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Réparation d'un bâton de ski en carbone

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Ecrit le 31 mars 2016 par Gérard Mennetrier

Qui n’est jamais tombé sur son bâton à la sortie d’un virage rapide, ou n’a pas enfoncé profondément son bâton dans une bordure de piste mal compactée. Et CRAC !!! ...Trop tard, il est cassé.

Racheter une autre paire, le faire réparer par un spécialiste, … je choisis plutôt de faire le travail moi-même.

 

Le « Vertacomirien » propriétaire de ce bâton (on appelle ainsi les habitants du Vercors) a cru bon de tenter une réparation en introduisant dans le bâton un tube alu du bon diamètre et de 7cm de long, qu’il a collé à l’Araldite. Bel essai, mais raté : non seulement ça n’a pas tenu plus de quelques kilomètres, mais dans la torsion finale, le bâton carbone s’est éventré, rendant ensuite plus difficile l’aboutage des 2 morceaux.

Délimiter la zone de travail (la zone ou la résine sera étalée) par 2 morceaux de ruban adhésif, puis poncer les parties du bâton qui seront enduites de résine. Contrairement à ce qui est conseillé dans de nombreux ouvrages, ne pas dégraisser la surface à l’acétone qui attaque les micros aspérités qui seront d’une excellente accroche pour la résine. Une surface de carbone poncée est suffisamment sèche et propre.

Afin parfaire le bon alignement des 2 tubes cassés, j’introduis une âme très courte (1 cm) en tube plastique léger. Il ne sert en rien à la solidité de l’assemblage et ne pèse qu’un demi-gramme.

Le tissu carbone sergé que j'utilise pour une réparation de cadre de vélo, est ici remplacé avantageusement par de la gaine 45° carbone HR en 15mm de diamètre, commandée chez Sicomin. En effet, une gaine déjà tissée et fermée aura une mise en œuvre et une finition bien meilleure qu'un tissu à découper et enrouler manuellement. L’orientation des fils à 45° donnent de la raideur dans le sens de la longueur ainsi qu’en torsion.

A noter qu'une gaine de diamètre 15mm convient pour un bâton de 15mm de diamètre, car la gaine peut facilement être regroupée ou étirée pour s'adapter au diamètre du bâton. La petite gaine mesure 6 cm et pèse 1 gr. La plus longue mesure 12 cm et pèse 2 gr. La 2ème gaine, en recouvrant la 1ère, va éviter que la première n’explose dans les efforts de flambage du bâton.  Si on veut vraiment gagner du poids, on peut s’affranchir de la 2ème et entourer un fil de carbone enduit époxy, en colimaçon autour de la 1ère.

Il est facile de fabriquer un support en découpant dans une planche un U permettant de stratifier autour de la zone de travail. Les 2 morceaux du bâton sont solidement fixés simplement par du fil électrique.

La stratification de la première gaine nécessite 4 grammes de résine époxy (résine + durcisseur), alors que 6 grammes seront ensuite nécessaires pour la deuxième gaine, un peu plus longue. Pour de si petites quantités, il n'est pas question d'utiliser la balance de précision de ménage (sensibilité: 1 g), mais de mesurer en volumes avec des seringues ou pipettes. Comme toute stratification époxy, il faut être très rigoureux sur les proportions du mélange époxy, dans un taux d’humidité inférieur à 70% et à température entre 15° et 25°.

Enduire de résine époxy les 2 extrémités du bâton, puis faire glisser le morceau de gaine quand il est rétracté, l'étirer pour qu'il colle au bâton et faire remonter la résine au travers des fibres carbone, en s’aidant du pinceau.

On enroule un ruban de tissu d'arrachage de 20mm de large qu'on aura préalablement fixé par un ruban adhésif. Le tissu d’arrachage doit serrer la stratification et faire transpirer l’excès de résine. Coller aussi l'extrémité du ruban de tissu d'arrachage par un ruban adhésif. Prévoir une bande de 30 cm qu’on entoure en recouvrant environ 1/3 du tour précédent.

 

Le tissu d’arrachage peut aussi être remplacé par un ruban thermorétractable qu’on chauffera pour qu’il plaque le carbone sur le bâton et évacue les bulles d’air emprisonnées dans la résine.

Laisser polymériser la résine à température ambiante jusqu’à ce qu'elle soit dure, avant de retirer le tissu d'arrachage ou la gaine thermo. Le temps dépend évidemment de la température qui doit rester entre 15 et 25°. Dans mon cas, j’ai laissé polymériser pendant 10 heures à 20°, avant de chauffer avec un petit radiateur à 60° pendant 2 heures.

 

Alternative à la 1ère gaine carbone

Pour le 1er gainage, on peut utiliser un autre tressage de carbone que la gaine à 45° : « l’UD », ce qui signifie Uni Directionnel. C’est un tissu dont toutes les fibres de carbone sont à plat dans la même direction. 2 avantages : Les fibres rigidifient le bâton dans le sens de sa longueur et sont donc très efficaces dans les contraintes de flambage. N’étant pas tressées, les fibres sont plates et travaillent entièrement et efficacement sur la rigidité, beaucoup mieux qu’un tissu tressé comme la gaine.

J’utilise cette méthode sur cet autre bâton cassé, de manière moins nette que le précédent. A noter l’utilisation du pistolet à air chaud pour décoller un panier ou une poignée de bâton.

Alors pourquoi ne pas avoir dit tout de suite que l’UD est meilleur ? La raison en est que la pose de ce tissu UD est plus délicate et demande un coup de main que ne requiert pas la gaine tressée. En effet, sans tressage, l’UD se délite très facilement, en particulier quand on l’enroule autour du bâton. Mais, c’est plus solide et rigide.

Ensuite, la 2ème gaine, par-dessus l’UD, va apporter une solidité à la torsion du bâton, et va surtout empêcher l’UD d’éclater, puisqu’aucune fibre ne le maintien contre le bâton ou il tient juste par le collage époxy.

Attention, entre chaque opération de stratification, on passe pas mal de temps au nettoyage des outils (pinceau, seringues, récipients).  Je procède par 2 rinçages successifs à l’acétone, puis à un lavage au produit vaisselle et un séchage complet avant de ré-utiliser.

Après les 2 heures de chauffe de la 1ère couche, et une fois le tissu d’arrachage retiré, enfiler par-dessus la première couche, le deuxième morceau de gaine (le plus long) alors qu'il est rétracté pour avoir un large diamètre, puis l’étirer et stratifier comme pour la première gaine. On peut regrouper les 2 opérations en une seule stratification, et ainsi gagner une douzaine d’heures, mais la manœuvre est alors plus délicate quand on passe la 2ème gaine au-dessus de la 1ère sans la déplacer ni la déformer.  La deuxième bande de tissu d’arrachage doit avoir une longueur d’environ 40 cm. Même traitement de polymérisation que pour la 1ère couche.

 

Les 2 morceaux étant maintenant aboutés solidement, on améliore encore la résistance mécanique de cette stratification, en la faisant cuire 2 semaines plus tard pendant 4 heures à 120°.

Cette partie manchonnée aura un diamètre de 16mm (au lieu de 15mm à l’origine). Au niveau du poids, le bâton pesait à 193 grammes à l’origine et en pèse 199 grammes une fois réparé, soit un surpoids de 6 grammes, moins de 3%, ce qui ne se sent pas, même aux derniers kilomètres d’une Transju !

 

Voilà qui est fait: un bâton aussi solide et rigide que l’original. Pour preuve, un  de mes bâtons de skating, réparé en 1992 et qui a subi sans soucis des milliers de kilomètres par saison. Une finition peut être réalisée avec une fine couche de résine époxy, puis une peinture polyuréthane.

 

Allez, je résume les opérations :

1.       Préparer les 2 bouts de bâtons, propres et mécaniquement assemblables

2.       Positionnement/ajustement du bâton sur le support en U afin d’avoir une parfaite rectitude

3.       Léger manchonnage éventuel pour parfaire la liaison mécanique

4.       Stratification de la première couche. En UD carbone ou en gaine tressée 45° carbone

5.       Polymérisation : >10h à 20°, puis >2h à 60°

6.       Enlever le tissu d’arrachage

7.       Stratification de la deuxième couche. En gaine tressée 45° carbone.

8.       Polymérisation : >10h à 20°, puis >2h à 60°

9.       Enlever le tissu d’arrachage

10.   Cuisson 2 semaines plus tard entre 80 et 120° (en fonction caractéristiques résine époxy)

11.   Finition : ponçage au grain 120, puis une fine couche de résine époxy

12.   Peinture polyuréthane éventuelle

 

En vous souhaitant du soin et de la patience,

 
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