Au
départ avec un collègue on loge chez
un copain Masters, dans son gîte Aux
Rousses.
Le matin de la course, levés de
bonne heure, après avoir déjeuné
copieusement pour affronter le froid
pendant 76 km, nous voilà parti pour
charger la voiture, la faire
chauffer avec l’intention de rallier
Lamoura.
On démarre doucement dans le froid
bleuté d’une journée qui s’annonce
ensoleillée quand au bout de 2 km la
voiture s’arrête, tous voyants
allumés... Je peste contre cette
pompe à gasoil qui vient encore de
me faire des siennes comme la
semaine passée.
On tente de repartir, mais rien n’y
fait. Alors on retourne en courant
(certains diront en s’échauffant)
vers notre hôte qui après avoir
donné à manger aux poules et autres
volatiles de sa basse-cour vient
généreusement nous remorquer et me
propose de mettre la voiture à
l’abris dans son garage le temps de
la course.
Bien sûr pour nous le départ du 76
était bien corrompu et nous décidons
alors de voir avec les organisateurs
si on peut partir des Rousses...
Après qu’un vacancier nous ait amené
au collège des Rousses, après avoir
exposé notre cas à une
organisatrice, nous sommes soulagés
de savoir que notre départ aurait
bien lieu à 10h des Rousses. Un
grand, un énorme merci aux
organisateurs qui ont compris notre
situation de détresse.
L’aventure serait bien banale si
elle s’arrêtait là... Mais ce qui
fait le piment de cette histoire
c’est qu’à défaut de revêtir un
dossard réservé aux hommes (jaune)
nous avons hérité d’un dossard
féminin (rose) !
Dans la salle de réception du
collège, une fois le dossard vêtu
nous avons vite mis par dessus une
veste pour éviter une... certaine
gêne... et des regards curieux...
Sur la ligne de départ à 10 heures,
me retrouvant entre deux féminines,
ces dernières me parlant du temps,
du froid, du gel et je ne sais de
combien d’autres choses, je me
contentais, enveloppé derrière mon
buff, mon bonnet et mes lunettes de
répondre en hochant la tête et
émettre des hhmmm, hhmmm
d’approbation... C’est fou ce que
les femmes peuvent être bavardes sur
une ligne de départ, face au vent
glacial !!!...
Le départ donné je me trouvais
rapidement avec les vingt premiers
de cette deuxième ligne et j’ai été
encouragé par toutes les femmes et
les hommes qui croyaient voir passer
une des premières féminines de la
course...
Là, ça fait plaisir, ça remotive
même quand ça fait mal aux cuisses.
Je voudrai remercier tous ces
anonymes qui ont bravé le froid et
le vent glacial pour m’encourager
ainsi que les autres coureurs...
C’est ça le vrai esprit de cette
course et c’est bien trop souvent la
seule en France qui suscite autant
de passion chez les spectateurs...
Donc, faisant une course avec un
maillot féminin, je me suis aussi
rendu compte que certains
concurrents mâles ont du mal à
accepter qu’une féminine les double,
allant jusqu’à râler fortement, se
rabattre du coté où on demande le
passage, voire à proférer des propos
hostiles à la présence des femmes
sur une course d’hommes!
J’en ai entendu quelques-uns et je
me dis que ceux-là n’ont rien à
faire là (ils se reconnaîtrons sans
doute s’ils lisent cette histoire)
Respect pour toutes les dames qui
courent. J’en ai accompagné
certaines durant la montée du Risoud,
j’en ai traîné certaines, j’en ai
doublé plusieurs mais j’ai surtout
vu de belles bagarreuses, des
combattantes, des qui s’accrochent,
mais toujours avec courage et
élégance. Merci mesdames d’être
parmi nous...
Sur les podiums la parité n’est pas
encore là et on peut se demander
pourquoi le chèque offert n’a jamais
la même valeur que ceux de la
catégorie masculine... Vous avez
pourtant fait les mêmes efforts, le
même parcours... Il serait temps que
les organisateurs de courses en
prennent conscience... Désormais je
vais militer en votre faveur, pour
essayer de faire évoluer les choses.
Rassurez vous la prochaine course
j’aurai bien un dossard masculin, on
ne change pas un homme comme ça mais
cette expérience hors du commun
méritait d’être racontée et je vous
la livre sans complexe même si, dans
quelques temps, certains vont me
chambrer un peu... J’en rirai bien
je vous l’assure... car j’ai vécu
quand même une bonneTransju !
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