Le
Constat:
En à peine 15 jours, on
apprend que 2 grands champions
souffrent d'une maladie peu
fréquente: la fracture de
fatigue de côte! Il a d'abord
s'agit du français Jean Marc
Gaillard et puis juste avant le
début de la saison 2015-2016
voici que Martin Sundby (N°1
mondial) publie la même
information.
Alors le hasard ? ou l'émergence
d'une nouvelle pathologie dans
le ski de fond ?....sachant
que jusqu'ici ce genre de
blessure se voyait surtout chez
le golfeur (traumatisme lié aux
swings répétés) et dans l'aviron
Circonstances de survenue des
fractures de fatigue
les
efforts sportifs excessifs
qualitativement ou
quantitativement exposent à
l’apparition de microlésions
pouvant provoquer des
microfissures qui en
s'élargissant peuvent devenir de
vraies fractures. Cela traduit
une désadaptation de l’organisme
à ces efforts
Les
premiers cas de fractures de
fatigue ayant été décrits par
des médecins militaires (le
médecin Allemand Bretthault en
1855 et un peu plus tard en 1877
par le français Eugène Pauzat
qui tous les 2 avaient constaté
des lésions sur les pieds des
soldats lors de longues marches)
Les causes possibles de ces
fractures chez le fondeur:
-
Le sur-entrainement bien
sûr est la cause la plus
logique, et Martin Sundby
est connu pour son assiduité
hors norme à l'entrainement,
il a même avoué cette année
un nombre record d'heures
d'entrainement ! Le niveau
de coupe du monde toujours
plus haut imposant désormais
toujours plus d'heures
d'entrainement
-
la pratique de plus en
plus répandue du ski-roue
qui par les impacts
répétés des bâtons sur le
goudron est bien plus
traumatisante que le ski sur
neige
-
l'excès de musculation
? et/ou sa mauvaise
gestion
-
La double poussée ? et
l'absence de prévention de
l'excès de la gestuelle trop
répétitive de la double
poussée qui est
actuellement "la technique
qui gagne" en style
classique
-
bâtons trop longs (pour
augmenter le bras de levier
en double poussée) et
trop rigides...
le traitement
Le
traitement est assez peu
spécifique et surtout assez
long:
-
A la phase douloureuse
initiale la plus forte, une
immobilisation "relative",
par plusieurs épaisseurs d'Elastoplaste
(R) collées sur la zone de
fracture est le moyen
le plus employé
-
On peut éventuellement faire
des injections locales
d'anesthésique, dont l'effet
reste toutefois assez court
(permet de faire un
entrainement si athlète de
haut niveau)
-
Mais s'il y a fracture, il
faut entre 1 et 3 mois avant
disparition complète des
douleurs,
-
avec souvent une gêne
nocturne et difficulté de
trouver un bonne posture
nocturne (pas de torsion du
corps ni pression sur la
zone douloureuse) et au
final un sommeil haché qui
fatigue l'athlète
Le diagnostic
-
Douleur progressive au
niveau des dernières côtes
(surtout 6 à 10) chez des
sportifs hyper-entrainés
-
Cette douleur est apparue
sans traumatisme initial et
progressivement,
-
elle va s'accentuer avec la
poursuite de l'entraînement,
puis devenir invalidante.
-
elle disparait plus ou moins
à l'arrêt de l'effort, mais
souvent entraîne un
inconfort nocturne pour des
gestes simples et d'autres
moins agréables
(éternuement, poussée lors
des selles...)
-
l'interrogatoire et le
palper guidé par le patient
retrouvent facilement le
point douloureux. La
radiographie ou l'écho
mènent vite au diagnostic,
une scintigraphie étant
possible et plus spécifique
en cas de doute ou de non
contribution des autres
examens
La
prévention possible
Devant l'absence
de réelle thérapie
efficace rapidement
(il faut souvent 2 à
3 mois pour voir
disparaitre
totalement les
douleurs, tant à
l'effort que la
nuit) il faudra
mettre l'accent sur
la prévention
-
Bien sûr éviter
le
surentrainement,
-
et surtout les
gestes
répétitifs qui
tirent sur les
côtes (double
poussée avec
"fouetté"),
-
Inventer des
pointes pour les
bâtons de
ski-roues qui
soient moins
traumatisantes
pour le corps
(en plus ça fera
du bien aux
oreilles !)
-
respect d'une
alimentation
riche en calcium
(1,5 g/j),
-
et d'une bonne
hydratation
-
renforcement du
grand dentelé
(serratus
antérior) par
antépulsion de
l'omoplate et
étirements (car
ce sont le plus
souvent les
côtes 6 à 10 qui
sont impactées
dans les
fractures de
fatigue de
côtes),
-
gestuelle de bon
positionnement
du thorax et de
l'appui sternal,
et
assouplissements
du haut du
corps,
-
information/prévention
des risques dans
les clubs dès
les catégories
jeunes....
|
Dr
Gilles PERRIN
-----------------
Références Bibliographiques
-
Aviron de haut niveau et
fractures de fatigue de
côtes (à propos de 12 cas)
PALIERNE C., LACOSTE A.,
SOUVETON D.), Journal
Traumatologie du Sport 1997,
14, 227-234.
-
Stress
fracture of the first
rib from serratus anterior
tension: an unusual
mechanism of injury.
Ann Emerg Med. 1990 Apr;19(4):411-4.
-
|