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Article écrit par Boris Petroff le 16 octobre 2015

Boris Petroff nous a déjà habitué à des reportages qui sentent le vécu et la passion du ski de fond, et en particulier récemment un article un peu provoc "je suis le meilleur" ou il nous relate ses 28 Vasa.
Cette fois il nous narre : ses 17 Transju dont 3 ultra-trans... une sacrée tranche de vie de fondeur, et une personnalité aussi hors du commun qu'attachante.

*****

Tout a commencé en … mars 1977. Je ne jurais que par le ski alpin, et... ma compagne (de l’époque) craignait la vitesse
       Ben, on n’a qu’à essayer le ski de fond : parait que c’est « pépère » que je lui dis.

Et nous voilà inscrits à l’OCCAJ d’Autrans, à un stage de découverte du ski de fond.

Skis à farter (je m’en souviens encore : des Fisher Europa glass), technique, invités d’honneur… : tout était impec dans ce stage de découverte.

Le jeudi soir se pointe un petit bonhomme costaud et passionné avec sous le bras un film sur son dernier enfant : « La traversée du Vercors ». Dans ce film, un parisien comme moi, explique qu’il prend le train de nuit le vendredi pour Grenoble (eh les jeunes, y avait pas de TGV à cette époque) pour courir cette épreuve ! Et rentrait sur Paris le dimanche soir. Rien que ça.

Bien sur le petit bonhomme, à qui je dois tant, j’appris plus tard à mieux le connaitre…c’était Claude Terraz, le Claude Terraz !

 

Moi qui approchais la trentaine, habitais résolument la capitale ; n’avais jamais songé que je pouvais faire du sport, encore moins (quelle horreur) porter un dossard, je me suis dit..

-         Ptit loup, un jour c’est toi qui feras ce truc !

Ni une ni deux : j’ai arrêté de fumer, je me suis acheté des Fisher Europa glass (avec des fixations norme 45 qui vous faisaient de ces ampoules sur le dessus du pied..) et j’ai attendu l’hiver suivant !

 

Février 1978 : un stage à la Mecque du Ski de Fond, l’accueil montagnard de Chapelle des Bois. C’est qu’on se renseigne vite, même à Paris !

Février 1979, nouveau stage à Chapelle, mais l’objectif se précise : « stage de préparation aux courses populaires ». Géant. J’y ai même déniché la femme qui depuis cette date partage ma vie ! Et en final à ce stage… une Envolée nordique avec mon copain Jef connu à Autrans 2 ans plus tôt.

 

Et je ne m’étais pas trompé en regardant ce court film à Autrans : mon bonheur est bien dans ce pré là ! Trop tard pour partir sur la Traversée du Vercors et je me contente du Massacre. Et puis le Jura c’est vraiment le royaume du ski de fond.

 

Inopinément j’apprends qu’une sorte de Traversée du Jura était à l’étude, qu’elle aurait du avoir lieu ce même hiver 79 mais que bon, cela ne s’est pas fait.

-         Ca te dirait une Traversée du Jura, que je lui propose à mon Jef ?

-         Of course !

-         On s’inscrit l’hiver prochain ?

-         Chiche !

Et c’est ainsi que, forts ( ?) dans toute notre vie de sportif de 3 stages d’une semaine de ski nordique et 4 courses (en début d’année 80 nous avions fini les championnats d’Ile de France, 15 km, et le Grand Paradis, 45 km), nous voici à 5h30 du matin, sur la Combe du Lac à Lamoura…

 

Salut Pierrat, t’es pas tout seul !

… Ah cette 1ère Progressisme du Jura !

Je l’ai racontée par le détail dans la revue de l’ANCEF, Ski de Fond de France N° 15.

Extraits :

« Lamoura, 5h30 le 17 février 1980… Il pleut de la neige fondue. Que farter ?!? (…) Finalement je me décide pour une sous-couche de skare spécial SWIX que je recouvre de paraffine argent puis deux fines couches de klister rouge Rode. Par précaution j’emmènerai avec moi quelques farts de correction : du klister jaune, du Silver une raclette et une poussette de jaune Ex Elite ».

Heureusement que j’ignorais totalement à l’époque que l’on pouvait paraffiner ses skis pour gagner en glisse ! J’ai même failli emporter une spatule de rechange. Et faut voir les photos de ces années là : knickers jusqu’aux genoux et chaussettes hautes de belle laine…

« 8h00 : les 1800 concurrents piaffent et s’impatientent. Bruits de skis entrechoqués. Que j’aimerais être spectateur et voir cette masse que nous formons s’élancer sitôt le filet levé. (…) Et c’est parti ! La recette pour les courses de grand fond est simple (osais-je écrire alors, moi qui n’avais couru que 3 courses populaires) partir très vite, accélérer progressivement et terminer au sprint. C’est à peine une boutade en ski de fond tant il importe de bien se placer dans les premiers km. Je passerai peut-être 8 à 9 heures sur les skis : qu’importe, il faut s’imposer un départ canon. Avec les embouteillages rituels des 2ème ou 3ème km je pourrai récupérer mon souffle…(…)

Les Rousses. Il est de bonne heure encore, 9h30, pourtant tout le village est là et les vacanciers forment sur plus d’un km une haie d’honneur : quelle consécration pour le modeste parisien que je suis…(…)

Bellefontaine … La neige devient de plus en plus lourde. De la soupe. L’accroche est bonne mais je n’ai plus de glisse. Plus la force non plus de pousser sur les bâtons. Tenir, tenir jusqu’à Chapelle des Bois que je connais si bien. Mais qu’est-ce que je fais là ? Quelle idée absurde ! Popaul m’a redoublé, sans même remarquer mon calvaire. Je n’avance plus. Je profite des plus petites pentes pour me laisser glisser assis sur les talons. Mais que c’est dur. Je me fais violence pour continuer. On n’abandonne pas au 55ème km. Je m’accroche à mon objectif des 6 heures pour tenir le rythme. Ma seule préoccupation est d’éviter les fautes dans le transfert de poids d’un ski sur l’autre, dans l’impulsion, dans l’accroche. Je ne cherche plus la vitesse mais l’économie, l’efficacité. Au comble de ma détresse, j’entends les spectateurs commenter l’arrivée des premiers ! (…)

La Combe des Cives : je la connais comme ma poche. Une succession de bosses dessinant un faux plat montant. Mon accroche supérieure à celle des autres que je vois reculer, ma certitude maintenant de terminer me donnent le tonus nécessaire pour repartir à l’attaque. (…)

Plus que 15 km, 14,13, 12 : je skie mécaniquement, sans recherche, pour en finir. J’en ai franchement marre. Voilà 5 heures que nous avons quitté Lamoura. Vivement que ce soit fini. Le reste du parcours descend légèrement. Je suis encore dans mon timing. Et je m’y accroche pour pousser sur les bâtons et grandir les foulées.

Mouthe. Le dernier kilomètre. Nous sommes follement applaudis. Un sourire pour les photographes. Depuis une demi-heure nous skions dans un environnement … très printanier : plus de neige alors que sous nos skis. La pluie tombée la veille a balayé les derniers centimètres. Quel courage et quel enthousiasme a-t-il fallu à ces bénévoles inconnus qui, pelle à la main, ont charrié des centaines de m3, des tonnes de neige, pour que nous puissions glisser jusqu’à Mouthe, terme de la merveilleuse aventure, atteint après 5h56’. Moins de 6 heures : contrat rempli.. (…)

Auxonne. 21h00 : au restau sur la route du retour sur Paris, on reprend bien vite les kg perdus dans la journée. Chacun raconte sa course. Déçu ou heureux : dans 15 jours ou l’année prochaine, on remettra ça. L’ivresse du grand fond. »

 

Quand je relis cet article 35 ans plus tard, je me dis que rien n’a vraiment changé !

Si ce n’est que l’ami Terraz a bien changé… ma vie puisque je vis toujours cette ivresse du grand fond.

Du reste nous avons couru notre première Traversée du Vercors, mon copain Jef et  moi, cette même année : le 16 mars 1980.

1981 : on parle déjà de Transjurassienne !

Bien sur je suis revenu l’année suivante. Toujours avec Jef. Mais aussi avec mon épouse, rencontrée deux ans plus tôt skis aux pieds. Nous ne sommes pas encore mariés mais c’est tour comme.

Je crois me souvenir qu’il y fit bien froid au moment de partir de Lamoura ! On gelait grave. Certains évoquèrent jusqu’à moins 25¨°…Mais bien vite le soleil fut de la partie. Et la neige aussi  Jusqu’à deux mètres de hauteur sur le massif. Pas de soucis pour enneiger Mouthe jusque devant la Mairie où était tendu le fil de l’arrivée.

On faisait le détour par le Brassus « bienvenue au pays du fondant ! » mais on snobait Prémanon city se contentant de saluer l’Ecole nationale.

Bien sur il n’était pas question de « style » : le patin n’avait pas ôté ses roulettes et tout le monde skiait en classique… sans le savoir.

Toujours la même tenue (knickers, chaussettes hautes, pull) mais des toutes nouvelles chaussures et fixations Salomon qui ont bien vite fait oublier les trop légères Adidas à tige de l’an passé !

Je termine 802ème en 5h51’ : 5 minutes de moins qu’en 1980. 6h30 pour Jef et 7h52 pour « mon » Isabelle. Dans mes notes je signale que Claude Terraz finit 31è en 4h03.

Le pli est pris : je serai un fidèle de cette Progressisme du Jura. Même si déjà ce nom (lié au journal sponsor de l’épreuve) s’estompe et qu’on évoque maintenant plus facilement l’appellation de Transjurassienne. On ne dit pas encore Transju. Quoique…

Cette Transjurassienne fut par ailleurs mon premier pas dans le monde international de la Worldloppet. Elle venait d’être admise dans ce cercle restreint des 10 plus fameuses courses de longue distance de ski de fond du monde. Ce fut le premier tampon de mon premier passeport. Il me fallut 9 ans, à raison d’une course internationale par an, pour le boucler. Je fus le 511ème Master au monde.

Grâce à la Transju….

 

Je ne dirai rien de ma 3ème participation en 1983 : je venais de changer de boulot, après une année de quasi chômage. Une grosse erreur de fartage au départ : les skis qui bottent. La voiture parquée à Lamoura (on dormait, tant bien que mal, à Neige et Soleil ou un nom comme ça dans un centre de vacances idéalement situé à deux pas du départ). Bref j’ai rangé mes lattes, récupéré l’auto et suis bien vite reparti sur Paris, la queue basse.

Je crois qu’en 37 saisons et 318 courses de ski c’est la seule fois que j’ai abandonné !

Cet abandon s’explique aussi par le fait que, forfait en 1982 pour cause de Marcialonga je n’avais pas pris … le train des sénateurs ! J’en avais loupé une : c’était fini pour moi. Cet abandon n’était pas conséquent. Et le lundi matin à 8h00 je commençais un tout nouveau métier comme Secrétaire général adjoint d’une grosse ville de la banlieue parisienne. Valait mieux pas avoir les yeux au bas du menton. Depuis ils s’y sont habitués…

 

Le passage au skate

Pour un parisien qui bosse normalement (j’étais cadre et … fonctionnaire et donc m’envoyais des semaines de 45 heures !) marié avec 3 puis 4 enfants, il n’est pas simple d’aligner les week-ends de ski, surtout pour des épreuves finalement éprouvantes. Engagé dans le circuit de la Worldloppet (Gatineau en 84, Finlandia et Birkebeiner en 85, Engadin en 86, König en 87 et Dolomiten trois semaines plus tôt), je n’ai retrouvé le chemin de Lamoura à Mouthe qu’en 1988.

Je ne garde pas de souvenirs marquants de cette Transju si ce n’est que je sortais d’un colloque très arrosé à Lyon, que c’était ma 1ère Transju en skate (et encore l’une de mes premières longue distance dans un style appris tout seul et que j’étais très loin de dominer).

Si, une anecdote : j’avais réussi à m’inscrire sans licence ni carte neige ni ticket course (cela n’existait pas à l’époque)….

Bref, je mis 40 minutes de plus que les premières années en alternatif.

Et la parenthèse Transju devait encore rester fermée plus de 10 ans.

Je ne saurais pas dire pourquoi : j’ai toujours adoré le parcours, jamais craint la montée des Ministres ou la descente sur Chaux Neuve ni ne fus rebuté par sa longueur. Tout au contraire. Il est vrai que 1988 est aussi l’année où je fis mes premiers pas (Worldloppet oblige) sur la Vasaloppet et qu’instantanément je décidai que « celle-là je la ferai tous les ans jusqu’à ce que mort s’en suive ! »

Bref il fallut un anniversaire, le 20ème, pour que je retrouve le 21 février 1999 tous les copains de la Transjurassienne.

La course des braves

C’est par ce titre que le journal local rend compte de cette édition. Quant à Stéphane Passeron il dira à juste … titre que « cette année là la Transjurassienne eut 2128 vainqueurs ». Les 2128 skieurs qui n’abandonnèrent pas (sur plus de 3000 partants).

Une météo infernale, des trombes d’eau au départ : le bus parti de Chapelle nous avait lâchement plaqué au dessus de la Combe du Lac dont nous craignions tous qu’elle justifie pleinement son appellation lacustre ! Je nous revois, Hurbin, Godichon et tous les autres potes, serrés les uns contre les autres pour nous donner chaleur et moral. Que l’attente du départ fut longue.

Et une fois parti… ce fut pire. Pour je ne sais quelle raison les skis collaient littéralement à la neige. Même dans la descente sur Bellefontaine il me fallut pousser sur les cannes. Une horreur permanente.

Cette année là je mis plus de 7heures (7h03’ exactement) pour relier Lamoura à Mouthe. Je n’en tire aucun mérite si ce n’est de n’avoir pas plié mes gaules à Chapelle où tant de connaissances m’eurent volontiers hébergé ou ailleurs.

La Transju ne fut pas, cette année, la seule épreuve WL à souffrir d’une météo impossible : 15 jours plus tard, à Mora en Suède, même pluie, même neige lourde, impossible à farter. Des traces inexistantes et 90 km de calvaire. Sur 15 883 partants seulement 10 893 classés à l’arrivée. Du jamais vu à la Vasa…

 

Un parcours de replis

Deux ans plus tard, en février 2001, j’eus beau m’inscrire, je fus privé de Transju… comme tout le monde, faute de neige.

En 2002 j’ai longtemps craint que les mêmes causes produisent les mêmes effets. Le mardi 12 février le thermomètre annonçait + 8° à 1100 m. Le mercredi 13 « un épisode de pluies assez marquées suivi d’un rafraichissement est attendu au cours de la nuit de mercredi à jeudi. La neige se limite aux sommets… » Que je n’aurais pas aimé organiser la Transjurassienne à la lecture d’un tel bulletin météo.

Bon, la course eut lieu. Et c’est l’essentiel. « Sur un parcours totalement inédit entre Lamoura et Prémanon » dixit l’organisateur. Avec un passage à faire deux fois. Bref un peu d’embrouille pour les meilleurs. Pas pour moi.

Ouf : je me souviens des propos de Jean Claude Dalloz quelques semaines plus tôt : « après l’annulation des épreuves en 2001, il faudra que 2002 soit une grande réussite de manière à ne pas plonger Trans’organisation dans un cahot qui pourrait compromettre son existence future. Mais la Transjurassienne n’a-t-elle pas vécu des étapes plus difficiles… ».

J’ai répondu présent. Sur ce parcours de replis qui ne manquait pas de panache. A défaut de neige il y eut du soleil et de la bonne humeur, malgré les quelques bousculades inévitables sur certaines portions ré-enneigées tant bien que mal. J’en profitai pour prendre une bonne trentaine de photos : finalement une Trans réduite à 54 km, cela laisse du temps libre !

 

Le beau retour du classique !

Cela faisait des années que je l’appelais de mes vœux et enfin la Transju s’y mettait. Classique le samedi et libre le dimanche.

Comme tant d’épreuves de la Worldloppet.

La Trans’Marathon classique est ainsi programmée le samedi 19 février 2005. Pourquoi « seulement » 42 km.  Je n’en sais rien. Dommage : cette distance ne permet pas d’obtenir un tampon GOLD sur son passeport de la Worldloppet. A l’inverse le départ de Chapelle des Bois, le passage par le Glacier (aux Marais), le final sur la route de la vraie Trans me ravissent. Je me sens chez moi.

Pour manifester mon assentiment devant cette courageuse décision j’envoie très tôt mon bulletin d’inscription. Si tôt que William Trachsel m’adresse un petit mot de remerciement : « vous êtes le 1er inscrit sur la Transju 2005 et surtout félicitations pour votre engagement sur les deux disciplines : libre et classique. Bravo de relever un tel défi (…).

Car bizarrement, la notion d’UtraTrans n’existe pas encore en 2005. Il n’y aura pas de classement officiel sur les deux styles. Peut être que cela paraissait inconvenant pour les organisateurs ? Pourtant mon ami Hannes Larsson, 74 ans à l’époque, alignait depuis des années déjà les deux courses WL, classique ou skate le samedi et réciproquement le dimanche partout où c’était possible.

Sur le 42 km classique, mon ami japonais, Minoru Matsuyama, est de la partie. Mon Isabelle aussi. Autant qu’il m’en souvienne il y eut belle neige et belles traces pour célébrer le retour du classique sur la Trans’. Je finis dans les 100 premiers (99ème pour être honnête) en 3h21.

Minoru (tout juste sorti de l’avion le jeudi soir) et Isabelle, main dans la main en 4h30.

Dimanche 20 février, rebelote sur les 76 km de la vraie Transju

Il y a toujours Minoru mais aussi des amis australiens que je cornaque sur cette WL française. Et mon jeune neveu Romain dont c’est la 1ère Transjurassienne. J’avais choisi un hôtel à Morez pour ne pas trop galérer.

A 6h précise nous faisons le poireau devant le supermarché de Morez où la navette est prévue de s’arrêter.

Une heure passe : rien. Des bus mais aucun ne stoppe. On se les caille…

Nous sommes une trentaine à nous inquiéter de plus en plus !!

Que décider ? Petit à petit tout le monde cherche une solution de rechange. Pour ma part, à 7h15 je retourne à l’hôtel, réveille Isabelle, mets les chaines sur ma Zafira et nous voici à sept personnes partis sur Lamoura. Mais la route est complexe, il nous faut faire bien des détours pour atteindre enfin la Combe du Lac.

Il est 8h05 quand nous arrivons. La première ligne est partie. Heureusement nous n’en sommes pas …

Ce fut une année enneigée : trop ! De fortes chutes de neige durant la course rendent les 76 km plus longs encore. 6h52’ pour moi, 6h55’ pour Minoru, 9h11 pour notre australien, Alan Rae, qui fit toute la course en alternatif et sans trace. Bravo à lui.

Pas de nouvelles de mon neveu que j’espérais retrouver à Mouthe.

La nuit est tombée et il nous faut rentrer sur Paris (Isabelle nous attendait à Mouthe). Au moment de quitter le village j’entends le speaker annoncer l’arrivée du dernier. Quel qu’il (ou elle) soit, il mérite notre respect. Je gare la voiture et nous filons tous sur la ligne d’arrivée l’applaudir comme il se doit.

Et stupéfaction : voici qu’est annoncé et arrive, fatigué mais comblé, mon neveu ! Il aura mis 9h56’20’’ pour relier Lamoura à Mouthe. « Dont 30 km avec le scooter des neiges dans mon dos et les pisteurs m’invitant à renoncer à chaque ravito ! ». Sacré Romain, t’es bien un Petroff !!!

Au fait, cette année là, nous étions 9 à terminer ce qui deviendra l’Ultratrans.

Trois semaines plus tard, à Mora, pour ma 17ème Vasa… je mettrai (en alternatif) 4 minutes de moins  pour 14 km de plus…

 

Une vraie UltraTrans

L’année suivante, 2006, nous remettons le couvert.

Mais intelligemment, les organisateurs de la Transju sont passés à 50 km pour la course en style classique avec un départ des Rousses.

Il fait très beau, sans doute un peu froid, la neige est belle et les traces magiques pour ce « nouveau souffle du classique » comme le dit Ski de Fond Mag. Les arbres sont givrés, la traversée des Rousses grandiose.

Bref tout va très bien Madame la Marquise… sauf que la bise s’est levée et …souffle en rafale après Bellefontaine. Juste pour justifier le titre de Ski de Fond Mag !

A Mouthe, après en réalité 53 km, je passe la ligne (en 4h43’) sous les applaudissements appuyés du speaker… qui félicite la petite jeune fille qui termine sur mes talons : Fanny Girod, que nous avons connue toute bébé à nos débuts en ski de fond ! C’est son père, Jean-Luc Girod, qui organisait avec Roland Tuetey ce fameux stage de préparation aux courses populaires en 1979, vingt six ans plus tôt !

 

Le lendemain, retour sur la grande.

Moins 21 ° au thermomètre. La course est décalée d’une demi-heure. Heureusement le vent de la veille s’est calmé.

Cette année c’est mon plus jeune fils, Alexis, qui m’accompagne sur la Trans’. Il est … transi de froid, gelé, bien incapable d’aligner les km. Mais il est là ! Nous dormons dans un gite en contrebas de la Combe du Lac que nous rejoignons skis aux pieds. C’est cool    mais fait très froid et ça monte raide !

Je ne suis pas bien remis des efforts de la veille et la nuit fut tourmentée, toute agitée par les « alpins » qui avaient prix possession du gite.

 

6H56’ : décidément la Transju n’est pas une course qui me réussit. Alexis abandonne au 38ème km, à Bois d’Amont retour : « trop froid pour continuer ! »

Bon, j’aurai toujours rempli mon contrat des 130 km en deux jours, mini exploit que je reproduirai le week end suivant au Canada pour les Gatineau courues par une température encore plus rigoureuse : moins 18 ° seulement … mais avec un terrible vent incessant le samedi !

 

Replis sur le Massacre

2008 : à nouveau l’UtraTrans, à nouveau une multitude d’amis venus du monde entier : le classique attire indéniablement tous ces admirables vieillards (… de mon âge) qui restent fidèles à leur style de début.

Dont notre excellent Doug, Douglas Jackson, australien de Sydney, Nouvelle Galle du Sud.

Doug et son épouse Tim ont passé la semaine en Engadin. Il est prévu qu’ils nous récupèrent le vendredi vers 18h00 à la gare de Genève. Pour notre part, Isabelle et moi, sautons dans un TGV vendredi après midi, directement du boulot.

18h00 : pas de Doug à la gare de Genève ! Ni dedans, ni dehors, ni à côté, ni un peu loin…

Cela ne lui ressemble pas.

18h15 : on fini par se joindre par téléphone….. Il est à plus de trois  heures de Genève ! Il s’est fié (en bon australien qu’il est) au GPS de sa BMW de loc. qui l’a fort aimablement guidé … sur une route fermée l’hiver ! Le temps d’arriver au pied du col fermé, de comprendre son erreur, de faire demi-tour et choisir un itinéraire plus adapté à la saison, il n’est pas annoncé à la gare de Genève avant 21h00.

C’est catastrophique parce que nous avons rdv à Prémanon chez une personne que je ne connais pas avant-20-heures-au-plus-tard pour récupérer les clefs de la maison qu’une copine nous prête sur Prémanon le temps du week end.

Je me renseigne sur les bus pour Prémanon. Que dalle bien sur ! Louer une voiture et la laisser dimanche quelque part dans le Jura ? Difficile (et surement très couteux). Trouver un taxi ?

Bref, on est dans la merde.

Je téléphone à mon aimable correspondant à Prémanon (heureusement que j’avais son N°) pour négocier quelques heures de retard où une autre façon de récupérer les clefs.

Et là, magie du ski de fond : notre « portier » n’est autre que le responsable des navettes à la Transju ! C’est le plus grand des hasards car c’est en tant que voisin de sa résidence secondaire de Prémanon que ma copine parisienne le connait. Elle-même n’est pas skieuse.

« Si vous pouvez être dans une demi-heure sur le parking de l’aéroport de Genève, je fais patienter un chauffeur de navette qui devait prendre des concurrents… qui ont loupé leur avion et n’arriveront que demain. Il connait mon adresse : il vous déposera devant chez moi… »

Tout devient simple. En1/4 d’heure de train nous sommes à l’aéroport, 5 mn plus tard dans minibus Peugeot et une heure plus tard à Prémanon où cet excellent ami (dont le nom m’échappe) nous reçoit avec toute la gentillesse jurassienne.

Et nous ouvre les clefs de notre paradis de Prémanon (dont il a ouvert le chauffage quelques heures plus tôt : un régal).

Et il ne nous reste plus qu’à attendre, au restaurant, nos australiens qui finissent bien par arriver, confus mais heureux de ce beau dénouement.

 

… Et à nouveau un parcours de replis.

Départ Combe du Lac et arrivée … à Prémanon.

Le départ est fixé à 10h00, à ¼ d’heure de notre hébergement. C’est bon les grasse- matinées un jour de course. Si le parcours est « animé » : 50 km sans franchement de moments calmes ou plats, la neige est sublime, le ciel d’un bleu sans faille et le soleil généreux. 3h47 pour moi, 3h51 pour Minoru revenu cette année, 4h13 pour l’inusable Hannes Larsson et 4h18 pour Doug.

Le lendemain je remets le couvert en skate mais accompagné de mon Isabelle avec qui j’ai promis de faire cette Transju.

Même décor que la veille sauf que… la neige tendre des pistes en classique est devenue (dans les descentes) méchante glace vive ! Eprouvantes à monter et crispantes à descendre, les bosses deviennent vite pour isabelle un cauchemar. Au ravito du 25ème je la sens hésitante. Heureusement Roland Tuetey est là qui joue (aussi) les bons samaritains pour je ne sais quel copain. Dans la dernière vraie côte, après le 34ème km, elle s’arrête purement et simplement. Elle ne déchausse pas mais se refuse à repartir. Comme je l’incite (un peu vivement) à ne pas s’endormir si près du but… elle me plante franchement son bâton dans le mollet.

Je comprends la leçon et c’est tranquillement, main dans la main, en amoureux, que nous finissons cette Transju : la 3ème pour Isabelle et ma 11ème si je compte bien.

Mon neveu, mieux préparé que l’an passé, termine en 3h15…

 

Le  « bi-Style » reconnu officiellement

J’ai repris gout à « ma » course Worldloppet, je veux dire à celle courue dans « mon » pays.

Et c’est tout naturellement que je redouble les Transju en 2009 après les essais bien transformés de 2005, 2006 et 2008.

En 2007 j’étais au Japon à Sapporo, le jour de la Transju dont je ne suis pas sur qu’elle ne fut pas annulée faute de neige.

2009 : je dors au collège des Rousses le vendredi soir. C’est top : sur la ligne de départ du 50 classique. Au mur dans ma chambre des posters de fillette de 14/15 ans visiblement amoureuse de quelque chanteur de moi inconnu. Un beau lieu, attachant, confortable pour une paire de nuits…

Romain m’y retrouve le samedi matin pour que nous fassions de concert ce parcours classique. Temps couvert, neige bizarre, que nous fartons sans grande précision.

A la sortie des Rousses, son téléphone sonne : sa fille restée à Lyon avec sa maman, a eu un malaise et il a fallu la transporter à l’hôpital ! Inquiet il attend (et moi avec lui bien sur) des nouvelles plus fraiches. Le temps passe. Les skieurs plus lents aussi !!

Finalement après une vingtaine de minutes tout le monde est rassuré et nous reprenons la route. Le fart est de plus en plus incertain. A Bois d’Amont avant d’escalader les Ministres nous choisissons de nous faire refarter sur le stand Toko.

Catastrophe : nous bottons grave ! Je ne sais quelle mixture (franchement inadaptée) nous avons récoltée sur nos skis mais Romain autant que moi restons collés au sol. Nous n’avons ni raclette ni rien d’assez aiguisé pour enlever cette couche de glue. Mais si : mon appareil photo… il est métallique et plutôt tranchant. Et il nous sauvera la mise. Finalement après 4h28 de péripéties diverses nous passons la ligne d’arrivée à Mouthe, bien contents de cette sortie commune. Il ne me restera plus qu’à défarter mon appareil photo !

Un bus nous ramène presque directement sur le collège des Rousses où je retrouve mes posters et quelques amis.

Dimanche, navette réglo pour Lamoura et nous voici repartis pour un tour. Un peu plus long.

Toujours de la neige épaisse et qui brasse un max, toujours un temps couvert, toujours l’impression que la TRANSJU ce n’est pas ma course !

Peut-être que j’ai tort d’enchainer classique et skating. Peut-être que je suis trop gourmand.

Mais encore une fois je mets près de 7 heures pour cette Trans’. Je suis certes classé au challenge bi-style mais à la 26ème place sur 29. Pas terrible le Popoff…


Le traditionnel bouchon de Bois d'Amont

 

En 2010 pourtant, je remets ça

Toujours un hébergement au collège des Rousses mais nous y serons 4 : Régis Peschot, Xavier Hurbin, Romain et moi. Romain que j’ai retrouvé à Lyon Part Dieu et qui nous emmène aux Rousses

Toujours un doublé classique et libre.

Samedi, 50 km classique : une fois encore la neige est belle et le temps clair. Ce qui nous laisse apprécier ce parcours dont je n’ai encore rien dit mais qui est un régal pour les yeux. Après une petite boucle rapide autour des Rousses nous rejoignons sur la route de Bois d’Amont le parcours habituel de la Trans. La montée sur les Ministres avec son petit raidillon de départ, ses plats montants successifs et l’ultime coup de rein avant de passer le ravito des Ministres et peu après entamer la longue descente sur Bellefontaine.

Le petit pont sur les Lacs, la lente remontée sur Chapelle, le passage sous le portique chapeland juste derrière l’église, la Combe des Cives, la courte mais sévère côte pour le pré Poncet, la dégringolade sur Chaux Neuve et ses tremplins (Salut Jason : on pense bien à toi), le détour derrière Chaux Neuve et la traversée de Petite Chaux. Encore quelques petites bosses quand on n’en veut plus. Le passage, assez nouveau et fort sympathique, en forêt avant d’entrer à Mouthe par le poste frontière.

Et Mouthe transformé de fond en comble pour accueillir de bien belle manière les concurrents. Seul regret : pas de café ouvert pour se taper une bonne pression !

 

Oui c’est une belle course la Trans et je crois qu’elle n’a rien à envier aux plus grandes Worldloppet.

Cette Trans classique, je la boucle au 292ème rang en 3h46’. Régis me prend 5 minutes et je bats Xavier de 17 minutes, Romain de 1h05. Mais il est vrai qu’il est né du temps du skating et n’est pas encore bien à l’aise en classique.

Au fait je ne parle jamais des premiers, parce qu’ils ont la grande presse pour ce faire. Mais c’est un vétéran, Rézac, qui gagne en 2h24’.

 

Dimanche retour à la Combe du Lac pour une vraie Transju de 76 kilomètres. Guère de souvenirs si ce n’est d’une neige froide et donc peu glissante. Ce qui n’est pas de nature à me réconforter après mes efforts de la veille. Au passage devant le fort des Rousses, je passe à la Sylvie (Comby) à qui j’avais donné précisément rendez-vous là, son passeport et celui de Jean-Yves : je me suis occupé de leur visa pour la Russie où nous allons de concert le mois prochain… C’est plus sur que la poste…

J’en finis en 6h43 loin derrière Régis (5h32) et battu par Xavier (de 30 minutes). Et je ne parle même pas du chrono de Christophe Perillat : 3h23. Presque deux fois plus rapide que moi…Décidément il faut que j’arrête le doublé Classique/skating.

Retour cool sur Paris en TGV de Frasne, grâce à la navette Mouthe-Frasne : belle idée.

Le Jura se prend des airs de Sibérie !

En 2011 je retourne à Sapporo.

2012: dans l’espoir d’améliorer mon chrono je fais l’impasse sur le 50 km classique et ne m’inscris qu’au 76 skate.

Comme l’écrit Gilles Perrin sur le site des Masters, « ce fut une édition glaciale et hyper venteuse. -17° au départ et -23° ressenti, avec un vent violent, incessant et soufflant parfois en rafales ». Suffit de voir comment on était habillé avec des bouts de scotch sur tout ce qui pouvait dépasser (nez, joues...).

Isabelle qui devait prendre le départ du 54 km aux Rousses… reste prudemment au chaud dans la voiture et aura la bonne idée de nous attendre à l’arrivée. Nous ? C’est que le Romain est encore de la partie.

Après Les Rousses, cela devient véritablement insupportable avec cette bise glaciale qui vous cingle le visage de face. On n’ose pas doubler, restant prudemment aussi protégé que possible derrière celui de devant, quelle que soit sa vitesse !

Le bruit se propage dans le peloton : « parait qu’on ne va pas au Brassus… Parait qu’on monte directement sur le Risoux à Bois d’Amont. Parait… ». Comment cette info est-elle arrivée dans le peloton ? Mystère. C’est trop beau pour être vrai. Chacun y croit sans trop y croire cependant. Quelle déception si c’était une (mauvaise) plaisanterie !

Et puis il s’est avéré que c’était exact. Tant pis pour les Suisses. Moins que les 6 km sauvés, c’est les ¾ d’heure de souffrance en moins qui nous réjouit tous. Dans le Risoux on sera à l’abri et sur Chapelle il fera peut-être meilleur et on aura moins de vent. Oui, c’est sûr…

En effet la montée du Risoux, surtout avant la première épingle, avec le vent arrière, fut un régal. Après Bellefontaine la bise s’était calmée. Chacun reprenait espoir, certains sortaient même des traces pour risquer un dépassement…

Mais après Chapelle, catastrophe : la bise redoubla d’efforts. Comme pour nous garder plus longtemps avec elle ou nous ramener à Lamoura ?

On finit bien par finir : 6h17’ pour moi (pour seulement 70 km) et 7h35 pour Romain, trop frêle pour bien supporter de tels froids.

 

Le temps des gelures

2013 : on prend les mêmes et on recommence !

Une nouvelle fois je décide de faire l’impasse sur le classique du samedi.

Et c’est en famille que j’attaque cette nouvelle Transjurassienne : ma 17ème participation.

Romain et Alexis courent les 76 comme moi, Isabelle, Nicolas (mon autre fils) et Hervé (mon gendre) se contentant des 54 km.

Comme toujours je pars un peu juste de mon hébergement (le fameux chalet de Prémanon dont j’ai pris cette fois ci les clefs à Paris…) et arrive à 5 mn du départ sur la Combe du Lac. La météo est annoncée plutôt cordiale : moins 5 ou moins 8 au départ et se réchauffant progressivement dans la journée avec le soleil.

J’ai amené mon (gros) appareil photos pour immortaliser tous ces Petroff en Transjurassienne.

Et donc des gants assez fins : pour être à l’aise pour les différents réglages.

 

Il ne reste plus que deux minutes pour rejoindre ma ligne de départ (la seconde parce que je suis Ambassadeur) et je n’arrive pas à faire le nœud de mon sac vestiaire. Je m’énerve, ce qui n’arrange rien.

 

« Départ de la seconde ligne dans une minute … »

Excédé, j’enlève mon gant et finis par boucler ce sac. Je me regante à tout de vitesse et file jeter mon sac dans le camion ad hoc : j’arrive juste à temps dans l’enclos quand se lève le filet.

Je trouve que l’air est bien frais pour -8°.

 

J’ai rendez-vous avec Isabelle quelques km après les Rousses. Vu qu’elle part une heure trente après moi, je devrais rapidement la rattraper.

Les premiers km de la Transjurassienne sont rudes. Ca monte dès qu’on quitte la Combe du Lac. Cela monte encore pour le fort des Rousses. Et curieusement je n’arrive pas à me réchauffer ; la neige crisse étrangement pour la température annoncée Mais je ne pense guère à cela, préoccupé à ne pas arriver sur les concurrents du 54 km avant Isabelle (… je ne pourrai pas en ce cas la rattraper !) ni trop après.

Pas de nouvelles de Romain ni d’Alexis : normal ils sont partis en 4ème ligne et n’ont pas encore refait leur handicap.

« Coucou ma chérie ! Me voilà » 

Comme prévu entre les Rousses et Bois d’Amont, mais assez près des Rousses je retrouve ma belle Isabelle. Elle tire fort la langue. Visiblement c’est un jour sans.

« Tu sais combien il fait ? »

« Non, assez froid j’ai l’impression »

« Pour sûr : moins 15° ! Parait que vous avez eu jusqu’à -18 ° ce matin sur la Combe du Lac… ».

Demie surprise pour moi. Je trouvais aussi la météo bien optimiste. Mais je n’avais pas franchement eu le temps de m’attarder Combe du Lac.

Je lui demande des nouvelles des gamins ?

« Nicolas est parti comme une fusée, entrainant dans son sillage Hervé. Dès le premier km je les ai perdus de vue… ». Sacrés gamins.

Les kilomètres passent… au rythme d’Isabelle qui n’est pas le mien. J’ai beau sprinter puis m’arrêter le temps de quelques photos je ne me réchauffe pas. J’ai froid nulle part mais je sens comme un engourdissement.

Bois d’Amont retour. Comme souvent par neige froide, la glisse est médiocre et Isabelle ne prend aucun plaisir à cette Transju. Finalement elle décide d’arrêter là son clavaire.

Et me libère. Je monte assez bien les Ministres, enchaine à fond sur Bellefontaine et Chapelle, rejoins mon gendre dans la Combe des Cives. Quelques photos et je repars.

Dans la descente sur Chaux Neuve je manque de peu m’écraser sur un pauvre gars qui semble s’être pris les pieds dans les spatules.

Pas de trace de Nicolas.

A 100 m de l’arrivée, Isabelle est là qui m’applaudit.

Passée la ligne, je reviens sur mes pas et questionne Isabelle :

« T‘as vu Nico ? Je ne l’ai pas doublé »

« Non : je crois qu’il n’est pas arrivé mais il ne doit pas être loin : vous êtes passés à quelques minutes l’un de l’autre à Chaux Neuve »

Je l’ai sans doute loupé à un ravitaillement.

 

Je me place à un endroit stratégique, ressors l’appareil photo et attends.

Peu de temps après, en effet, le voici qui arrive. Usé mais ravi.

Et il m’engueule

« Ca t’a pas gêné de me passer dessus dans la descente sur Chaux Neuve ! C’est tout juste si j’ai eu le temps de me recroqueviller pour te laisser passer ! »

Le tas en vrac dans le canion, c’était mon Nicolas !!!

Quelques minutes plus tard c’est Hervé qui déboule.

Isabelle m’apprend que Romain et Alexis ont abandonné l’un à Bois d’Amont retour, le second à Chapelle : tous deux pressés de retrouver leurs chéries et peu emballés par le manque de glisse.

Je remballe mon appareil photo, rechausse mes skis et me décide à récupérer mon sac vestiaire, me doucher, manger.

Surprise sous la douche : ma main droite (celle dont j’ai ôté le gant au départ pour ficeler mon sac) est toute blanche. Les doigts réagissent mal, ils sont gonflés. Aucune douleur mais peu de réaction dans cette main droite. Isabelle consultée me convainc bien vite d’aller à l’infirmerie.

« Engelures manifestes » diagnostique le médecin qui me plonge la main dans une bassine d’eau tiède.

« Aie ! »

La douleur m’arrache un cri.

« Bonne nouvelle, ce n’est pas complètement gelé » me dit alors le toubib portant occupé ailleurs.

Quand l’eau commence à fraichir, il m’enduit la main d’une potion grasse et me renvoie dans mes foyers en me conseillant vivement d’éviter le froid pendant un ou deux mois.

Au fait j’ai fini cette Transju en 7h02 (dont une demie heure environ perdue –fort agréablement- aux côtés d’Isabelle entre Les Rousses et Bois d’Amont retour).

 

Il ne me reste plus qu’à rentrer en auto sur Paris.

Ma main, enfin dégelée, ne me fait absolument pas souffrir. Pas plus de douleur en dégelant qu’en gelant le matin à 8 h00 Combe du Lac.

 

Ne pas exposer ma main  au froid ! Il en a de bonnes le médecin : samedi prochain je suis au Canada pour la Gatineau (55 classique et 55 skate) puis en Suède pour la Vasa (30 et 90 km classique) puis en Pologne pour la Bieg (10 km, puis 50 classique et 30 skate), en Suisse pour l’Engadin (42 km skate) et enfin en Norvège pour les Birkebeiner (54 km classique le vendredi et kif kif le samedi)….

A Paris je prends d’urgence rdv chez mon médecin.

Peu habitué aux gelures il consulte internet.

« C’est comme un œdème »

Il me fait une ordonnance pour des piqures (pour supporter l’avion et les changements de pression), une crème grasse et m’invite fortement … « à faire gaffe ! Vaut mieux perdre une course que ses doigts).

 

Epilogue : quatre doigts (tous sauf un bout du majeur) sont devenus noirs. Insensibles. Par respect pour mon environnement j’ai gardé continuellement un gant fin noir sur la main droite pour masquer le désastre.

J’ai couru toute mes courses avec des chaufferettes et une moufle à la main droite (sauf la Gatineau skate : il faisait -20° et un peu de vent. J’ai préféré m’abstenir et me contenter du 55 km classique de la veille).

Au bout de 4 semaines la pourriture noire est tombée et une belle peau rose l’a remplacée.

Depuis je fais simplement attention quand il fait un peu froid ; Mais j’en veux tout de même un peu aux organisateurs de la Trans qui ont annoncé une température clémente quand celle réelle au départ de la course frisait si ce n’est dépassait la limite autorisée.

Bon c’est oublié et je suis pressé d’enfin battre mon record sur la Trans… maintenant qu’elle est raccourcie à 68 km. Ou sans doute 69, même si accoler ce nombre à L’amour à Mouthe peut en effet prêter à sourire….

Boris Petroff

 

Récapitulatif

Année

Style

Distance

Temps

1980

Classique

76

5h56

1981

Classique

76

5h51

1983

Classique

/

Abandon

1988

Skating

76

6h34

1999

Skating

76

7h03

2002

Skating

54

4h21

2005

Classique

42

3h21

2005

Skating

76

6h52

2006

Classique

53

4h43

2006

Skating

76

6h56

2008

Classique

50

3h47

2008

Skating

50

5h20

2009

Classique

50

4h28

2009

Skating

76

6h57

2012

Skating

70

6h17

2013

Skating

76

7h02

Total

6 cl et 9 sk

977 km

Dans les 85 h

 

   
 

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