Disons tout de suite que cette année
2016, la neige était bien au
rendez-vous. Il avait certes plu les
jours précédents mais sur un très
confortable manteau neigeux.
Et
les traces étaient sublimes : un vrai
travail de pro, tant pour le skate qu’en
classique. Des pistes partout, des
signalisations encourageantes (« Pallas
26 km, Jeris 53 km… »), des parcours
raisonnablement pentus, des huttes pour
s’abriter le midi et même du bois pour
préparer un petit barbecue…Bref des
conditions top !
Lundi 11 avril : Keimiön Kiekerö, 60 km.
C’est une boucle. Qui part vite : les 20
premiers km sont plutôt descendants
entrecoupés de courtes côtes qui
s’avalent en force. Peloton très
discipliné : la piste est n’est pas très
large mais chacun prend soin de l’autre.
Et bien vite nous voici sur un premier
lac, traversé d’autant plus vite que
nous sommes vent arrière. Juste le temps
d’une photo ou deux et nous attaquons la
principale (la seule ?) difficulté du
parcours ; la remontée sur les plateaux,
sur Keïmiö qui donne son nom à cette
étape. Un peu plus de 200 mètres de
dénivelé en 3 km. Mais quel spectacle
une fois monté là-haut. Rephotos…
Descente facile, rapide qui n’eut été
que du bonheur si je ne m’étais pas fait
déposer par une dizaine de skieurs à la
glisse fabuleuse. Ce n’est plus de la
Cera qu’ils appliquent mais quelque
sauce finlandaise inconnue au
bataillon !!!
Retour sur le lac par une piste
magnifique qui tourne doucement monte et
redescend comme des pas de valse.
Puis trois traversées de lac. Enfin
traversée…dans leur longueur ! Et qu’ils
étaient longs avec ce même vent mais qui
n’était plus du tout vent arrière mais
bien de face. Difficile de s’abriter
quand on n’est plus que deux ou trois
dans le même tempo.
La
température, fraiche au départ, s’était
bien réchauffée à cette heure avancée de
la journée (départ à 10h30) et au sortir
du dernier lac ce n’est plus vraiment de
la neige mais de la soupe de printemps.
Dommage parce que les 5 derniers km
remontent sur la station d’Olos quittée
quelques heures plus tôt. Ca brasse un
max et après 55 km ce n’est pas que du
plaisir.
J’en termine en 4h01 (15 km/h de
moyenne) : très heureux de ce chrono …
qui me laisse cependant à près d’1h30
des premiers et à la 240ème place sur
310 ! Peut mieux faire…
Et
font mieux les quelques français
présents cette année dont Philippe Morel
du Massif Central (3h09) ou Régis
Jourdan des Dragons d’Annecy (3h38).
Mais je prends 18 minutes à mon neveu
peu habitué aux longues distances.
Mercredi 13 avril : Himmelriikin Hiihto,
50 km
Ce
que nous avons fait la veille ? Un peu
de tourisme, beaucoup de repos et une
séance de paraffinage.
La
météo a changé. Neige la veille au soir
et surtout belle nuit froide, au ciel
dégagé.
Le
bus nous emmène d’Olos vers Raatama.
Avec une confortable marge : nous
attendrons près d’une heure trente
l’heure du départ. Heureusement la
Lapponia Hiihto est sponsorisée par les
Lapland Hotels, très belle chaîne
hôtelière de toute la Laponie
finlandaise. Et c’est au chaud à
quelques mètres du départ que nous
attendons le starter. On papote… Il n’y
a pas beaucoup d’étrangers : une
trentaine, venus d’Estonie, de Russie,
d’Allemagne, de Suisse (avec Daniel
Sandoz pour la plupart) et bien sûr de
Suède ou Norvège si proches.
25
km pour monter sur Pallas, puis 25 km
pour redescendre sur Olos. Enfin à 3 km
d’Olos : l’arrivée est toujours la même
et sérieusement pentue pour les deux
avant-derniers km.
Le
soleil brille, la neige est
merveilleusement gelée : c’est le
paradis. J’ai rarement eu de si belles
conditions de course. Un régal. Et
malgré le départ assez lent (½ h pour
les 5 premiers km tout en côte, mais le
même temps pour les 10 suivants en pente
douce) je finis ces 50 bornes en 3h07… 2
minutes derrière mon neveu. Mais à moins
d’une minute de Régis Jourdan. 238ème :
je suis constant. D’ailleurs je termine
main dans la main avec un suisse, Harald
Kraft : comme l’avant-veille…
Vendredi 15 avril : Karra Huikonen, 80
km.
La
veille ? Nous nous sommes rongés les
ongles. La météo a changé.
Il
est annoncé de fortes chutes de neige et
des rafales de vent (de face bien sûr
pour cette longue traversée) constantes
pour ce vendredi.
Le
bus quitte Olos à 7h00. Heure
finlandaise… mais pour nous qui sommes
divinement logés à 10 km de là, à
Rajaama, en Suède il est 6h00 quand part
ce bus ! Lever à 4h45 !
Faut dire que chaque jour nous aurons
changé de fuseau horaire au moins deux
fois.
9h00 : après 1h30 de bus et une
demi-heure d’attente dans un nouvel
hôtel de la chaîne de Lapland H nous
voici sur la ligne de départ à Hetta. Il
ne neige pas … mais le vent par contre
est bien au rendez-vous. Une saloperie
de vent de face qui ronfle de façon
permanente, bien axé en pleine tronche,
à 30 ou 40 km/h.
Ce
devait être une (longue) partie de
plaisir, c’est un effroyable enfer qui
dure près de 60 km. Jamais rencontré de
conditions aussi difficiles. Pas un
arbre, pas une côte sévère pour couper
ce vent.
Et
mon neveu qui rêvait deux jours plus tôt
de skier sur ces Tunturi sauvages et
désertiques !!!
C’est par petits groupes de 4 ou 5,
constitués au hasard des regroupements
que nous tâchons de nous relayer aux
avant-postes. Le vent fait même des
congères sur cette neige fraiche de la
veille et déstructure la glisse. Par
principe je n’abandonne pas. Mais
combien même l’aurais-je voulu : pas une
route, pas un chemin, pas une sortie sur
cet enfilement de Tunturi (voir
définition plus haut). Et bravo aux
ravitailleurs qui sont montés sur les
plateaux en skido avec une remorque … et
aucune protection efficace contre ce
satané blizzard.
Au
30ème km je rattrape mon neveu
visiblement en perdition. Il collera une
concurrente qui malheureusement (pour
lui) décroche de notre petit groupe. Il
lui en coûtera un gros quart d ‘heure à
Pallas, 55ème kilomètre où nous sommes
déjà passé mercredi.
Pallas ? La fin de nos tourments. Les 25
derniers km, sont en forêt et plutôt
descendants. Ouf… Au ravito je me fais
un sandwich fromage jambon qui me
redonne le moral.
Autant ce fit un régal le mercredi,
autant ce fut un cauchemar ce vendredi.
Juste à cause du zef !!!
Au
total je mettrais 5h50 pour finir cette
dernière étape de 80 bornes. Ex aequo
avec mon Suisse des jours précédents !
251ème. Mon neveu Romain est loin
derrière mais Régis et Philippe … loin
devant !
Il
ne nous reste plus qu’à avaler la
délicieuse soupe servie à l’arrivée (la
même chaque jour mais qui s’en
plaindrait tant elle était succulente),
filer à la piscine pour une douche et un
sauna bouillantissime qui remet les
muscles à l’endroit et retape le c