Jacques
Bertoncini .....Tout a commencé
au championnat du monde Masters
à Finsterau en 1994. L’Equipe de
France Masters, cette année là,
en était à ses débuts.
D’autres francs tireurs avaient
participé aux championnats du
monde dans les années
précédentes, mais 1994, marquait
le début d’une équipe de France
digne de ce nom.
Je
venais de rencontrer celui qui
durant 20 ans, allait porter
haut les couleurs de la France,
un dénommé Jacques Bertoncini.
En 1995, à Canmore, la WMA
organisait le 1er championnat du
monde des 50 kilomètres skäting.
Jacques en remportait le 1er
titre de l’histoire et son 1er
titre d’une très longue série.
Car pendant 22 ans, nous
n’allions plus cesser de nous
croiser. Ce qui n’est pas tout à
fait juste, je n’allais pas
cesser d’essayer de le
rattraper.
Aujourd’hui il a décidé de me
laisser aller à ma guise. Il m’a
ouvert la porte de notre
catégorie, il a ouvert la porte
du grand vide, il a pris la
porte et s’en est allé. Les bras
m’en sont tombés.
Jacques
pas si tôt !
Nous
venons de programmer des courses
jusqu’en 2023. Des parcours à ta
convenance. Des relances, des
forêts, des petits groupes à
l’intérieur desquels tu
excellais. Ton territoire, celui
au sein duquel tu t’exprimais le
mieux. Ta glisse, science exacte
pour toi, mystérieuse pour moi.
Ton art du fartage, ta boite
magique,
pleine de secrets, de
nouveautés, que tu ouvrais les
yeux pétillants de malice.
Jacques dois-je énumérer tous
tes titres ? 19 médailles, dont
7 en or/9 en argent et 2 en
bronze.
Dois-je raconter ces aventures
vécues ensemble au cœur des
stations les plus prestigieuses
du monde du nordique ? Celles de
Canmore, Kuopio, Folgaria, Lake
Placid, Grinenwald, Kiruna,
Mariatzeller, Quebec,
Lillehammer, Moscou ou
Oberwiesenthal , tous ces lieux
d’où tu es revenu avec
plein de trophées. Dois-je
parler de toutes ces rencontres
avec des noms qui font réver? A
Folgaria 1987 avec Maurillo De
Zolt, en 2003 à Seefeld avec
Bjorn Daelie ou à Lake Placid
1988, épreuve où tu montais 2
fois sur la plus haute marche du
podium, où tu étais le maitre du
monde.
Notre monde, celui de la glisse
et de l’effort. Celui que l’on
aime et qui aujourd’hui est
triste de ne plus pouvoir
t’accueillir. Nous on sait que
tu continueras à sourire en nous
voyant hésiter entre deux farts.
Quand une neige vicieuse nous
mettra en difficulté, d’un air
condescendant tu nous feras
savoir que décidément on est «
dur à la comprenette ».
Pardonne-nous mais cette fois on
a une excuse. Tu n’es plus là et
déjà tu nous manques.
Je
doute qu’il y ait une « Tempête
de ciel bleu » cet hiver.
Toujours, il y aura un petit
nuage blanc qui viendra rompre
la monochromie de la voute
céleste. J’essayerai d’y voir
une silhouette prête à bondir
sur un éventuel adversaire. Je
t’entends me résumer ta journée.
Que du « Bonheur », lors de ces
journées qui marient à la
perfection la neige, le ciel et
le physique. Le bonheur est
éphémère !
As
tu pris de quoi glisser au-delà
de la galaxie ? Si oui,
n’oublies pas de nous informer,
histoire de poursuivre
éternellement ce que nous avons
entamé en ce bas monde, écrasé
par la pression, la course la
plus futile qui soit, la course
à la liberté !
Gilles Grindler