactement le même sac à dos sur ce vol AF de
le récupérer sur le caddy de Jean-Philippe !!! Et lui donner le sien…
Quand nous
prenons l’auto (après avoir traversé tous les terminaux fermés
d’Arlanda) il est 20h00. Pour Mora, distant d’un peu plus de 300 km,
Google Maps prévoit 3h30. Nous mettrons 2h40, en évitant de se faire
flasher à tous les radars (bien indiqués)…
A 23 heures
nous sommes couchés : les clefs étaient bien là dans un coffret à code
et le code bon.
Samedi 27 février :
aucun chapiteau Vasa à Mora ; une ville en travaux, déserte ; Vasa Hus
fermée. Juste un petit bâtiment modeste où nous pouvons retirer notre
puce et un sac vestiaire. Pas de dossards. En passant la main à travers
la fenêtre, et masqué !

Nous
demandons des infos sur les possibilités d’un test PCR à Mora ou dans
les environs. Rien : nos amis de la Vasa nous renvoient à internet ! Et
à Arlanda.
Bon, il fait
beau et nous décidons de voir la piste, tester notre fart et nous
dérouiller entre Mora et Eldris. La ligne droite d’arrivée devant les 2
églises n’est pas enneigée : on y circule en auto ! Je me gare devant
Mora Parken et nous fartons en tube universel -6/+6.
Choix
médiocre pour moi : je glisse mal et accroche encore moins. Plus
satisfaisant pour JPB. Nous croisons quelques skieurs partis sans doute
sur le 30 ou le 45 : il est encore trop tôt pour croiser les skieurs du
90 bornes.

Je retrouve
avec bonheur la double poussée sur une trace magnifique et une neige
gelée.

Si lundi
c’est la même météo et la même neige, ce sera un régal. Espérons.
Jean-Philippe découvre avec étonnement, et un peu d’horreur, que son
pote de Vasa a quitté l’alternatif pour ce style affreux. Il m’en fait
gentiment la remarque, fidèle qu’il est au vrai style alternatif ! Mais
il constate aussi que je monte sans trop d’effort les quelques côtes du
tronçon Eldris-Mora…

Retour en
ville : déjeuner au restau Thai qui est en face de notre B&B. Bon, sympa
et très économique (11.50 € : encore une adresse à noter, depuis que
notre chinoise d’Oscar a pris sa retraite).
Il faut
absolument qu’on trouve un endroit pour se faire tester PCR :
aujourd’hui ou au pire demain dimanche : lundi on court et mardi c’est
trop tard pour avoir les résultats avant le départ de notre avion.
Internet
(que manie très bien JPB) nous renvoie sur Gävle : c’est à 150 km de
Mora et nous n’avons guère envie d’un AR de plus de 300 bornes.
Nous
essayons l’hôpital de Mora : fermé le samedi !
Puis les
pharmacies (pardon LA pharmacie ouverte) de la ville : aucune info .
Retour à
notre B&B. Sur son téléphone, Jean-Philippe nous trouve une possibilité
sur l’aéroport d’Arlanda à 185 € : dans l’hôtel Clarion. Mardi vers
10h30. Résultats dans la soirée. Pas d’autres solutions : faudra décaler
de 24h notre retour sur Paris.
J’appelle
Air France : ok pour un vol le mercredi à 19h10.
JPB réserve
les créneaux pour notre test. Tout en suédois, évidemment. Au moment de
finaliser la résa… le site réclame un code personnel d’identification !
Aucune idée de ce que cela peut-être. Notre message incomplet est-il
parti ? Sommes-nous bien prévus à 10h20 et 10h30 ? Sans doute car ces
créneaux n’apparaissent plus libres sur le site de « Vaccina » qui est
le laboratoire qui fera les tests à Arlanda. Espérons…
Petite
visite à Inga Lill qui va bien, égale à elle-même.
JPB réserve
le bus pour lundi matin : nous prendrons celui de 5h00 pour être sûr de
ne pas rater le départ. Panique : il ne trouve qu’un bus à 9h00 ! Et si
tout était complet ?! Comment rejoindre le départ ? En auto (je l’ai
fait déjà une fois) c’est de la folie : une fois revenu à Mora il faut
reprendre un bus puis refaire les 100 bornes en auto. Un taxi ? En
Suède, hors de prix… Trouver ce soir ou demain un concurrent qui dort
dans notre B&B et peut nous emmener lundi ?
JPB cherche
et cherche sur son téléphone … avant de crier victoire : il s’était
retrouvé sur les bus pour la Vasa45 du lundi. Pour le 90, il y a bien
les deux bus prévus (5 et 6 h). Reste plus qu’à payer…
Ce qui est
impossible : cette année ce n’est pas la Vasa qui gère les bus mais
directement la Compagnie de bus. Qui n’accepte qu’un paiement via swish.
C’est quoi « swish » ? Wikipédia nous renseigne : une sorte de PayPal
suédois que tous les suédois utilisent (4 millions de comptes swish pour
une population totale de 6 millions d’habitants). Pour ouvrir un compte
swish, rien de plus simple : il suffit d’avoir un compte bancaire …
suédois ! Bien sûr que nous n’en avons pas !
Retour à la
case départ et nouvelle angoisse. Je file à la maisonnée Vasa (qui ne
ferme qu’à 20 heures) et explique au préposé notre problème (dans mon
anglais très balbutiant). Il me dirige sur une charmante jeune femme,
visiblement responsable Vasa. Après m’avoir écouté, elle prend son
téléphone cause quelques instants et me rassure : « lundi matin, au
départ des bus, vous verrez un gars nommé Niklas : il sait que vous ne
pouvez pas régler les billets : il vous fera voyager gratis ». Je lui
demande son nom : Erika. Et note dans ma petite tête : Erika/Niklas ;
Erika/Niklas…
Je rentre et
informe JPB de l’économie que nous ferons (euh… sans doute ?).
Samedi
soir : dîner dans notre hébergement où nous découvrons une bien belle
salle de fartage.
Trop de
soucis (certes mineurs) : je dors mal, enfin peu ! Et me réveille dans
la nuit avec comme un début d’angine ! Je prends une aspirine et tout
rentre dans l’ordre. Ouf.
Dimanche 28 février :
il est temps de préparer les skis pour demain. Je teste en glisse (sans
fart de retenue) les Fischer d’Adrien et les Salomon de Jeannot : les
premiers glissent un peu mieux. Je farte en klyster violet KX40S de Swix
(+2/°4°) : c’est correct.
Encore un
petit AR sur Eldris pour le fun et nous rentrons. Buffet Thai et …
sieste.

Apparemment
notre rdv pour le test PCR est bien enregistré : nous recevons, en
suédois, un message qui semble le confirmer : « Din bokning hos
Vaccina : Tisdag 2 mars 2021 kl 10.30 »
On fera avec…
Je peaufine
mon fartage de retenue (et ne touche pas à la glisse, faite à Paris,
avec une paraffine 0/-4°). Volontairement je ne mets pas de sous-couche
mais égalise simplement mon klyster violet : mon objectif est qu’il me
mène à Smägan : après je n’aurai sans doute plus besoin de fart et tant
mieux s’il ne tient pas.
Dîner de
pates.
JPB a
négocié le petit dej à 4h00 pour demain. Plus exactement, il nous est
montré le frigo mis à notre disposition avec tout ce qu’il faut pour le
petit dej. Vraiment une bonne adresse, ce Kristinebergs.
Mauvaise
nuit. Couché tôt (vers 21h30) je me réveille définitivement à 1h30.
Toujours quatre heures de prises !
Le grand jour !
Lundi à 3h30
nous nous levons. Et croisons dans l’auberge quelques autres skieurs de
la Vasaåket 90 du 1er mars. Fidèle à mes traditions, je me
prépare un plat de pates que je mange avec plaisir à 3h45 du matin…
J’enfile ma
combinaison « spéciale Vasa » inaugurée en … 1993 : elle a 28 ans n’a
pas pris une ride (et moi je n’ai pas vraiment grossi depuis cette
année-là). Et n’oublie pas mon bonnet vert « Finlandia Minnesota » : que
voulez-vous, le matérialiste que je prétends être reste superstitieux
quand il s’agit d’événements aussi importants que la Vasa.
A 4h30 nous
sommes prêts et partons tout simplement à pieds au départ des bus. 500
mètres à peine. Nous suivons quelques skieurs : bon signe, le rdv devait
bien être là où je l’avais compris. Pas de bus : il est encore bien tôt.
Mais une guérite et un type dedans. C’est bien Niklas : il confirme
notre passage gratis ! Yes….. Tout semble s’arranger comme il faut et il
fait juste assez froid (autour de zéro) pour que la neige reste gelée à
Sälen.
2 bus
seulement (… contre une centaine les vrais jours de Vasa ou Oppet !). On
s’installe et j’espère dormir un peu. Comme d’hab’.
Mauvaise
pioche : juste derrière nous deux jeunes gars discutent, discutent,
discutent. Tant pis. En une heure à peine nous sommes à l’aire de
départ : aucun embouteillage et un parcours direct (qui évite Sälen).
Nous passons
(en car) devant le départ traditionnel : il fait encore nuit (6h00) mais
les 10 lignes sont bien éclairées. Tiens, pas de filet, pas un skieur,
rien, pas de chapiteau, quasiment pas d’autos sur le parking…
Le bus part
sur la droite et nous laisse dans un parking désert. Un feu de camp est
allumé. Au bout, des chiottes (toutes libres) nous attendent. Un
malheureux camion est préposé aux sacs.
Je recouvre
mon klyster de poussette bleue pour éviter qu’il ne glace.
A 7h00 je
suis les flèches et monte vers le « START » : c’est un terrain de foot.
(JPB part une demi-heure plus tard). Au bout, un départ de piste. Nous
sommes une vingtaine, tranquillement à la queue leu leu à nous y
engager. Visiblement la puce fonctionne : et c’est parti : sans vraiment
en avoir bien conscience.
Pas de
musique : il nous manque, notre air familier de la Vasa. Personne pour
nous inviter à un échauffement ni pour nous rappeler que seul le pas
classique est autorisé. Du reste, je crois que cette année il était
possible de courir la Vasa en skate, mais tradition oblige nous n’avons
vu, ni JPB ni moi, personne en skate sur tout le parcours.

Au bout de
800 mètres nous bifurquons sur la droite et retrouvons la piste de la
Vasa et bien vite le panneau « Mora 89 km ». Il n’y a que deux pistes de
tracées, mais elles sont parfaites. Et mon fart est nickel : très bonne
retenue et glisse impeccable.
Possibilité
de doubler sur la gauche, mais c’est poudreux et ça accroche un peu.
Assez rapidement je choisis la sagesse et monte tranquillement mais tout
de même à un bon rythme les 3 kil de côte. Ne doublant que rarement :
quand les deux traces traînent vraiment. Bien sûr, pas un arrêt, pas un
canard : c’est le pied.
Pourtant je
regrette l’ambiance toute particulière de ce passage, de l’autre côté de
la route, envahi (en temps normal) de skieurs jusqu’à l’horizon. C’est
la communion.
Ce matin
c’est tout simplement un beau départ rapide…
A ma montre,
j’ai quitté le stade de foot à 7h08. Je pronostique Smägan (11ème
km) avant 8h00. Passé le 4ème km, je trouve ce parcours
étrangement plat, moi qui étais habitué à l’enchainer en alternatif avec
des à-coups permanents ! Et me voici à Smägan. Il est… 7h50 ! Du jamais
vu. Comme à chaque ravito, je prends un verre d’Enervit, un petit pain
et un Bouillonn’. Les bénévoles sont tous en masque et gantés. On se
sert tout seul : en file indienne ; personne à côté (ni vraiment devant
ni derrière).

Smägan-Mangsbordanna
(13 km) : je sais que c’est une portion rapide quand la neige le veut
bien. Et c’est un
régal :
je ne vois pas passer les km et c’est à 18 km/h de moyenne que j‘arrive
à Mangsbordanna !
Je me prends
à rêver : si ça continue comme cela, si je ne craque pas, je retournerai
sous les 7 heures. Mon objectif secret pour cette 33ème année
de Vasa.
Je pense à
Jean Gadiolet et à Michel Imbaud : des fusées, si le sort ne les avait
pas enlevés tragiquement cette année.
La côte sur
Risberg : je l’avale tout en double poussée et dépasse un grand nombre
de concurrents dont quelques Veterans : on se salue discrètement. Un
couple skie à mon rythme : je suis parfois derrière et parfois devant.
Au 45ème
kilomètre je regarde ma montre : dans les 10h00. La mi-course atteinte
en moins de 3 heures. Inimaginable. Tiens le coup , papy et tu bats ton
record historique des années 2000 (dans les 6h12 je crois).
La descente
d’après Evertsberg : les traces restent parfaites et je me risque à tout
passer en recherche de vitesse. Bon choix : je ne tombe pas, double
encore des skieurs plus prudents et laisse derrière mon couple du
départ.
Oxberg,
Hökberg : je sais les quelques raidillons mais ne m’en inquiète pas. Je
n’ai plus aucune retenue mais je les passerai en canard sauté, si ça
monte trop pour mes petits bras.
Eldris : il
est un peu plus de midi 20… Je dois pouvoir passer sous les 6 heures !
Du jamais vu pour moi. Même dans mes rêves les plus fous.

Je suis bien
depuis le départ et pousse sur les bras comme si c’était un long sprint.
Des pas plus courts, plus saccadés, les bâtons bien serrés dans les
mains quand ça monte, une foulée plus lente avec un temps de
récupération en fin de poussée dès que cela redevient plat.
Je sais
l’arrivée devant le musée Zorn : c’est 600 mètres de gagnés.
Je passe la
ligne. A ma montre il est 12h52. Je l’aurais bouclée en 5h44 !!!
J’en pleure.
Et embrasse mes deux skis : ils méritent bien ce respect, eux qui m’ont
si gentiment mené au paradis.
Un bénévole
m’aiguille sur la gauche : on discute un coup. C’est un Veteran. Moi
aussi. Photos…

Rendre la
puce, prendre le panier repas que me tend une petite dame, longer les
deux églises, passer devant la Vasa Hus où je me prends (en
self-service) ma médaille Vasa Oppet 90 km,

trouver mon
sac quelques mètres plus loin. Il est une heure de l’après midi et j’en
ai fini ?!??

Sur mon téléphone un
message de la Vasa : « Congratulations Boris,
youd id it !
We hope you
had a wonderfull ski trip and you feel great. (…) You can read about
Vasaloppet’s 100-year celebration in 2022 where you have piority booking
before it opens for the public.
Welcome back ! Your time
is : 05 :43 :57 »
Tu parles si j’en serai ! Evidemment, bien
sûr. En fait un seul mot m’intéresse, me frappe au cœur : 5h43…
C’est donc officiel. Ce n’est pas ma montre qui s’est arrêtée ou je ne
sais quoi.
Retour au B&B, douche, casse-croute.
Je retourne voir Ingalill à qui je donne ma
médaille. Je la sens très émue. Plus tard elle écrira
sur son site Facebook « Thank you Boris for giving me your medal from
today race. You are a Great man. I am so very happy ». Parce
que la mamie, à 82 ans parle toujours anglais et pratique Facebook.
Sa fille Anna-Karin répondra quelques heures plus
tard : «Inga-Lill got so much energy from your visit. You are really
a wonderfull man ».
Tant mieux. Mais ce que je sais aussi, c’est
que je n’aurais pas fait avec tant de plaisir mes 20 premières éditions
de Vasa si je n’avais été accueilli si magnifiquement par Ingalill et
Hans…
Je songe à Jean-Philippe qui doit
tranquillement faire son bout de chemin. Je suis certain qu’il ira au
bout et gagnera sa 28ème année. J’achète une bouteille de
mousseux pour fêter cela, tout à l’heure. Erika m’annonce son arrivée
vers 16h30/16h45. Je me poste au km 1, au milieu des camping-cars et le
guette. Rien. A 17h00 passée, je me dis que je l’ai loupé ! Je cavale
jusqu’à notre hébergement en passant par Vasa Hus : pas de JPB. Que lui
est-il arrivé ? Au gîte, personne non plus.
Un message téléphonique, d’Arnaud Chambellan
me rassure : « Jean-Philippe est arrivé à 17h08. Bravo à lui. ».
Il est 17h15
Je saute dans l’auto et file à l’arrivée :
plus de JPB. Il ne me reste qu’à rentrer à la maison où je le retrouve,
comblé.
« Oui, j’ai eu des problèmes de fartage :
aucune retenue après Evertsberg. Je me suis fait refarter à Oxberg :
toujours aussi mauvais. Puis à Hökberg : pas mieux. Sans doute pas assez
épais ou pas assez long. Alors j’ai sorti mon tube d’Universel et cela
a de nouveau collé. Dans les deux sens du terme. »
D’où son léger retard sur le chrono
prévisionnel d’Erika.
A 18 heures, nous accueillons à notre B&B
Arnaud Chambellan, à qui j’ai promis de prêter une bonne paire de skis
classique et son pote Stéphane Cocandeau et trinquons à notre santé et
notre belle sortie de la journée !
Depuis plusieurs mois, nous échangeons avec
Arnaud : c’est sa première course (et donc sa première Vasa) et il n’eut
de cesse de me questionner. Comment s’habiller, où trouver des skis,
qu’emporter pendant la course, quel chrono envisager ? Etc. etc.
Je suis ravi de faire sa connaissance et
celle de son ami Stéphane. Sûr que nous nous reverrons.
Ils courent jeudi. (Et ils mettront 7h20, ce
qui est tout à fait remarquable pour une première fois, même s’ils sont
encore relativement jeunes. Bravo à eux).

Encore une fois, comme pour la Marcia, nous
avons été têtus, persistants, fous, confiants, inconscients, optimistes
enfin prenez le qualificatif que vous voulez, mais nous l’avons faite et
c’est un immmmmmmmmense bonheur !
Plus que deux ans pour Jean-Philippe (tout
de même estomaqué par mon chrono du jour) et une 33ème à mon
compteur. Et quelle belle édition. On ne reverra jamais cela.

La troisième étape est passée : reste
à rentrer en France …
Jean-Philippe tente de réserver une chambre
sur l’aéroport d’Arlanda à Jumbo : ce Boeing 707 transformé en auberge
de jeunesse. C’est pas cher. Mais visiblement il est fermé ! Ou du moins
ne prend pas de réservations via Booking. Tant pis on verra sur place où
dormir.
Encore une nuit médiocre : excès de boissons
vitaminées, tension, fatigue musculaire ? Je ne sais pas et je m’en
fous. Elle est faite, et de quelle manière ! J’en pleure encore de joie.
Lever pour le premier petit-déj (à 6h00) :
je veux être à l’aéroport avant 10 h00 pour notre test et imagine que la
circulation sera moins fluide qu’à l’aller. On dormira mieux demain.
Hôtel Clarion : nous trouvons le stand de
Vaccina. Nous sommes bien attendus. Oui nous aurons les résultats du
test le jour même, avant 20h00. L’hôtesse, qui est également
l’opératrice de test, n’est pas typiquement suédoise : elle vient de
Somalie (comme la Lili de Perret). Charmante. Elle nous explique ce
qu’est le numéro d’identification personnel : un nombre composé à partir
de sa date de naissance (année, mois et jour de naissance) plus 4
chiffres. Par exemple 1212. Nous n’innoverons pas et garderons ces 4
chiffres pour boucler notre numéro d’identification personnel.
Test dans la gorge et non dans le nez.
Impeccable.
Nous payons nos 1850 couronnes (environ 185
€) avec l’espoir de se faire rembourser tout ou partie par la sec soc en
France. Nous aurons les résultats par mail.
Retour à la location auto. Tout est OK.
Juste en face, le Radisson blu nous tend les bras. C’est l’un des moins
cher de l’aéroport. JPB réserve une chambre avec la réduction de son
statut Genius de Booking.
Très belle chambre. Nous finissons nos
réserves alimentaires (pain et saucisson de Mora, yaourt, chocolat)
regardons le sprint féminin au championnat du monde de ski de fond… et
restons à sommeiller dans la chambre : pas l’énergie suffisante pour
partir en ville.
A 16h30, message de Vaccina : « Hej !
Observa att denna länk enbart fungerar i tre dagar ? Här är länk till
reseintyget son en PDF : pdf link . »
Euh… et si c’étaient nos résultats ? On tape
sur le lien…. Et il ne se passe pas grand-chose : c’est un message qui
nous demande notre numéro d’identification personnel (ça on connait) et
le code envoyé par mail. En suédois, of course !
Ni JPB ni moi n’avons reçu de mail de
Vaccina depuis ce matin.
Ce matin ? Mais oui, bien sûr. Je retrouve
un mail et distingue dans 10 lignes de suédois un « KOD ».
Je tape ce Kod et mon numéro
d’identification. Que dalle !
Heureusement, Jean-Philippe qui fait en même
temps la même opération aboutit au résultat de son test : NEGATIVE !
Whaouuuuu.
Ca devrait marcher aussi pour moi : je
reprends le mail du matin et découvre avec une joie absolue que j’avais
oublié un caractère de mon Kod secret !
Je recommence …et ça marche ! Et je suis
aussi NEGATIVE !
Il ne nous reste plus qu’à demander à
l’accueil de l’hôtel de nous imprimer nos certificats. On les lit et
relit avec attention : tout à l’air correct, on devrait être autorisé à
rentrer.
Trop tôt pour se coucher : on fait un tour à
l’aéroport. On trouvera bien un petit coin sympa pour diner. Car, oui,
en Suède les restaurants sont ouverts (et on ne porte pas de masque,
sauf circonstances particulières).
Les terminaux 2, 3 et 4 sont fermés : tout le trafic aérien est reporté
sur le T5.
Et le T5 est vide. Mort. Quasiment personne
et rien d’ouvert sauf un café peu engageant. Nous regardons le tableau
des vols : dans toute la journée et pour toutes les destinations, à
peine une trentaine de vols. Et essentiellement des vols intérieurs.
Aucun vol Air France programmé ce 2 mars. Finalement le test ne nous a
pas retardés.
Retour à Radisson Blu (où JPB fait une photo
super de moi, où il me fait dire : « En Suède, les radis sont bleus »).

Du reste j’aurai, grâce à Jean-Philippe, une
très belle collection de photos de cette édition. Sans compter celles
prises en course par un photographe officiel de la Vasa.

Dîner
au restau avec une bonne bière.
Dodo : demain prévue une visite pédestre de
Stockholm. La météo sera parfaite : beau ciel bleu et un petit 5/10 °.
Toujours grâce à mon complice, je ferai en
effet, sous sa conduite éclairée, une très belle visite de Stockholm qui
s’avère une bien belle capitale. Après 2 heures 30 de marche, j’en ai un
peu marre : je l’abandonne et l’attends en dégustant le « Plat du Jour :
une Grillade Lax » excellente, sur une terrasse au soleil.
Retour à l’aéroport (via une pause à
Radisson Blu pour récupérer nos bagages… (dont mon câble téléphonique
oublié dans la chambre ce matin !).
Et nous embarquons : vérification minutieuse
de notre Medical Certificate. Ras.
Avion à l’heure. Nous fêtons (whisky et
plusieurs flasques de rouge) notre retour pendant le vol.
Nouvelle vérification au débarquement à
Roissy : notre test est ok.
Dernière étape franchie !!
Isabelle est là et nous attend. Tout est
dans l’ordre… Je l’adore : elle m’a manqué.

Bravo à vous 2 les amis...il fallait le tenter ...et le réussir en cette
année hyper compliquée !!
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