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Bolchoï Alpinskiï Marafon 2020
 

Accueil > Récits exotiques

 

Article écrit par Boris PETROFF le 17 mars2020

 

 

Dans le Bam, tout est bonheur !

 

Eh oui, nous avons trouvé !

Trouvé le bonheur en cette saison 2020 : avec une course sur une bonne neige naturelle …et sans coronavirus !

A la mi-mars, cela existait encore : un peu loin, il est vrai, mais tellement beau.....A Ogonski.

 

Vous ne savez pas où est Ogonski ?

 

A 40 km au sud-est de Irkoutsk.

Irkoutsk ? C’est la capitale de la Sibérie orientale, à deux encablures du Baïkal. Vous savez, le plus grand lac du monde, la plus grande réserve d’eau douce du monde. 750 km de long, une cinquantaine de large et plus de 1600 m de profondeur. Le paradis caché de Philippe Tesson…

 

Mais revenons à Ogonski. C’est une sorte de colonie de vacances perdue au milieu de nulle part, sans village ni âmes qui vivent, sauf … sauf que c’est sur la ligne du transsibérien entre Irkoutsk et Oulan-Oudé (qui est, comme chacun le sait, la capitale de la République de Bouriatie). Sans doute la seule course populaire accessible en train et seulement en train (même si nous avons tenté et réussi la jonction en voiture : très déconseillée).

Ogonski : site du BAM, le « Bolchoï Alpinskiï Marafon », autrement dit du Grand Marathon Alpin ! Une course de 36 ou 50 km, style classique, qui porte bien son nom : plus de 1200 m de dénivelé positif…

Une course inscrite à la Russialoppet, ce regroupement de courses russes de longue distance (sorte de Worldloppet locale) et qui expliquait ainsi notre présence.

 

« Notre » présence : celle de 7 « frantsouski » qui avaient choisi de finir leur saison de cette façon. Des habitués de la Russie : mon épouse Isabelle, Régis Peschot (d’Annecy), Jean-Yves Comby (de La Pesse), Stéfan Thiery, Yves Martingay, Patrice Turlan et moi-même, tous 4 parigots. Ne manquait que le morvandot Dominique Thiery, hélas bloqué à la dernière minute par une artère peu compréhensive.

 

Un très joli profil, une course très pro.

Plus de 450 participants à ce marathon …alpin. Des costauds.

Le parcours est simple : une montée de 200 m sur les quatre premiers kilomètres puis 2 boucles (pour le 36 km) ou 3 boucles (pour le 50 km) de 14 km et un peu plus de 300 m de dénivelé par boucle. Bien sûr, après sa dernière boucle, il faut redescendre sur le départ qui est aussi ligne d’arrivée.  Il parait que les premiers dépassent le 70/80 km/h sur cette descente étroite et légèrement sinueuse !

 

Cette année, nous avons bénéficié d’une belle poudreuse, fartée, pour ma part, en poussette SWIX bleu extra des années 80 (-2°/-8°) parfaitement adaptée. Très bonne retenue (… et il en faut : la double poussée est franchement peu adaptée au profil du BAM) et glisse très satisfaisante.

Une piste plutôt étroite (jamais plus de deux traces) qui serpente joliment entre des forêts de bouleaux puis de pins. Un ravitaillement tous les 7 km, installé dans des abris de bois permanents. Magnifique.

Une ambiance à la russe : chaleureuse, excessive et tellement communicative !

Des descentes aussi nombreuses que les coups de cul, mais jamais piégeuses.

Un régal.

Mais un régal… exigeant. Le premier gagne, isolé, en 2h45’. Pour 50 km. Pour ma part, je me contenterai d’être 1er… français en 4h13 (et 4ème des plus de 70 ans…).

Jean-Yves (4h43), Régis (4h51) et Stéfan (5h20) terminent sans soucis le 50 km, quand Patrice décide (en course) de se limiter au 36 km (4h51).

Isabelle et Yves préfèrent, vu le profil, jouir du paysage et se promener sur une seule boucle (et donc 22km).

Petit détail amusant : au 46ème kilomètre, c’est juste avant d’engager la longue descente finale, de charmantes pin-up nous tendent un ultime ravitaillement. De couleur rouge pourpre. On avale sans inquiétude…

Surprise, c’est une sorte de vodka parfumée : bref cela frise les 40 degrés d’alcool et donne comme une secousse étrange pour aborder les lacets finaux !

 

Un hébergement et un accueil incroyables

La course se déroule un samedi. Départ à midi (horaire très habituel pour les courses russes : faut dire qu’en général les russes bouclent tous leur 50 km en moins de 4 heures et ne terminent donc pas à la nuit).

Pour notre part, nous avons quitté la France le mercredi vers midi. Arrivée à Irkoutsk (après une escale, une dizaine d’heures de vol et 7 heures décalage horaire) au petit matin le jeudi.

Le vendredi transfert sur Ogonski où nous sommes restés deux nuits. Hébergement en (rustiques mais confortables) cabanes de 4, situées à 500 m du départ. Ce « village vacances » est réservé aux concurrents du BAM et comprend une salle de restaurant ouverte quasiment jour et nuit et où de charmantes jeunes femmes servent des repas adaptés (nouilles notamment).

Et des douches avec …. « bania » (comprenez « sauna » …à plus de 100 ° Celsius !). Nous y avons croisé des skieurs, tous participants au BAM, dont quelques-uns déjà rencontrés les années précédentes lors d’autres courses de la Russialoppet. Belles retrouvailles, malgré les problèmes de langue.

 

A notre arrivée, un grand gaillard, qui fut en son temps champion olympique de patin à glace de vitesse, Artyom Detysshev nous accueille et présente les lieux. Heureux mais aussi très étonné qu’une délégation française participe à cette épreuve : du jamais-vu. Ou presque : seul un français (et pas n’importe lequel) est venu auparavant sur ce BAM : Bernard Chauvet ! Euh… je le rassure aussitôt sur les performances attendues de notre délégation.

Dans l’après-midi nous reconnaissons la montée et (pour Jean-Yves et moi la boucle de 14 km).

Jean-Yves, toujours curieux de tout, réussit à s’égarer.

19h00, il fait nuit et pas de Comby à l’horizon. Ni dans sa cahute, ni à la cantine, ni à la salle de fartage, ni au bania ! Nulle part.

Et bien sûr dans ce paradis du ski de fond, les mobiles ne passent pas. Aucun réseau…

L’inquiétude devient angoisse et nous envoyons deux forts gaillards en skidoo refaire la piste de nuit.

Alors qu’ils n’ont vu personne et repartent pour une seconde boucle à contre sens, la bonne nouvelle tombe : Jean-Yves a trouvé des bucherons qui le ramèneront at home. Mais il leur faudra près de 3 heures avant que leur Lada 4x4 n’arrive sur notre hébergement. Il est 23 h… et les « cantinières » décident de faire des heures sup’ et d’attendre ce pauvre français égaré.

Merci à elles.

A la remise des dossards, outre le bug aux couleurs du BAM offert à tous, les 7 français ont droit à un maillot vantant cette épreuve. Nous sommes gâtés.

Comme à chaque course russe que je fais (et c’est déjà la douzième différente) je suis surpris par l’attention qu’ont nos hôtes de vraiment bien nous recevoir. Cela fait chaud au cœur.

Et comme toujours mes quelques mots de russe me permettent, nous permettent d’échanger plus en avant … et de vanter notre Trrrransssjourasssieinnne que beaucoup connaissent, certains ont courue.

 

Un paradis touristique

Et comme toujours, cette course fut un bon prétexte à une sortie touristique merveilleuse autour de quatre temps forts :

-          Le Baïkal

-          Irkoutsk

-          Ekaterinbourg

-          … et le transsibérien.

Je vous renvoie aux photos prises durant ces quelques jours que vous trouverez en suivant ce lien :

https://www.flickr.com/photos/96201167@N06/albums

 

Mais je veux insister sur l’immensité de ce pays, de cette région et la simplicité avec laquelle on s’y déplace, on s’y intègre.

Le Baïkal, je l’avais vécu au printemps et en été ; c’est la première fois que je le fréquentais à la belle saison : en plein hiver, lorsque ses eaux sont durablement prises en glace. C’est un spectacle inoubliable, qui chaque minute présente des facettes différentes.

La poésie de cette glace transparente (jusqu’à 40 mètres, parait-il) qui dessine ici des fleurs, là des formes géométriques surprenantes, plus loin des lignes d’une droiture interminable …

Cette glace sur laquelle nous avons cheminé, en aéroglisseur, à plus de 90 km/h, cette glace que notre chauffeur a tendrement percée de sa chignole électrique pour fabriquer des verres naturels où verser de la vodka (de la « Baïkal » parfumée aux épines de pin) et nous permettre ainsi le bisou au Baïkal.

Cette glace, ce lac infini tout juste bordés par de hauts massifs (jusqu’à 3000 mètres de haut).

Tout un univers dont on ne se lasse pas.

Avec quelques surprises, comme ces patineurs qui glissent sur des patins montés de fixations salomon (avec des chaussures et des bâtons de skate). Jean-Yves s’est promis de s’en fabriquer à son retour dans le Jura.

Un univers dont nous nous sommes d’autant moins lassé qu’il faisait beau et pas vraiment froid.

 

Irkoutsk ? Relisez Michel Strogoff !

Irkoutsk : cette ville (qui dépasse tout de même les 700 000 habitants) est une capitale universitaire et culturelle … depuis que les décembristes (ces officiers de la Haute noblesse tsariste qui tentèrent au début du XIXème siècle une Révolution à la Française) y furent exilés (après tout de même 3 ans de travaux forcés en Sibérie extrême orientale). Une belle capitale avec ses grandes maisons de bois, ses églises très… orthodoxes, son quartier 130, petit bijou à touristes et son ambiance bien particulière. Les cosaques qui la fondèrent ne sont jamais bien loin.

 

Ekaterinbourg ? C’est la ville où le dernier tsar, Nicolas 2, sa femme, ses 4 filles et son fils furent exécutés en 1918. 7 églises majestueuses rappellent le souvenir de ces 7 martyres.

C’est surtout la limite géographique entre l’Asie et l’Europe. Une belle ville qui sait prendre ses sources des deux côtés de la « frontière » et unir les deux continents… Un lieu qui se fête symboliquement à coup de champagne (russe, évidemment).


la ligne de démarcation Europe/Asie

 

Le Transsibérien : nous n’y avons passé « que » 57 heures : de Irkoutsk à Ekaterinbourg. Peu à peu, on se prend à vivre le temps détaché. Rien à voir qu’une permanente succession de bouleaux, parfois entrecoupés de villages rudimentaires (quelques isbas de bois, un vague chemin les réunissant), plus souvent par de forts complexes industriels (des gros bâtiments aveugles, des grues, des rails, des rails, des rails…).

Et des trains de marchandises interminables (j’ai compté jusqu’à 75 wagons !).

57 heures sans rien de précis à faire, sans rien de nouveau à voir : que l’immensité de la taïga, ni à entendre si ce n’est le roulement régulier des bogies.

C’est sans aucun doute là le vrai charme du Transsib.

 

Bref que du bonheur et loin, si loin du coronavirus et des troubles que nous avons retrouvés bien vite en débarquant sur Paris-Charles-de-Gaulle le dimanche midi….

Rajoutez à cela un rouble sous-évalué (74 roubles pour un Euro) nous donnant la douce illusion d’être riche (un bon repas au restau pour 15 € tout compris, un litre de vodka (excellente) pour10 €, le demi de bière (sibérienne) à 2 €.

Mais surtout un peuple chaleureux, accueillant, serein. Heureux de partager.

Tout l’opposé de l’image triste et quelque peu angoissante que nous en avons, à tort, de Paris !

Sûr : on y retournera l’année prochaine autour de deux autres courses de la Russia.

 

Et, à propos de Russialoppet, elle compte désormais un 3ème français gold-master : l’ami Régis qui a achevé ici sa 10ème course différente sur (au moins) 5 régions différentes de l’immmmmense Russie. Bravo, Régis !

 

Boris Petroff



 

 

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