Introduction
Evelyne
et moi nous sommes enfin inscrits à cet
événement, dont nous avions envie depuis
des années. Isabelle et Boris nous en
parlaient régulièrement, comme d’un
parcours incontournable dans la vie d’un
skieur de fond. Mais 440km sur 7 jours
en style classique, ça se prépare, par
un bon entrainement et une bonne
technique. Quand on s’inscrit, 6 mois
avant l’épreuve, c’est un coup de poker
vis-à-vis des conditions météo et de
neige. A la lecture des compte rendus
sur l’édition 2014, je me réjouis de
n’en avoir pas fait partie tellement les
conditions de neiges et de pistes
étaient déplorables (glace, boue,
ornières, …). En 2015, en dépit d’un
début de saison doux et sec, la neige
semble être tombée suffisamment sur le
parcours : 1m en moyenne.
Le but
de ce récit est bien entendu narratif,
mais est surtout destiné à ceux qui
projettent de s’inscrire à cette épreuve
une prochaine année. Le récit se voudra
en particulier instructif sur
l’organisation personnelle pour aborder
cet événement.
En
raison d’une chute dans le marathon
classique de la Gseisertal Lauf (Tyrol
italien), Evelyne se fracture une
vertèbre, et m’encourage donc à partir
seul en Finlande.
Description de la course
Le
principe est simple : rallier la
frontière suédoise en partant de la
frontière russe, en 7 jours, par des
traces souvent préparées juste pour cet
événement, avec transport des bagages
d’hébergements en hébergements. Le
parcours emprunte occasionnellement les
belles traces de centres nordiques. 4
groupes de 40 à 80 personnes se
succèdent sur 4 jours. Je m’étais
inscrit dans le groupe 2, qu’on appelle
donc RRH2.
http://rajaltarajallehiihto.ranua.fi/In-english/Frontpage
Logistique, transport
Participant à la Bieg Piastow, j’ai
choisi le vol Prague-Helsinki-Oulu que
la Finnair propose pour seulement 220€
aller/retour. Avant que l’avion de la
Finnair ne se pose à Helsinki, je
survole cette myriade d’ilots de
l’archipel finlandais, qui me rappelle
le labyrinthe parcouru cet été ici même
avec notre voilier Boisbarbu. Il pleut
sur Helsinki et seules quelques plaques
neigeuses rappellent que nous sortons de
l’hiver. Il faut penser à avancer sa
montre d’une heure pendant la
correspondance pour Oulu. A l’aéroport
d’Oulu, les bagages sont vites retirés
(il n’y a que 2 tapis dans la salle
bagage) et la douane vite passée. On est
immédiatement sur le trottoir, ou le bus
n°6 part toutes les demi-heures pour le
centre-ville d’Oulu, ou j’ai réservé une
chambre à l’hôtel Forenom, devant la
gare ferroviaire. Le lendemain matin,
j’aurai juste à traverser les rails par
le passage sous terrain, pour déboucher
sur la gare de bus en partance pour
Kuusamo.
A Oulu,
force est de constater qu’il y a très
peu de neige, et que la température est
à la débâcle. Les champs sont
partiellement couverts de 5 à 10cm de
neige.
Le bus
pour Kuusamo part à 11h, au quai n°4,
pour arriver à destination 3 heures plus
tard, à 14h. C’est avec 2 jeunes
américaines de Minneapolis , inscrites
pour la RRH1, que je fais le trajet.
Nous voici rassurés : la neige est là,
sur une trentaine de cm, tout au long de
la traversée de la Finlande, 100 km au
nord d’Oulu.
Nous
convenons de partager le taxi pour
rallier Oivanki, situé à une quinzaine
de kilomètres de la gare routière de
Kuusamo, quand le chauffeur accepte
finalement de nous emmener jusqu’à notre
destination. Ouf, c’est plus simple. Le
centre sportif d’Oivanki est encore très
calme, caché dans une grande forêt de
sapins.
http://www.oivanki.fi/en/
.
Nous y
sommes attendus et très bien accueillis
dans le bâtiment principal ou le diner
est servi de 16h30 à 18h et la collation
du soir, de 19h30 à 20h30. 3 petits
bâtiments de chambres et dortoirs sont
dispersés au milieu des arbres, ainsi
que la salle de fartage super équipée,
puis le sauna en bordure du lac, comme
il se doit, pour « profiter » du bain
d’eau glacée au bout des quelques
marches de bois qui descendent vers
l’embarcadère.
Je suis
dans un dortoir de 4 lits, assez
spacieux, avec WC et douches dans le
couloir. A la réception, 2 PCs sont en
libre-service, et le Wifi est gratuit.
Du dortoir, je capte le Wifi grâce à mon
antenne amplificatrice, que je conseille
à tous ceux qui se déplacent avec leur
PC. Pour moins de 30€ et un encombrement
minimum, elle permet de décupler la
distance et la puissance de captage d’un
spot wifi. C’est l’antenne Alfa Network
AWUS036H, qu’on trouve facilement sur
internet.
Le soir,
je pars tester mes skis sur quelques
boucles de 5km, éclairées par des
réverbères. Le soleil se couche ici à
17h30 pour se lever à 7h. C’est pleine
lune ce soir, mais les nuages nous
privent du spectacle.
Jeudi 5 mars : veille du départ
Tous les participants se retrouvent au
centre sportif d’Oivanki à l’est de
Kuusamo, tel +358 (0)40 860 8608
Ils arrivent par les bus, ou en
voitures, pour le diner à 17h. Le temps
de s’installer dans les chambres, de se
détendre au sauna, et de glaner les
conseils de fartage de la part des
autres, qui eux aussi se posent les
mêmes questions pour demain, devant
cette neige ingérable. Alors pour les
prévoyants et chanceux qui ont une paire
d’écailles ou de nanos ou de peluches ou
de zéros, le choix est fait, ils
prendront ceux-là et conserveront les
skis à farter pour des jours meilleurs,
c’est-à-dire un peu plus froids, ou
carrément plus chauds. Le meeting à 20h,
dirigé par Anitta, nous brief sur toute
la semaine.
Tout est résumé et expliqué dans un
livret qu’on nous confie avec notre
badge, les numéros de téléphone
d’urgence, des auto-collants pour les
skis, des rubans rouges pour marquer nos
sacs, et un bonnet de laine bleu
surmonté d’un pompon blanc. Nous voilà
prêts et sereins pour affronter toutes
ces étapes, en commençant par la
première de 62km dont le relief est un
des plus difficiles de la semaine, selon
les organisateurs. Un petit souper après
20h, comme dans tous les pays
scandinaves.
Vendredi 6 mars : 1ère étape
63 km à destination du Spa Hotel Kuusamo’s
Tropiikki cottages
Après un petit déjeuner très copieux,
porridge et gelée de myrtille oblige,
nous prenons le bus pour Kuusamo ou on
récupère quelques derniers arrivants,
pour filer vers l’est à la frontière
russe ou se trouve le départ.
Au
milieu de nulle part, aussitôt sorti du
bus, chacun saute sur ses planches et
file dans la montée. Au début, je
croyais que les gens testaient leur
fartage, mais non, ils sont partis pour
de bon. Les 5 premiers kilomètres sont
très ludiques : 2 belles descentes bien
rapides, puis montée si raide que
certains la montent à pied alors que
nous sommes en canard complétement
ouvert. Il y a au moins 30° de pente.
Puis on sillonne sur une mauvaise trace
entre les pins et les bouleaux très peu
espacés. Il faut pas se rater. Nous
longeons une ligne de poteaux jaunes
qu’il ne faut absolument pas dépasser,
car ils préviennent de la frontière
russe qui est sur la crête à quelques
centaines de mètres.
Les
montagnes en face sont russes et aussi
désertes que de ce côté. Les finlandais
ont coutume de dire en blaguant, que sur
ces premiers kilomètres, on a intérêt à
courir très vite si on ne veut pas se
prendre une balle dans le dos. Puis la
trace devient bien meilleure, tracée par
un scooter, en sillonnant dans les
forêts. Les premiers sont partis comme
des boulets, on ne les reverra pas. Je
file à bonne allure, mais sans être en
mode course, en m’accrochant à 2
monitrices américaines du Minnesota. Le
premier ravitaillement (ici, ils disent
Service Point) de Suorajarvi se fait
attendre : il est à 20km du départ et ne
nous fournit de toute façon que du jus
de fruit chaud. C’est un mélange de
fraise, myrtille, pomme, très dilué,
mais ça désaltère. Le deuxième, est à
Virkkula, au 29ème km :
toujours du jus de fruit, mais avec le
bus, près à recueillir ceux qui
fatiguent, se découragent ou sont trop
en retard. Vive le 3ème
ravito, celui de Uuttusuo au 41ème
km, sous un cabanon, ou le braséro
réchauffe un peu et ou on nous sert une
bonne soupe bien garnie, une tartine au
fromage, et une purée de myrtille
chaude, avec quelques cornichons
concombres. Après la neige du matin, la
pluie-grésil me prend à la sortie du
cabanon. Une gangue de glace se forme
sur mes habits. Un dernier jus de fruit
au 55ème km à Nissinvaara, au
chaud cette fois. J’apprends que je suis
le 11ème à passer. Le décor
des 15 derniers kms est moins
attrayant : le parcours suit la tranchée
d’une ligne électrique, en grands dos
d’âne.
Mais sur
une si longue traversée de tout un pays,
n’est-il pas normal de passer par des
endroits moins excitants que la
Scandinave d’Autrans. Très beau finish,
autour d’un lac, avant d’arriver à notre
hébergement : un énorme hotel de
vacances : le Holiday Club « Angry Birds ».
Très luxueux, mais démesuré pour notre
groupe et détonant de l’esprit nordique
de cette semaine. Consolation : le sauna
est très chaud, les chambres
confortables, le wifi performant, et la
nourriture variée, gouteuse, et en
quantités.
·
Heure de
départ : 9h.
·
Longueur
de l’étape : 63 km
·
Conditions météo et de neige : de -2° à
0°. Temps gris, couvert, bouché. Neige
le matin, et pluie pendant une heure
l’après midi
·
Qualité
du traçage : Au scooter, généralement
bonne, sauf au début dans la taiga de la
frontière russe. Excellente sur le
domaine de la station Uuttusuo.
·
Nombre
de ravitaillements : 4, dont un avec le
déjeuner. On peut regretter qu’il n’y
ait rien à se mettre sous la dent dans
la plupart des ravitos. Il faut donc
emporter avec soi quelques vivres de
course pour échapper à la fringale.
·
Villages : juste vu quelques maisons
dans le dernier tiers. Sinon, nature
nature.
·
Beauté
et intérêt des paysages : relief
beaucoup plus rudes que mes attentes, et
taiga très variée avec des traversées de
rivières gelées et 2 petits lacs.
·
Dénivelé : 750 m+
·
Accueil
des gens : très gentils à tous les
ravitos
·
Heure
d’arrivée : 16h10. Je ne regrette pas
mon choix de skis à écaille, les Fischer
Crown, qui ont eu une glisse
exceptionnelle sur cette neige humide,
un peu savonneuse, et une accroche très
bonne, sans être parfaite. 70% du
parcours s’est fait en poussée
simultanée, sur les longs plats montant
ou descendant.
·
Qualité
de l’hébergement : Exceptionnel, et même
démesuré
·
Qualité
de la nourriture : Exceptionnel
·
Salle de
fartage : petite salle au sous-sol de
l’hôtel, avec 2 formes de fartage et des
étriers à skis.
·
Wifi :
excellent et puissant dans toutes les
chambres
·
Divers :
Sauna énorme, piscine, spa, massages, …
Samedi 7 mars : 2ème étape
63 km
à destination du Cottage/Hotell Herkko à
Taivalvaara,Taivalkoski, tel. +358
(0)871 71 700
Du gros hôtel, nous montons tous dans le
même bus pour rejoindre le départ, à une
vingtaine de km à l’ouest de Kuusamo, ce
qui nous évite la traversée de la ville,
et raccourci l’étape de 72 à 60 km.
Les 40 premiers km sont tout droit, et
presque complétement à plat, sur un
plateau, en pleine forêt. C’est en fait
tracé sur une voie ferrée construite
pendant la guerre par les prisonniers
allemands sous les armes russes.
Beaucoup sont morts en construisant
cette voie pendant 3 années dures. Puis
les russes se sont fait repousser chez
eux, et cette voie n’a jamais ou très
peu servi. Une bien triste et sombre
histoire de cette guerre.
Cette longue ligne droite, bien que
monotone, est propice à la méditation
alors qu’on est dans un état second dû à
la répétition du geste que l’on
travaille pour en aiguiser l’efficacité.
Je suis à la tête de 4 allemands qui
sucent mes talons et s’abritent du vent
de face. L’allure est très rapide et en
longues foulées. Ils me remercieront
ensuite, mais j’aurais préféré qu’ils
prennent de temps en temps le relai.
Entre le 40ème et le 50ème
km, on peut déplorer de suivre souvent
le bord de la route, dans une trace de
mauvaise qualité, parfois parsemée de
cailloux dangereux pour les semelles des
skis. Cette monotonie aurait pu être
rompue par une trace passant à travers
la taiga qui n’est pas très dense dans
cette région. C’est juste que le scooter
des neiges, ne s’est pas cassé la tête
et a préféré tirer tout droit. Dommage
pour l’intérêt de l’étape.
Ceci n’est pas une course ! On ne cesse
de se le répéter, mais pourtant,
on est un certain nombre à se tirer la
bourre devant, juste pour la beauté d’un
geste efficace, la griserie de la
vitesse, le gout d’un mouvement
dynamique et fluide, le plaisir de la
glisse. Et c’est vrai que le temps
maussade ne nous encourage pas à trainer
dans les parages.
·
Heure de
départ : un peu avant 9h
·
Longueur
de l’étape : 60 km
·
Dénivelé : 330 m
·
Conditions météo et de neige : -2° avec
un vent de face 12 à 15 N. Ciel très
couvert et neige l’après-midi. Trace
poudreuse à gelée
·
Qualité
du traçage : très bonne au début dans la
poudre, faite au scooter tout le long.
Trace évidemment moins prononcée et plus
aléatoire dans les parties glacées.
Quelques descentes dangereuses dans les
7 derniers kilomètres.
·
Nombre
de ravitaillements : 5 assez bien
répartis, avec jus de fraise chaud, et
carrés de chocolat, raisins secs et
cornichons concombres. Le ravito au 30ème
km était sous tente, autour du feu, et
avec une excellente soupe au saumon, et
quelques petits pains sucrés. Sinon, les
autres ravitos sont en plein air. On n’y
traine pas, car avec le vent, il fait
froid.
·
Villages : on ne traverse ni ne voit
aucun village
·
Beauté
et intérêt des paysages : très monotone
et plat sur les 50 premiers kilomètres.
Taiga et toundra, parfois quelques
petits lacs.
·
Accueil
des gens : gentils et souriant aux
ravitos
·
Heure
d’arrivée : 15 h15, après 6h30 de course
·
Qualité
de l’hébergement : hôtel sympa, de très
bonne qualité.
·
Qualité
de la nourriture : Excellente et à
volonté
·
Salle de
fartage : petite avec une seule forme
·
Internet/Wifi : wifi dans le hall, et
dans les chambres si on a une antenne
·
Divers :
séance de massage pour 25€. Très
agréable, puissant et efficace.
Dimanche 8 mars : 3ème étape
58 km à destination du Lodging
Syötekeskustel.
+358 (0)8 815 4000
C’est la plus belle journée pour le
parcours sauvage et fluide. Mais aussi
la neige la plus collante. Et on ne
glisse pas. On prend du temps. C’est 90%
de pas alternatif, et de la poussée dans
les plats descendants. Ça colle ! A
l’arrivée, on est dans une station
d’alpin, au pied d’un téléski en T que
l’on emprunte pour se rendre à l’hôtel
en haut des pistes.
·
Heure de
départ : 9h
·
Longueur
de l’étape : 58km
·
Dénivelé : environ 500 m
·
Conditions météo et de neige : pluie le
matin, température +2°, neige détrempée
et peu glissante
·
Qualité
du traçage : exceptionnelle tout du
long, et surtout passant dans les
forêts. C’est le plus beau jour depuis
le départ
·
Nombre
de ravitaillements : 4, et un au 28ème
km au chaud, dans un bar ou on mange des
sandwiches. Le bus peut prendre là les
découragés
·
Villages : on traverse quelques maisons
à mi-parcours
·
Beauté
et intérêt des paysages
·
Accueil
des gens : très gentils bien que peu
expansifs. Des bonshommes de neige sont
préparés aux ravitaillements
·
Heure
d’arrivée : 15h30
·
Qualité
de l’hébergement : bon hôtel
·
Qualité
de la nourriture : très bien
·
Salle de
fartage : grande, spacieuse, 4 formes
·
Internet/Wifi : oui
·
Divers :
on peut acheter des farts a l’hôtel :
seule possibilité pendant la semaine.
Massage disponible
Lundi 9 mars : 4ème étape
88 km à destination de l’Hotell
Ilveslinna à Ranua, tel. +358 (0)16 3551
201
Hier soir, la salle de fartage était
électrisée de fébrilité. Chacun
argumentant sur le fartage du lendemain,
sur l’opportunité des skis à farter, ou
des écailles, ou des peluches, ou des
ski zéro. Aucun consensus ne se dégage.
Les plus influençables modifient dans
l’urgence plusieurs fois leur fartage.
J’ai opté pour une solution assez
classique : Klister Start Universal, sur
une base de Skare Bleu Rode. En effet,
le ciel devrait se dégager pendant la
nuit et devrait nous geler la piste dans
les premières heures de la matinée, pour
ensuite se réchauffer avec le soleil et
ramollir la neige. Chacun essaye de
cacher son anxiété devant une telle
distance : 88 km. Au briefing, les
instructions de course concernant le
parcours, les ravitos et surtout
l’emplacement ou le bus pourra prendre
les retardataires, ne sont pas claires,
sans que l’on comprenne pourquoi. Le
départ officiel est donné à 7h30, avec
possibilité de prendre le bus pour nous
descendre au bas de la station, et ainsi
éviter
la descente des pistes gelées d’alpin.
Avec les espagnols
et américains, nous décidons de partir à
6h30, au petit jour. Lever 5h30.
Nous nous couchons tard, sachant
pourtant qu’il faut se coucher tôt, nous
mangeons beaucoup, dans la peur de
manquer, et dormons mal avec
l’inquiétude de cette longue étape qui
nous attend, dans des conditions
difficiles à prévoir.
La descente gelée des pistes d’alpin
(piste verte ou bleue) est assez
rocambolesque. Certains descendent à
pied, ce qui n’est pas mieux avec des
chaussures de fond. Au bas de la
station, un magnifique igloo de glace a
été construit. Brrr, on était mieux à
l’hôtel.
Le
soleil levant allonge nos ombres à
l’infini sur la toundra rosâtre puis
jaune. La trace est glacée, très rapide.
Les 15 premiers kilomètres, vite avalés,
nous amènent, tout frais, devant le
premier ravito ou on nous sert le
meilleur jus chaud de myrtilles. Hmmm !
Sur cette neige gelée, tous les skis ont
une bonne glisse, mais seuls les fartés
ont l’accroche dans les bosses. Mais à
partir du 30ème km, il n’y a
presque plus de bosses. Tous les 5km,
les panneaux jaunes de la course,
signalent les km restant. Que c’est
agréable de voir les nombres s’égrainer
de 5 en 5, à une belle allure.
Pourtant, plus de la moitié des
participants ne seront pas dans les
temps à mi-parcours et doivent se
résoudre à monter dans le bus voiture
balai. D’autres choisissent délibérément
cette option prudente, redoutant une
telle distance. Nous ne serons qu’une
quinzaine à skier l’intégrale. Les 40
derniers kilomètres sont monotones, et
se terminent sous les lignes à haute
tension, avant de descendre sur le lac
de Ranua que l’on contourne par la
droite pour arriver à la porte de
l’hôtel, avec de la lassitude dans les
jambes, mais pas vraiment fatigués, et
surtout heureux d’avoir couru cette
longue distance. La bière et le vin
coulent à flot ce soir.
Le groupe est maintenant de plus en plus
animé est soudé. Nous nous connaissons
presque tous. Il faut dire que tout est
fait pour ça. Nous skions ensemble et
nous entraidons si besoin le long du
parcours et nous retrouvons à certains
ravitaillements, nous partageons les
douches et le sauna, à poil, nous sommes
répartis dans les chambres différemment
chaque soir avec des « colocataires »
différents, nous fartons les skis
ensemble et discutons les choix, nous
dinons, nous étirons, nous relaxons
ensemble. Au cours des jours, des liens
se créent, des amitiés prennent
naissance, certains élaborent déjà des
projets pour le printemps ou l’été
prochain.
·
Heure de
départ : 6h40
·
Longueur
de l’étape : 88 km, même 90 pour moi car
quelques aller retours
·
Dénivelé : 450m
·
Conditions météo et de neige : temps
clair depuis le milieu de nuit. Soleil,
mais reste froid à cause du vent de
sud-ouest. -3° mais plus froid en
ressenti, car le vent d’environ 20N
passe l’après-midi à 30N
·
Qualité
du traçage : tracé de la veille : bon
sur les 20 premiers km qui sont dans une
station, mais ensuite trace très gelée,
vitrifiée, et entourée de traces de
scooters qui labourent parfois la trace
de ski. Dans les descentes, c’est très
dangereux car elle sont très rapides sur
neige gelée, et on ne peut pas faire de
chasse neige en raison des ornières des
scooters.
·
Nombre
de ravitaillements : 6, assez espacés au
début, dont un au 53ème km
pour la soupe chaude, très bonne au
demeurant. Le premier ravito est devant
le chalet du parc national, et c’est la
meilleure soupe de myrtille qu’on ait bu
pour l’instant.
·
Villages : On passe à côté d’un groupe
de maisons, à mi-parcours
·
Beauté
et intérêt des paysages : 20 premiers km
dans les forêts et assez variés, avec
des virages. Puis ensuite, c’est de plus
en plus sur de très longs plateaux,
parfaitement plats et rectilignes, ce
qui devient monotone, surtout pour le
moral.
·
Accueil
des gens : toujours discrets et très
gentils quand on prend le temps
d’essayer de communiquer avec eux. Il
faut du temps pour respecter leur
tempérament très calme.
·
Heure
d’arrivée : 16h30
·
Qualité
de l’hébergement : Bon hotel dans la
banlieue de Ranua, au bout de la piste
du lac.
·
Qualité
de la nourriture : comme d’hab’, bonne,
avec du poulet bien en sauce et de la
viande de renne.
·
Salle de
fartage : petite et en panne
d’électricité ce soir là. On se retrouve
à farter sur les canapés du hall de
réception de l’hotel, ou sur les
tabourets. Ca vaut la photo. Il va y
avoir de la paraffine et du klister
partout. Le patron n’a pas l’air de
s’inquiéter.
·
Internet/Wifi : oui, au restau, comme
dans les chambres ou c’est faible.
L’antenne améliore tout. Dans les 2 cas,
il faut un code, à demander à la
réception.
·
Divers :
comme chaque soir, le sauna est
excellent, très chaud. Il y a aussi la
possibilité de massage.
Mardi 10 mars : 5ème étape
48 km à destination de Ruona school à
Ranua
Heure
de départ : 9h. A quelques centaines de
mètres du départ, nous avons rendez-vous
pour la photo de groupe, tous avec notre
bonnet bleu de la Rajalta.
Ici,
l’american team :
Cette étape de 48km nous parait juste
être une promenade de santé. Nous
partons décontractés, dans la bonne
humeur et les blagues qui fusent, en
groupe, sans se presser. Sur la neige
transformée, le klister universel
accroche parfaitement. Au fur et à
mesure des kilomètres, le pas devient
plus sûr, plus long, plus efficace.
Alors le groupe s’étire naturellement
pour reformer les petits groupes
habituels. Le profil est très plat,
aujourd’hui et ne présente aucune
difficulté. Belle surprise au premier
ravitaillement, au bout de 20km : le feu
nous attend et on peut y cuire des
grosses saucisses, piquées sur une
branche sans que cette dernière ne brule
à la flamme du feu qui nous réchauffe.
Pure
tradition lapone que chaque famille
reproduit pour la sortie du dimanche :
saucisse, moutarde, et jus de myrtille.
Nous avons du mal de nous extraire de
cette belle ambiance, jusqu’à ce que le
froid nous transisse. Le 2ème
et dernier ravito est à plus de 20 km.
C’est là que la neige se met à tomber et
nous surprend. De gros paquets de neige
s’accumulent sous le klister de nos
skis, bloquant irrémédiablement notre
progression. Il faut gratter, regratter,
recouvrir de poussette, qui colle
presque autant. Ca nous gâche un peu le
plaisir de l’après-midi, mais nous
finissons par atteindre notre
hébergement, perdu au milieu de la
foret, au milieu de nulle part. Un gros
bâtiment en bois rouge, proche d’un lac
au bord duquel se trouve un sauna
traditionnel au bois, tout fumant.
L’image est idyllique. Un vrai
hébergement, sauvage et simple, à la
mesure de notre traversée et de l’amitié
qui réunit maintenant les skieurs de
notre groupe. On se réparti dans 3
dortoirs. Il n’y a qu’une douche pour
tous. L’ambiance est détendue et
débridée, comme la tenue vestimentaire
des participants qui se réduit pour
certains au plus simple apparat.
Au sauna, je me sens au bout du monde,
dans la taïga du Yukon, et les récits de
Jack London rejaillissent de ma mémoire.
Dans la salle à manger ou nous venons
nous réchauffer et attaquer un premier
diner vers 17h, une cinquantaine de
bouteilles de bière sont posées sur une
table ainsi qu’un petit panier, ou il
est écrit « 2€ » sur un bout de papier.
Alors, au gré de sa soif, chacun se sert
et met l’argent dans le panier. Ceux qui
n’ont pas de monnaie en font avec
l’argent déjà déposé dans le panier.
C’est une centaine d’euros qui va rester
« à l’air libre » dans ce panier,
jusqu’au petit matin, quand la dame qui
fait le petit déjeuner, va venir la
récupérer. Ca en dit long sur le sens de
l’honnêteté et la confiance qui habitent
ce pays.
Ce soir, la bière coule, le vin se
déguste même si il ne s’agit que d’une
passable piquette. Puis la soirée n’en
finit plus, regroupés autour de quelques
tables, un verre à la main, à rire,
chanter, échanger nos adresses. Nos
discussions n’effleurent même plus le
fartage ni la météo du lendemain.
·
Longueur
de l’étape 48km
·
Conditions météo et de neige Soleil au
départ, mais le ciel devient noir, et la
tempête de neige vient vers midi. La
neige est dure au départ puis 10cm de
poudre collante vers la fin.
·
Qualité
du traçage La trace est de moyenne
qualité. Mais notre geste est
maintenant à l’aise dans ce terrain
·
Nombre
de ravitaillements : 2 c’est-à-dire
très peu. C’est au 32ème km
qu’on nous sert les saucisses grillées
·
Beauté
et intérêt des paysages : monotonie de
la taïga, de bouleaux, ou de petits
pins.
·
Accueil
des gens : parfait dans la gentillesse,
comme ces 4 femmes qui sont venus nous
faire à manger dans l’hébergement, et
qui nous exposent leurs chaussettes
tricotées pour en vendre quelques-unes.
·
Heure
d’arrivée 16h
·
Qualité
de l’hébergement : comme on les aime, à
la dure, dans une vieille école, mais
tout de même confortable et bien
chauffé. Un dortoir a même des sommiers
sous les matelas, et tous ont des
oreillers.
·
Qualité
de la nourriture excellente
·
Salle de
fartage : non, c’est à la bonne
franquette, dans l’entrée,
·
Internet/Wifi : non, évidemment. Mais le
téléphone passe à peu près
·
Divers :
sauna excellent et rudimentaire. Pas de
massage ce soir, ou individuels à la
bonne volonté de chacun.
Mercredi 11 mars : 6ème étape
61 km à destination du camp Honkamaa et
école Kivalo à Keminmaa, tel. +358 (0)16
288 065
Ravis
de la
soirée chaleureuse et amicale, nous
repartons ce matin pour 60km comme si
c’était une distance facile et devenue
banale. Mais tout de même, on s’applique
au fartage, et décidons les skis à
farter avec une base de klister en
bombe, pour un fart VR45. La base de
klister finira par accrocher sur la
neige fraiche. Je suis dans un groupe de
6, puis de 4, toujours avec mes copains
d’Alaska, pour un ski décontracté, avec
discussions et arrêts confortables aux
ravitos, ou l’on prend chaque fois un
quart d’heure à 20 mn.
Aussitôt arrivés à l’hébergement, la
séquence est devenue maintenant
routine : retrouver ses bagages sortis
du bus pour les ranger sur le lit de son
choix, douche et sauna, diner, fartage
de skis, briefing de 20h,
souper, quelques verres d’amitié, avec
en plus une loterie ce soir, et dodo
vers 22h.
·
Heure de
départ : 9h, quand le bus ramenant ceux
qui ont dormi à 15km de là dans l’autre
bâtiment, sera arrivé.
·
Longueur
de l’étape : 61km
·
Conditions météo et de neige : neige
fraiche sur 10cm. Froide car le ciel
s’est découvert à 6hdu matin. La neige
doit être à -6°, sur un fond de trace
dur et transformé.
·
Qualité
du traçage : très bonne et homogène sur
tout le parcours, et chose
exceptionnelle, c’est un single track
fait par un scooter, sur 60km intégral,
en tortillant à travers les bois de la
taïga. Parcours facile car très plat,
avec très peu de dénivelé. Comme depuis
le début de la semaine, on a 80 cm de
neige, dont la sous couche est dure.
·
Nombre
de ravitaillements : 3, dont le premier
avec des saucisses chaudes.
·
Villages : aucun, juste 2 ou 3 maisons
inhabitées sur le parcours
·
Beauté
et intérêt des paysages : traçage
exceptionnel en single track, jamais
ennuyeux. Parcours ludique et varié.
C’est la plus belle étape depuis le
début, en détrônant le 3ème
jour
·
Accueil
des gens : très gentils aux ravitos. Il
faut juste prendre le temps de les
rencontrer et respecter leur rythme
·
Heure
d’arrivée : 16h15
·
Qualité
de l’hébergement : Très bien, dans un
groupe de 4 maisons au milieu de nulle
part dans les arbres. Bâtiment principal
pour les dortoirs, un bâtiment pour le
sauna et les toilettes, un bâtiment pour
la nourriture, et un pour la salle de
fartage
·
Qualité
de la nourriture : Très bien : bon pot
au feu/soupe et snacks fromage
charcuterie comme partout ailleurs
·
Salle de
fartage ; chauffée, mais sans être une
salle de fartage. Pas de forme. On farte
en posant les skis sur les tables
·
Internet/Wifi : non, mais le téléphone
passe bien
·
Divers :
Le sauna, est vieux, mais avec douches
chaudes et vestiaire. Le sauna est très
chaud et peut accueillir 6 ou 7
personnes. On se réparti les tranches
horaires entre filles et garçons, et
ceux qui veulent vont se rouler dans la
neige.
Jeudi 12 mars : 7ème étape
56 km pour le Park Hotel de Tornio
A 7h30, le bus nous emmène une trentaine
de km plus loin, à l’entrée du centre
nordique, ou les pistes sont
parfaitement tracées en classique comme
en skating. Une longue ligne droite de
3km effile le groupe de manière
évidente. L’ordre d’arrivée est déjà en
train de se dessiner. Cette piste bien
préparée va nous guider tout au long de
cette étape qui sera donc facile du
point de vue du traçage, et également du
relief, qui est très modéré, voire plat.
Les ravitaillements sont chaque fois à
l’endroit de barbecue et d’abris, ou les
familles viennent faire cuire la
traditionnelle saucisse le week-end. On
nous sert du jus de fraise chaud, des
raisins secs, des cornichons concombres
et un sandwich le midi pour le
ravitaillement principal qui est vers le
27ème km. En 2ème
partie du parcours, la piste est bordée
de nouveaux petits chalets et abris,
comme pour prolonger ou renforcer cette
tradition de la promenade du dimanche.
Tout le long de la piste, on peut
grimper dans les miradors pour la
chasse. De là, certains aperçoivent des
rennes. Bien qu’assez plat et en longues
lignes droites, cette étape est
intéressante et on peut se donner à
fond, puisque c’est la dernière. La
fatigue des jours précédents ne se fait
sentir, mais les douleurs articulaires
et tendineuses s’accentuent de jours en
jours. Le marquage de la piste est
toujours très bien fait et tous les 5kms
nous voyons le nombre qui décrémente
jusqu’à l’arrivée.
Sous la bannière d’arrivée, « MAALI »,
on est acclamé et applaudi par 5 jeunes
bénévoles, et par les quelques copains
qui sont déjà là. Une série de drapeaux
nationaux sont hissés vers la ligne
d’arrivée.
La ligne franchie, une émotion submerge
la plupart des participants qui se
félicitent les uns les autres en
s’embrassant. Chacun a conscience que
cette belle aventure autant humaine que
sportive, si intense sur une semaine, se
termine là. Je pensais que nous verrions
la mer, ou le fleuve qui s’y jette, mais
non, nous sommes encore en pleine forêt
et sans visibilité spectaculaire. C’est
le bus qui nous conduira à Tornio, ville
frontière avec la Suède et à l’extrémité
nord du golfe de Botnie. A l’arrivée, on
peut se ravitailler et se réchauffer
dans le bâtiment sportif et également
prendre une douche, si on a pris la
précaution de laisser une serviette de
toilette dans le bus, ce matin.
Un diner de fin de l’événement est prêt,
avec remise des médailles, d’un diplôme
et d’un souvenir : un ours brun en
poterie. Je ne pourrai malheureusement
pas participer à ce diner, ni passer la
nuit à l’hotel, ayant prévu mon vol de
retour, d’Oulu à Helsinki trop tôt le
matin (à 7h), alors que notre bus
m’aurait posé à l’aéroport d’Oulu en
continuant ses déposes vers Kuusamo.
Mais il ne fallait pas prévoir un départ
d’Oulu avant 13h. Un bus me transporte
de Tornio à Oulu centre, sur environ
150km, départ à 19h10, arrivée à 21h40,
ou je saute dans le bus ligne 9 pour
20km pour l’aéroport, grâce à la
gentillesse du chauffeur du premier bus,
qui comprend mon problème, et sortant de
son itinéraire, m’emmène à une station
de bus ou passe le 9 que mon chauffeur
bloque en le doublant, pour lui
expliquer que je dois aller à l’aéroport.
·
Heure de
départ : lever à 6h, pour un petit dèj’
à 6h30 et un départ en bus à 7h30 pour
quelques kms
·
Longueur
de l’étape : 56km
·
Dénivelé : 215m
·
Conditions météo et de neige : la nuit
claire et étoilée promet une neige
froide à -8°, mais la fin de nuit est un
peu couverte, ce qui permet à la
température de s’établir vers -4°. Nous
fartons à la poussette VR45 ou au Rode
Multigrade, sur la même base qu’hier. Il
sera nécessaire de refarter au 30ème
km. La fin d’étape verra la neige se
transformer et s’humidifier, limitant la
retenue dans les tronçons ou le soleil
réchauffe le fond de la trace. Mais le
klister n’étant pas bienvenu, nous
pouvons facilement combler ce manque
d’accroche, par une poussée simultanée.
·
Qualité
du traçage : excellente, puisqu’il
s’agit de pistes de stations nordiques,
sur 95% du parcours.
·
Nombre
de ravitaillements : 3 assez espacés.
·
Beauté
et intérêt des paysages : En
s’approchant de la mer, les sapins sont
plus hauts et plus gros, et les bouleaux
plus gros également.
·
Accueil
des gens : idem
·
Heure
d’arrivée : 15h
·
Qualité
de l’hébergement : excellent au Park
Hotel
·
Qualité
de la nourriture : très bonne. Diner de
célébration à table, ou on est servi
·
Salle de
fartage
·
Internet/Wifi : oui, dans la réception
comme dans les chambres, sans antenne
·
Divers :
La station de bus est à 500m à pied de
l’hôtel. Je n’ai donc pas de difficultés
à m’y rendre à pied.
Bilan de cette traversée
Cette
semaine fut pour moi extraordinaire,
tout d’abord par le dépaysement total
que 450km en ski de fond procure, dans
un paysage ou on ne traverse pas un
village et ou on vit au rythme de la
nature de plus en plus à chaque jour.
Puis par la qualité unique du ski de
fond et la longueur des runs parcourus,
à un rythme soutenu qui procure un
plaisir du geste tendant vers la
perfection si on le veut efficace. Puis
enfin par l’ambiance et la connivence du
groupe qui monte au cours de la semaine,
sous l’impulsion de quelques-uns, en
créant des liens forts entre les
participants qui ont vécu cette aventure
sportive et humaine, ces efforts, ce
rythme, cette promiscuité sportive, et
ces joies que l’on peut connaitre
ensemble dans le ski de fond. Je ne peux
que recommander ce parcours, qui est la
plus longue traversée connue dans le
monde, qui se pratique dans le plus pur
style classique dans le pays originel du
ski de fond. C’est donc un must dans la
carrière d’un skieur de fond.
Pour
l’aborder, il faut évidemment une bonne
technique du classique, une forme
physique sportive, et 500 km de
classique en début de saison. Je me suis
préparé cette année en n’utilisant que
mes skis classique et en participant à 3
belles courses classique : la
Trans’Classic (56km), la Gsiertal Lauf
(42km), la Bieg Piastow (51km), ce qui
m’a permis de parcourir cette semaine
finlandaise à vive allure, dans le
plaisir, et sans aucune douleur
physique.
Conseils pratiques
Vivres
de course : Il y a des ravitaillements,
appelés ici les Service Points, mais qui
ne sont parfois éloignés et pas toujours
garnis à nos besoins. Chaque matin, on
emporte de l’hébergement, quelques
snacks (sandwiches jambon fromage,
biscuits, barres pour les 2 premiers
jours). Cela devrait suffire pour
combler un coup de barre. Mais je
conseillerais de compléter en apportant
7 barres pour la semaine. A noter qu’on
ne peut rien acheter sur place car on ne
traverse aucun village et ne voit aucun
magasin. On peut au pire demander au
chauffeur de bus d’aller faire quelques
courses dans un magasin, en lui avançant
l’argent.
Boisson : j’ai laissé ma gourde dans mon
sac de voyage, en buvant 2 ou 3 verres à
chaque ravitaillement, et ça m’a suffi,
mais ceux qui ont besoin d’un apport
d’eau plus important doivent transporter
leur gourde.
Sac à
dos ou banane : J’avais un petit sac à
dos de 20l, du modèle ultratrail
Quechua, qui s’est avéré être un choix
idéal pour transporter un coupe-vent,
une polaire, un bonnet, des lunettes, le
téléphone, un ou deux fart, un liège,
une spatule métallique, les snacks du
jour. Certains avaient juste une banane,
mais un gros modèle, qui ne me parait
pas très ergonomique comparé au sac à
dos, que je ne sentais pas.
Petit
sac à laisser dans le bus : Il est
vraiment utile de laisser le matin dans
le bus, un petit sac de sport avec des
habits de rechange au cas où on serait
trempé à midi. J’y avais entreposé un
t-shirt, polaire, pantalon, slip,
collant, chaussettes, gants, bonnet, un
pain d’épice. Je ne m’en suis finalement
pas servi, mais ça a failli et puis ça
dépend des conditions météo.
Itinéraire et sécurité : Il n’est pas
facile de se perdre car l’itinéraire est
très bien signalé à chaque carrefour
possible. Encore faut-il lever la tête
et rester attentif. En cas d’erreur ou
d’accident ou de grosse défaillance, le
téléphone est indispensable pour
contacter l’organisation. C’est arrivé à
un participants espagnol, le 4ème
jour qui s’est trompé d’itinéraire et
perdu.
Matériel
de fartage : Une gamme de poussettes et
de klisters sont indispensables pour
pouvoir palier à toutes les situations
de neige. J’avais 7 tubes, et 15
poussettes, en favorisant des
multigrades et universels. Les bases en
aérosol sont bien utiles pour éviter le
passage au fer. Un liège, une spatule
efficace pour dégrossir le défartage, et
un défartant liquide ou en pâte. Côté
glisse, il est indispensable de repasser
un glider chaque soir. J’avais pris 3
fart LF : 5, 6, 7, 8 et le fer à farter
qui est indispensable. Compter sur celui
des autres serait aléatoire. La forme de
fartage personnelle est un plus, mais
vraiment pas indispensable.
Les
skis : Un bon conseil : ne vous
contentez pas de votre paire de skis à
farter, mais prenez aussi une paire sans
fart, comme des Fischer Crown à
écailles. Cette semaine, ils m’ont servi
3 jours sur 7 ! Certains avaient aussi
des skis zèro et des nanos. C’était un
plus, mais pas indispensable. Côté
casse, cette semaine, 5 skis ont été
brisés, dans des chutes, ou des chasse
neige impossible à tenir en raison d’une
trace labourée par les scooters, ou dans
les passages de routes enneigées ou le
seuil à passer est parfois de 20 à 30
cm.
Les
bâtons : je n’avais emporté que ma paire
de bâtons habituelle. C’est une erreur.
J’ai vu une vingtaine de bâtons casser
pendant la semaine, et j’ai failli
casser les miens à de nombreuses
occasions : le bâton enfonce souvent de
30 ou 50 cm dans la neige, se coince, et
là sous la flexion, il peut facilement
casser. Et sur 20000 poussées par jour,
il y a bien un moment ou ça peut être
fatal pour le carbone ! Alors si c’était
à refaire je prendrais une paire de
bâtons de secours. Beaucoup de temps
perdu avec les dragonnes longues à
enfiler et ajuster, chaque fois qu’on
manipule son sac, qu’on mange, qu’on
prend une photo, … Equipez vos bâtons de
dragonnes rapides.
Les
chaussures : plutôt que d’en prendre 2
paires, il est plus facile de prendre un
sèche chaussure électrique, que l’on
branche aussitôt arrivé dans sa chambre.
J’avais un modèle juste chauffant, qui
n’a pas suffi à 100% pendant 2 nuits.
Mieux vaut le modèle soufflant. Il y a
des prises dans tous les hébergements,
même en dortoirs.
Prises
électriques : comme dans tous les pays
scandinaves, la prise finlandaise ne
laisse pas rentrer nos prises françaises
avec terre. Il faut donc se munir d’un
adaptateur pour rentrer dans la prise
murale avec une prise 2 fiches. Se munir
également d’une prise multiple utile
dans les dortoirs.
Appareil
photo : si on veut prendre des photos,
il faut que l’appareil soit vite
accessible pour éventuellement prendre
la photo en skiant ou sans retarder ses
partenaires. L’appareil doit donc être
fixé au sac ou à la ceinture pour
dégainer rapidement.
Serviette de toilette et produit
douche : indispensables uniquement pour
les 2 nuits passées en dortoir ou aucun
linge n’est fourni.
Sac de
couchage : en prendre un léger et
compact, ou même le remplacer par un
simple sac à viande, pour les 2 nuits en
dortoirs, qui sont bien chauffés.
Pharmacie : Elastoplaste pour prévenir
des frottements de la chaussure,
pansements et aiguille pour les
ampoules, huile de massage à l’arnica ou
huiles essentielles (Gaultherie) pour
soulager les muscles ou articulations
fatigués. Hypafix à coller sur les joues
et le nez pour prévenir les gelures,
décontractant musculaire, Voltarène.
Matériel de fartage
- Panoplie
de farts de retenue, couvrant toutes les
situations, en poussettes comme en
klister. Préférer les farts universels
et large spectre afin d’en limiter le
nombre.
- Une
base en tube (Skare blue Rode) et une en
poussette (Grun), indispensables pour la
longévité. Les bases en spray sont
pratiques car on n’a pas toujours le
temps et l’espace pour passer la base au
fer à chaud.
- Papier
de verre pour la chambre du ski
- Farts
de glisse indispensables sur ces longues
distances sans galérer. LF8, LF7, HF6.
Un de ces farts m’a été confisqué par
Finnair, dans mon bagage de soute
pourtant cadenassé, sans ma présence.
J’en ai été informé à l’arrivée, par un
imprimé inventoriant les produits
confisqués.
-
Fer à
farter, indispensable, car il ne faudra
pas compter sur ceux des autres, déjà
très occupés
-
Adaptateur de prise de courant au format
scandinave, et prise multiple pour les
salles peu équipées
-
Défartex
ou autre produit de défartage, utilisé
presque chaque jour. La plupart des
nettoyants liquides ont été confisqués
par Finnair, dans les bagages de soutes
pourtant cadenassés, sans qu’on le
sache.
-
La forme
à farter est vraiment superflue. Celui
qui en a, peut emporter les formes étaux
comme ceux d’Holmenkol ou Swix
-
Racloir
plastique
-
Brosse
nylon
-
Spatule
métal pour nettoyer le fart de retenue
-
Chiffons
pour la semelle du fer ou des skis, mais
il y a toujours beaucoup de PQ sur place
Matériel divers
En
dehors des points décrits ci-dessus, et
du matériel et vêtements ski de fond et
rechange pour le soir, voici quelques
renseignements utiles pour le matériel à
emporter.
-
Buff,
protégeant les joues et le menton sous
le bonnet, face au vent
-
Sachets
chaufferettes pour ceux qui ont froid
aux mains ou aux pieds. Mais plusieurs
ont été confisqués par Finnair, dans les
bagages de soutes pourtant cadenassés,
sans qu’on le sache.
-
Surchaussures protégeant du froid
intense
-
Lunettes
jaunes, plus utilisées que les lunettes
de soleil, qui lui reste assez bas
-
Sac
poubelle dans le sac à dos pour protéger
ses vêtements de la pluie
-
Visière
masque, contre la neige et le vent
-
Pantoufles, très utile et agréable pour
le soir dans les hébergements
-
Lampe
frontale pour la chambre à plusieurs et
les dortoirs la nuit
-
Maillot
de bain inutile : prohibé dans les
saunas
-
Argent
liquide : on ne peut pas en retirer sur
le parcours
-
Polyane
pour entourer la chambre du ski et
éviter de coller du klister à la housse
à ski dans les transports
Coût
L’inscription à l’événement est de 950€.
Cela comprend l’ensemble des prestations
(hôtels, nourriture, pistes,
ravitaillements, …), de Oivanki jusqu’à
Tornio ainsi que le bus de retour à
votre aéroport. Les seules dépenses
supplémentaires seront les boissons
alcoolisées, les massages (25€ pour une
séance de 25mn), le fartage par un pro
(25€, avec un résultat non garanti).
Alors si
ce récit vous en donne l’envie,
rendez-vous à la Rajalta Rajalle Hiihto
(vous verrez, au bout d’une semaine, on
arrive à se souvenir du nom !).
Classiquement votre,
Gérard
Mennetrier
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